Genesis G80 électrique : la voiture qui se conduit comme un VUS
Lorsqu’on vous décrit le comportement d’un VUS, on mentionne souvent, lorsque ce dernier est intéressant, qu’il se conduit comme une voiture. Rarement rencontre-t-on la situation inverse.
C’est pourtant la sensation que j’ai ressentie en passant une semaine au volant de la version électrique de la Genesis G80. Voici quelques impressions sur une voiture électrique certes intéressante, mais qui est beaucoup trop chère… et qui traîne un autre problème inhérent aux véhicules électriques actuels.
Et le mot « beaucoup » est faible.
La cousine de l’autre
Je ne vous apprends rien en vous disant que la Genesis G80 électrique est la cousine de la… Genesis G80. Si l’on voit ailleurs des modèles électriques utiliser le même nom que leur variante à essence, les styles sont souvent bien différents. Ce n’est pas le cas chez Genesis, alors qu’on s’est efforcé, avec les deux modèles électriques actuels qui sont basés sur des déclinaisons à essence (l’autre étant le VUS GV70 électrique), de conserver le style pratiquement intact.
Pour reconnaître la variante électrique avec cette G80, un regard du côté des jantes pourrait suffire, tout comme une analyse de la grille fermée à l’avant (mais qui emprunte le même motif). Le bouclier est aussi légèrement distinct avec le modèle électrique.
Si vous cherchez une voiture électrique qui va passer inaperçue, il est difficile de trouver mieux.
Évidemment, à l’intérieur, on n’y voit que du feu. Seul l’affichage des informations relatives à la performance électrique du véhicule vend la mèche.
La technique
Techniquement, évidemment, c’est le jour et la nuit avec cette configuration électrique qui met à profit une batterie de 87,2 kWh, et qui annonce une autonomie de 454 kilomètres. Bonne nouvelle, avec les conditions idéales rencontrées au mois de septembre, mes recharges se sont soldées par des autonomies affichées variant entre 484 et 515 km.
Des distances atteignables, avec une conduite coulée et pas trop agressive. Même que sur des rangs de campagne, mes résultats étaient 10 % supérieurs à ce qui était affiché (c’est-à-dire moins d’un kilomètre d’autonomie perdue pour un kilomètre parcouru).
L’hiver cependant, mon expérience avec les produits Genesis a été moins reluisante, alors que les pertes sont importantes par temps froid, notamment lors de conduite sur autoroute.
Au volant
Au volant, le confort règne aux commandes de ce modèle. On ne peut rien lui reprocher à ce chapitre, en fait. Là où le bât blesse, c’est que l’on n’a pas trop l’impression de conduire une berline, en raison de deux éléments distincts.
D’abord, un problème avec plusieurs produits Genesis, la position de conduite est élevée. Si vous aimez vous abaisser au maximum pour conduire, vous allez rester sur votre appétit. La chose a également été remarquée au volant du GV70, ainsi que du nouveau GV80 Coupe.
Ça manque d’ajustements.
Puis, combinez à cela le surpoids de cette version tout électrique. La déclinaison à moteur 4-cylindres de la G80 fait osciller la balance à 1865 kg. Le poids de la livrée électrique est de 2289 kg, soit 424 kg additionnels, ou 935 livres.
C’est énorme, et ça se ressent derrière le volant. Une position de conduite élevée et le poids d’un VUS… et ça nous donnent l’impression de conduire un utilitaire. Ce n’est pas ce que l’on recherche à l’achat d’une VOITURE électrique.
La Ioniq 6, chez la maison-mère Hyundai, ne donne pas cette impression. À 1915 kg en configuration à traction, ou 2024 kg avec le rouage intégral (comme la G80 électrique), c’est plus « raisonnable ».
Le prix
L’autre problème avec cette G80 électrique, c’est son prix. Et n’allez pas croire que j’attaque ici le marché de la voiture haut de gamme. Les gens qui recherchent des véhicules dans cette catégorie sont prêts à payer.
Cependant, la G80 électrique est offerte à un prix unique de 105 150 $ au pays, une facture stratosphérique lorsqu’on la compare à celle de la version à essence du modèle. La variante à moteur 4-cylindres est à 70 150 $, celle à mécanique V6, 83 650 $.
On parle de 35 000 $ d’écart. Qu’importe les économies qui seront réalisées à la pompe avec la version électrique (qui n’est pas admissible aux subventions), le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Et Genesis le sait. Lors d’un événement survenu il y a 18 mois, un des dirigeants nous avait confié, à mots couverts, que la compagnie savait très bien que sa proposition était trop chère, mais qu’elle se devait quand même de l’offrir, pour des raisons évidentes reliées aux règles environnementales.
Conclusion
Complète en matière d’équipement, et offrant une autonomie électrique attrayante, en plus d’une douceur de roulement appréciable, la Genesis G80 électrique n’est pas inintéressante.
Dans la catégorie des berlines de luxe électriques, j’irais cependant me chercher une BMW i5 bien avant (10 000 $ à 20 000 $ de moins), et même une BMW i4. Bien que plus compacte, cette dernière est offerte sous la barre des 60 000 $ en configuration de base, un prix environ 40 % inférieur à celui de la G80 électrique.
Bref, magasinez prudemment.