GMC Hummer EV
Faire du bruit en silence
Peu de marques de voiture ont eu autant de publicité que Hummer. Cet utilitaire à la carrière militaire a connu son heure de gloire durant la guerre du Golfe. Une première version civile est arrivée en 1992. GM a racheté la marque Hummer d’AM General en 1998 pour produire des modèles H2 et H3. En 2008, GM annonce la fermeture des usines et tente sans succès de vendre Hummer à une compagnie de travaux publics chinoise. Hummer disparaît en 2010. Douze ans plus tard, le nom revient chez GMC et redevient le centre d’attraction, mais tout en silence. Voici, le nouveau Hummer EV 100 % électrique.
Toujours aussi gros
Avec 5,5 mètres de long, 2,2 mètres de large et 2 mètres de haut, l’espace ne pose pas de problème. Certains amateurs de camionnettes trouveront sans doute la boîte à l’arrière un peu courte. Pour comparer avec des modèles connus, disons que le GMC Sierra a un peu plus de place pour bouger à l’avant, alors que le Hummer EV bénéficie d’un peu plus d’espace pour les jambes à l’arrière. Vous avez aussi pour le modèle Edition1 quatre panneaux amovibles de toit qui font du véhicule un modèle décapotable surtout pratique pour la Floride, la Californie ou l’Arizona. Nous craignons que ces panneaux gèlent chez nous l’hiver. Ils s’enlèvent en un tour de main et se logent dans des étuis spécialement prévus à cet effet dans le coffre à l’avant. Conduire sans toit ajoute une grande impression d’espace.
La camionnette en premier
La version 2.0 du Hummer va d’abord arriver sous forme d’un «pick-up» en version Edition1 cet automne. Aucun prix n’a encore été confirmé pour le Canada. Nous savons toutefois qu’il coûtera 110 000 $ US et plus de 65 000 personnes ont déjà réservé leurs modèles. Le mot imposant commence à peine à décrire cette bête. Le poids de 4 082 kilos fait déjà réfléchir. L’ensemble de batteries à lui seul fait 1 326 kilos. C’est comme si vous mettiez une Corolla sous le plancher d’un Suburban. La puissance est de 1000 chevaux avec plus de 1250 lb-pi de couple au moteur. Il est doté de panneaux de toit amovibles, d’une suspension pneumatique réglable et d’une fonction de direction à quatre roues qui lui permet de se déplacer en « crabe », (nous y reviendrons tantôt). Une version VUS va suivre au début de 2023. GMC a choisi cette imposante camionnette comme premier modèle pour ne pas laisser le champ libre à Ford avec son F-150 Lightning, Rivian ou encore Tesla avec le Cybertruck.
18 caméras sur et sous le véhicule
GM inclut de série son système de conduite semi-autonome Super Cruise. Vous avez aussi la majorité des fonctions qui se retrouvent sur les modèles haut de gamme comme l’assistance au maintien dans la voie et la surveillance des angles morts. Vous avez aussi le freinage d’urgence automatisé de série avec détection des piétons, l’avertisseur de sortie de voie avec assistance au maintien dans la voie, le régulateur de vitesse adaptatif avec mode de conduite semi-autonome. On compte aussi, pas moins de 18 caméras partout sur et sous le véhicule qui donnent un angle de vue tout autour du véhicule. Très pratique lorsque vous faites de hors-route pour voir venir des obstacles devant vous ou voir des roches sous le véhicule. Il y a même des buses de lavage pour nettoyer les caméras qui se remplissent de poussière. Vous retrouvez dans la cabine un écran de 13,4 pouces qui sert d’écran d’infodivertissement, et il y a également un tableau de bord numérique de 12,3 pouces. GMC a fait appel à Epic Games, le créateur du très populaire jeu vidéo Fortnite, pour créer les graphiques de l’interface d’infodivertissement. Une foule de fonctions de connectivité sont de série, notamment la fonction Apple CarPlay/Android Auto, une zone internet et le système télématique OnStar de GM.
Facile à conduire
Il ne faut pas se fier au format intimidant du Hummer EV. Une fois derrière le volant, il est beaucoup plus maniable et petit à conduire que son format ne le suggère. GMC a trouvé un truc génial : les 4 roues directrices. À basse vitesse, ce système permet aux roues arrière et aux roues avant de braquer. Le mouvement va de 1 tour de roue à l’avant à un maximum de 1,2 tour à l’arrière permettant des mouvements en diagonales et de côté qui permet un trayon de braquage qui est l’équivalent d’une Chevrolet Sonic. Vous avez aussi le mode «Crabwalk» qui permet un déplacement latéral du véhicule, tout à fait génial. Parmi les options, le mode d’extraction qui se sert de la suspension pneumatique de série pour relever la hauteur de la suspension d’environ 6 pouces (149 mm) par-dessus la hauteur maximale régulière pour aider le HUMMER EV à négocier des situations tout-terrain extrêmes telles que le franchissement de rochers ou le passage à gué.
Grimper à bord
Il faut inscrire la suspension pneumatique dans la liste des belles réalisations. Il faut aussi parler des sièges qui sont certes assez fermes tout en offrant un bon support. Dans la colonne des moins, les personnes plus petites trouveront l’accès à bord difficile. Le marchepied devient une nécessité tout comme la poignée à l’intérieur pour s’aider à glisser dans l’habitacle. Les panneaux de toit sont peut-être bien beaux, mais ils sont bruyants dès que vous dépassez les 90 km/h et les pneus de 35 pouces font sentir leurs présences dans l’habitacle de manière un peu trop sonore. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de moteur à essence pour enterrer les bruits de vents. L’espace pour les passagers est tout à fait respectable, tout comme les rangements de toutes sortes très nombreux.
Capacité hors route géniale
Nous avons passé la moitié de notre journée d’essai en mode hors route et les roues directrices sont proprement stupéfiantes. C’est comme si le format du Hummer diminuait de moitié. Vous arrivez à vous faufiler dans des sentiers étroits avec un véhicule imposant. Le silence à bord est aussi un atout. Il ne faut pas oublier la suspension pneumatique qui s’adapte à tous les modes de conduite. Elle se baisse de 50 mm lorsque vous faites de l’autoroute et offre pas moins de trois hauteurs de croisière en mode tout terrain en plus d’un mode d’extraction en option (qui grimpe la garde au sol à 16 pouces au total) pour vous sortir des plus mauvaises situations. La position de conduite haute favorise une excellente vision périphérique et les 18 caméras en mode hors route permettent d’avoir des yeux partout sur la route y compris de voir des obstacles sous le véhicule et par-dessus les cols aveugles.
1000 chevaux sous le pied droit
Difficile de rester de glace avec 1 000 chevaux sous le pied droit. Il y aura des configurations de Hummer moins puissante dans les futures éditions. Pour l’Edition1, Hummer a tout mis. Vous avez 24 cellules superposées sur deux étages de 12 qui composent la plateforme du véhicule. La poussée à l’arrêt décoiffe à chaque fois. Grâce au mode Watts to Freedom qui libère toute la puissance disponible, vous arriver à déplacer les 9 000 livres de cette bête à 100 km/h en trois secondes à peine. Il est de prime abord difficile à croire qu’un si gros véhicule soit aussi puissant et maniable. Le Hummer EV Edition1 dispose de trois moteurs électriques, un à l’avant et deux à l’arrière, 333 chevaux à l’avant, et 666 chevaux à l’arrière pour environ 1 000 chevaux. La recharge est à la fois simple et compliquée. Il est possible de recharger sur des bornes de 350 kW. La batterie qui fonctionne sur 400 V (en deux étages) se divise en deux groupes fonctionnant en parallèle. Mais, pour la charge, ils peuvent passer en série, portant alors le voltage à 800 V. On peut alors récupérer jusqu’à 160 km d’autonomie en restant branché 12 minutes. En 400 V, passer de 30 à 90 % prendrait 45 minutes, laissant alors imaginer une puissance de charge d’au moins 150 kW. Sur une prise de niveau 2 (240-60) GMC annonce une vitesse de charge de 25,75 km à l’heure ou 16 km à l’heure sur une prise 240-40. Si vous n’avez pas de prise à la maison et êtes avec du 110 volts, GM a estimé qu’il vous faudra huit jours et 6 heures pour recharger votre Hummer.
Il bouffe des électrons
Tout comme le Hummer à essence qui consommait de manière honteuse, la consommation d’électrons n’en guère plus reluisante avec le modèle électrique. Les estimations de l’EPA sont de 44,6 kWh/100 km de moyenne dont 41,1 kWh/100 km en ville et… 48,7 kWh/100 km sur autoroute ! Les modèles comme le Hyundai Ioniq consomment pratiquement moitié moins d’énergie. Pas surprenant donc que vous ayez besoin d’une pile de 246,8 kWh (212,7 utilisables) pour réussir à parcourir les 530 km annoncés. Le modèles EQS de Mercedes offre une autonomie semblable avec une pile de 107 kWh.
Est-ce nécessaire ?
Il faut sérieusement se poser la question de la pertinence d’un tel véhicule sur la route. Son prix est inaccessible pour la majorité des acheteurs. Ceux qui vont en faire l’acquisition possèdent déjà trois ou autres véhicules et vont surtout montrer au voisinage qu’ils ont le plus gros véhicule du coin et qu’il ne pollue pas. Ses prouesses hors route sont remarquables, mais personne ne va réellement aller salir ce VUS dans des sentiers infranchissables. Et pourtant, GMC va vendre tout ce qui sera fabriqué. Bienvenue aux États-Unis.
Conclusion
Le Hummer EV est la plus belle preuve de l’appétit de la démesure des Américains. Il n’a finalement rien changé à sa philosophie de m’as-tu-vu. Il fait encore et toujours beaucoup de bruit… mais en silence.
Forces
Disposition hors route exceptionnelle
Habitable vaste
Graphisme très clair
Conduite facile pour un si gros camion
Faiblesses
Un poids d’éléphant
Un encombrement gênant
Une forte consommation d’électrons