Les États-Unis abandonnent l’application des normes CAFE : quel impact pour le Canada?
Vers un retour en force des gros moteurs, au détriment des objectifs climatiques

Un récent virage législatif aux États-Unis fait craindre un sérieux recul dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre en Amérique du Nord. Washington a mis fin à l’application active des normes d’efficacité énergétique pour les véhicules, rétroactivement depuis l’année-modèle 2022. Résultat : les constructeurs américains ne seront plus sanctionnés pour avoir vendu des véhicules moins économes en carburant.
Selon la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), aucune pénalité ne sera imposée pour les années-modèles 2022 à 2025. Bien que les règles CAFE (Corporate Average Fuel Economy) restent officiellement en vigueur, leur non-application équivaut à un feu vert pour des motorisations plus gourmandes. Déjà, des géants comme Stellantis ont remis en production leurs moteurs V8 Hemi, suscitant un engouement marqué auprès des amateurs de performance, tandis que la division SRT renaît de ses cendres. Cette volte-face pourrait renverser les gains obtenus ces dernières années grâce à l’adoption de plus petits moteurs turbocompressés, notamment dans les VUS intermédiaires, les camions et les sportives.
Le Canada en terrain glissant
Le Canada, qui harmonise généralement ses normes avec celles des États-Unis, pourrait se retrouver isolé. Sans pression réglementaire au sud de la frontière, les constructeurs risquent de négliger les objectifs canadiens, voire de retirer certains modèles plus verts du marché canadien. « Le Canada représente un petit marché par rapport aux États-Unis. Si ce n’est pas rentable d’y offrir des modèles sobres, ils ne viendront tout simplement pas », avertissent plusieurs analystes.
L’Europe comme solution?
En réaction, des voix s’élèvent pour permettre l’importation directe de véhicules européens, notamment des VÉ, hybrides et hybrides rechargeables non homologués ici. Daniel Breton, président de Mobilité Électrique Canada, insiste : « Si une voiture est jugée sécuritaire pour rouler à 180 km/h en Allemagne, ne venez pas me dire qu’elle est trop risquée pour les routes canadiennes. »
Transport Canada, de son côté, reste frileux. Le ministère souligne que certains tests d’impact européens sont moins rigoureux que ceux en vigueur au Canada, en raison de différences dans l’environnement routier.
Mais l’opinion publique pourrait faire pencher la balance : un sondage récent révèle que 70 % des Canadiens appuient la modification des règles pour autoriser l’arrivée de véhicules européens.
Alors que les États-Unis tournent le dos à la réglementation environnementale, le Canada devra choisir entre suivre le mouvement ou ouvrir sa porte à de nouvelles avenues pour maintenir son virage vers l’électrification.
Avec des renseignements de Transport Canada