Constructeurs et concessionnaires demandent la fin des mandats relatifs aux véhicules électriques
Vendredi dernier (10 janvier), on a eu droit à une annonce du gouvernement fédéral concernant la suspension des incitatifs à l’achat d’un véhicule électrique, un rabais qui pouvait totaliser 5000 $.
Au début, la nouvelle qui circulait concernait l’arrêt du programme d’ici au 31 mars 2025. Par la suite, on a parlé d’un programme qui serait mis sur pause.
Lundi (13 janvier), volte-face des autorités qui annoncent la fin du programme… immédiatement.
La gestion de tout cela est celle d’amateurs.
On savait que les jours du programme étaient comptés. Un montant avait été alloué et lorsque la somme allait être épuisée, on se doutait que ce serait probablement la fin. Les experts s’entendaient pour affirmer que le printemps de 2025 verrait la suppression du programme.
Mais c’est dans trois mois – pas maintenant. Un peu en prévision de tout cela, et parce que les constructeurs doivent respecter certaines demandes du gouvernement en matière de ventes de véhicules électriques, les concessionnaires ont fait le plein et ont maintenant des stocks de véhicules électriques.
Au Québec, la situation est encore pire, car en raison du fait que les rabais diminuaient à partir de janvier, certains concessionnaires ont rempli leurs cours de modèles pour répondre à la demande. Or, là-bas, on a également annoncé une pause au programme, cette fois à la fin du mois de janvier.
Bref, beaucoup de décisions subites et rapides, certaines improvisées. Le problème, c’est que du côté des constructeurs et des concessionnaires, on n’a rien improvisé. On a plutôt planifié en prévision des règles gouvernementales, des règles qu’on change comme on change de chemise depuis un mois.
La grogne est forte chez les constructeurs et les concessionnaires. D’ailleurs, aujourd’hui, La Corporation des associations des concessionnaires d’automobiles du Canada (CADA), les Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada (GAC) et l’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV) y sont allés d’une déclaration commune qui stipule ceci :
« L’industrie automobile demande la fin des mandats fédéraux pour les véhicules électriques suite à la fin du programme fédéral d’incitation à l’achat de véhicules à zéro émission (iZEV) et à l’échec de la mise en place de l’infrastructure de recharge nécessaire. »
Les signataires de la déclaration sont :
– Tim Reuss, président-directeur général de la Corporation des associations de concessionnaires d’automobiles du Canada.
– David Adams, président et chef de la direction, Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada.
– Brian Kingston, président-directeur général de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules
– Charles Benard, économiste en chef, Corporation des associations de concessionnaires d’automobiles
– Huw Williams, porte-parole national, Corporation des associations de concessionnaires d’automobiles.
Concernant les mandats, voici les objectifs de ventes de véhicules « zéro émission » en pourcentage, par année, comme stipulé par le gouvernement canadien :
- 2026 : 20 %
- 2027 : 23 %
- 2028 : 34 %
- 2029 : 43 %
- 2030 : 60 %
- 2031 : 74 %
- 2032 : 83 %
- 2033 : 94 %
- 2034 : 97 %
- 2035 et au-delà : 100 %
Voici quelques déclarations partagées par les signataires de la demande effectuée au gouvernement canadien concernant la fin des mandats :
« L’annonce d’hier par le gouvernement fédéral de mettre fin à tous les incitatifs pour les véhicules zéro émission (VZE) survient alors que le développement de l’infrastructure publique de recharge ralentit. En raison de ces développements, les cibles de ventes obligatoires de VZE imposées par le gouvernement fédéral deviennent de plus en plus irréalistes et doivent être abandonnées. Forcer les Canadiens à acheter des VZE sans leur offrir les soutiens nécessaires pour passer à l’électrique est un échec de politique publique typiquement canadien. »
– Brian Kingston, président et chef de la direction de l’Association canadienne des fabricants de véhicules.
« Le gouvernement fédéral libéral s’est désengagé du soutien à la transition vers les véhicules électriques, et nous nous retrouvons maintenant avec un plan complètement irréaliste au niveau fédéral. Il y a une hypocrisie flagrante à imposer des mandats ambitieux pour les VZE et des pénalités aux consommateurs, alors que le gouvernement montre un manque évident de motivation et de soutien pour atteindre ses propres objectifs politiques. La fin du programme fédéral d’incitatifs pour l’achat de véhicules électriques, tout en maintenant les mandats sur les véhicules électriques, sera un désastre pour les consommateurs, les concessionnaires, les fabricants et l’économie canadienne. »
– Tim Reuss, président et chef de la direction de l’Association canadienne des concessionnaires d’automobiles.
« Bien que les incitatifs ne soient pas nécessaires indéfiniment, ils doivent rester en place au moins jusqu’à ce qu’une parité des prix soit largement atteinte. Autrement, le principal obstacle à l’adoption des véhicules électriques — le prix — continuera de freiner l’adoption généralisée et mettra les cibles de mandats de VZE du gouvernement de plus en plus en danger. Si le gouvernement oblige les fabricants à mettre des VZE sur le marché et leur impose des pénalités sévères en cas de non-respect, il doit s’assurer de son côté qu’il élimine les principaux obstacles à l’adoption des véhicules électriques — le prix et l’infrastructure. S’il n’est pas prêt à le faire, alors le gouvernement fédéral (ainsi que le Québec et la Colombie-Britannique) doit envisager de réviser ou d’éliminer ses mandats, car les hypothèses fondamentales et les taux d’adoption des VZE sur lesquels les mandats étaient basés ont changé. »
– David Adams, président et chef de la direction, Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada.
Contenu original de auto123.