Alef Modèle A, l’auto volante qui décolle à la verticale
Offerte pour 300 000 $US, les premiers exemplaires pourraient être livrés en 2025
L’Alef Modèle A a beau ressembler à un roadster performant, elle sera assurément beaucoup plus rapide dans les airs que sur terre. Car c’est une auto volante; la seule à pouvoir décoller à la verticale, affirme son constructeur. Mais, c’est aussi un… VBV !
Alef Aeronautics est une jeune entreprise de la Silicon Valley. Lors d’une conférence de presse présentée à l’Université Draper de San Mateo, en Californie, le 19 octobre, elle a diffusé les premières images et quelques données techniques de son étonnante création.
Sa rutilante création est qualifiée d’eVTOL : « e » pour sa motorisation électrique et VTOL pour vertical take-off and landing, l’acronyme anglais désignant les aéronefs à décollage et atterrissage vertical (ADAV).
Le plus étonnant dans ce dévoilement, à mon avis, c’est le fait que personne n’avait entendu parler de cette voiture volante jusque-là. Qui plus est, elle est déjà en vente et les premières livraisons sont prévues pour le dernier trimestre de 2025 !
Alors, si vous rêvez de découvrir le monde à bord d’une voiture volante, comme la fait le docteur Emmett Brown dans la trilogie Retour vers le futur, il vous suffit d’inscrire votre nom dans le carnet de commandes d’Alef, sur internet, et de verser 500 $US. Mais si vous êtes pressé, en déboursant 1 500 $US plutôt que 500, le constructeur placera votre nom au haut de la liste des commandes. Au fait, avais-je précisé que cet aéronef routier est offert pour la coquette somme de 300 000 $US ?
Une conception inusitée
La société Alef Aeronautics a été fondée en 2015 par Constantine Kisly, Jim Dukhovny, Oleg Petrov et Pavel Markin. Avec leur création, ils rêvent d’offrir une solution aux problèmes de congestion routière dans les grandes villes. C’est d’ailleurs la prétention commune de tous les constructeurs qui s’affairent actuellement à mettre au point des autos volantes : AeroMobil, PAL-V, Samson, Klein Vision, Xpeng et les autres.
Bref, depuis 2015, ce quatuor travaille, avec une petite équipe d’ingénieurs, au développement de ce véhicule à quatre moteurs-roues (et donc quatre roues motrices) doté d’une batterie lui permettant de parcourir plus de 320 km au sol ou environ 175 km en vol.
Leur Modèle A a une carrosserie en fibre de carbone mariée à un habitacle vitré à une ou deux places, au choix de l’acheteur. Fixé à la carrosserie par des pivots sur deux axes, cet habitacle en est complètement isolé. Même les portières, qui se soulèvent vers l’avant, n’en font pas partie.
C’est parce que la carrosserie remplace en quelque sorte les ailes d’un avion de conception traditionnelle. La surface supérieure de cette carrosserie légère à structure ouverte cache les huit rotors permettant à l’Alef de décoller à la verticale. Puis, à mesure que l’aéronef s’élève, la carrosserie bascule pour permettre aux rotors de le propulser dans l’air, d’où l’habitacle pivotant conçu pour demeurer continuellement dans une position adéquate pour ses occupants.
Dans un communiqué publié cette semaine, Alef Aeronautics affirme que des prototypes de grandeur nature effectuent des vols d’essai depuis 2019 avec succès. On ajoute que ces tests servent à rassurer les investisseurs ! Les vols d’essai habités, par contre, n’ont pas encore commencé.
L’incontournable compromis
Il faut admettre que le constructeur a été avare d’informations lors de sa conférence de presse. On ignore, par exemple, quel est le poids du Modèle A, quelle est la capacité de sa batterie (combien de kWh) et quel niveau sonore produiront ses huit rotors.
On sait, par contre, qu’il ne sera pas rapide au sol. Pour limiter sa masse de manière radicale et contourner les contraintes en matière de sécurité routière imposées aux constructeurs de véhicules à quatre roues, Alef Aeronautics a choisi de faire de son Modèle A un véhicule à basse vitesse (ou VBV).
Voilà pourquoi sa vitesse de pointe gravitera entre 30 et 40 km/h. On est loin de ce que suggère la silhouette racée imaginée par le designer Hirash Razaghi. À l’emploi de NEVS en Suède, depuis 2019, Razaghi a travaillé auparavant dans les studios de design de certains des plus grands constructeurs de l’industrie, dont JMC et Ford en Chine, Lynk & Co, Infiniti, Lotus, Hyundai et même Bugatti !
Malgré tout, le projet d’Alef a engendré assez d’enthousiasme pour que de nombreux investisseurs s’y attardent, à commencer par Tim Draper. Important investisseur de ce projet, ce milliardaire est le fondateur, entre autres, de la société de capital de risque Draper Fisher Jurvetson, mais aussi de l’Université Draper.
Draper s’intéresse d’ailleurs sans doute bien davantage au Modèle Z dont Alef évoque la commercialisation, et ce dès 2035. Le constructeur prétend que cette voiture volante, qui aura quatre places, aura une autonomie en vol de plus de 320 km, alors qu’elle pourra parcourir près de 650 km au sol. Qui plus est, elle ne coûtera que 35 000 $US ! On ignore cependant s’il s’agira de nouveau d’un VBV !
Photos : Alef Aeronautics