La Silver Fox d’OSI sort de son terrier pour faire une apparition à Villa d’Este
Une rare apparition au concours d’élégance de Villa d’Este.
La Silver Fox d’OSI montre à quel point les concepteurs d’une automobile de compétition peuvent sortir des sentiers battus pour tenter d’atteindre leurs objectifs. Cette curieuse voiture biplace a fait une rare apparition au prestigieux concours d’élégance de la Villa d’Este qui surplombe le lac de Côme, en Italie, la fin de semaine dernière. Elle a même remporté l’Auto Trophy & Design, le prix décerné par le jury pour le design le plus excitant.
Cette curieuse voiture a suscité beaucoup d’intérêt lors de ce concours d’élégance, tout autant qu’en 1967, lorsqu’elle a été dévoilée au Salon de l’auto de Turin. Sa conception hors du commun est issue de l’Officine Stampaggi Industriali S.p.A. (OSI), un carrossier turinois qui a eu une existence de courte durée (1960-1967). La Silver Fox a d’ailleurs été la dernière réalisation majeure de cette entreprise.
Les formes radicales et futuristes de cette voiture ont été inspirées d’un concept que mûrissait Piero Taruffi (1906-1988), un pilote qui a excellé dans la course automobile du début des années 30 à la fin des années 50.
Début 1966, il expose ses idées aux concepteurs d’OSI, que dirige l’ingénieur et designer italien Sergio Sartorelli. Taruffi a même trouvé un nom pour cette voiture : Silver Fox (Renard argenté), son propre surnom ! Ce champion à la chevelure grise, qui a été le dernier pilote à remporter les Mille Miglia, en 1957, était connu pour être rusé au volant.
Il croyait que le design inhabituel de la Silver Fox lui permettrait de renouer avec la victoire sur les circuits. Pour ce faire, Taruffi avait imaginé une carrosserie composée de deux cellules élancées parallèles reliées par trois structures aérodynamiques en forme d’aile; une architecture rappelant celle d’un catamaran.
Ces trois ailes aérodynamiques, qui devaient améliorer l’appui et la stabilité à haute vitesse, donnaient une allure hors du commun à la voiture. L’aileron avant ne pouvait être réglé qu’à la main, lorsque la voiture était à l’arrêt. Par contre, la position du grand aileron central pouvait être ajustée par le pilote en roulant, pour en tirer l’effet voulu au moment opportun, le but étant d’adapter le profil aérodynamique à la vitesse et au style de conduite. Derrière, enfin, un troisième aileron, fixe, complétait le design.
La Silver Fox était animée par un 4-cylindres de 1,0 L du constructeur dieppois Alpine, d’où l’écusson de la marque qui ornait les flancs de la carrosserie. Compact et puissant, ce moteur était monté en position oblique derrière le siège du conducteur et, malgré sa faible cylindrée, le poids réduit de cette voiture et ses qualités aérodynamiques devaient lui permettre d’atteindre une vitesse de pointe supérieure à 170 km/h.
Initialement, la Silver Fox devait participer à des compétitions de Groupe B6, une catégorie créée par la FIA en 1966 pour des Prototypes-Sports et des voitures biplaces. On espérait même l’inscrire aux 24 Heures du Mans de 1968, en plus de l’utiliser pour tenter d’établir de nouveaux records de vitesse pure. Mais, la faillite de la société OSI à la fin de 1967 allait reléguer tous ces projets aux oubliettes.
Les rêves entourant ce « catamaran de la route » tombèrent dans l’oubli, jusqu’à ce que le collectionneur français Paul-Emile Bessade en fasse l’acquisition. Le prototype était alors dépourvu de son moteur et de sa boîte de vitesses, mais les plans originaux d’OSI faisaient partie du lot. Pendant dix ans, Bessade a en quelque sorte poursuivi son développement en restant fidèle au design d’origine, jusqu’à ce que tous les systèmes, y compris ses éléments aérodynamiques, soient pleinement opérationnels, comme prévu initialement.
Photos : BMW Classic