Le marché canadien des VÉ subira les contrecoups de la fin du crédit d’impôt américain

Un effet domino nord-américain
La décision de Washington de mettre fin au crédit d’impôt de 7500 $ US à l’achat d’un véhicule électrique admissible aura des conséquences qui se feront sentir jusqu’au Canada. Plusieurs analystes estiment que le ralentissement du soutien gouvernemental américain amènera les fabricants à revoir leurs plans pour l’Amérique du Nord, au détriment d’un marché canadien jugé trop petit pour justifier une certification propre.
Le Canada, trop petit pour justifier l’effort ?
« Ça coûte extrêmement cher de certifier un véhicule selon les normes nord-américaines. Si le modèle ne se vend pas aux États-Unis, il est difficile de justifier l’investissement juste pour le Canada », affirme Andrew King, associé principal chez le consultant automobile DesRosiers (DesRosiers Automotive Consultants.) Certains constructeurs étrangers pourraient ainsi renoncer à offrir certains modèles électriques au Canada, jugeant le retour sur investissement trop incertain en l’absence du marché américain.
La fin officielle du crédit américain
Le crédit d’impôt mis en place sous l’administration Biden disparaîtra le 30 septembre 2025, conformément au budget de 4,7 billions $ CA (3,4 billions $ US) adopté dans le cadre de la loi One Big Beautiful Bill Act, promulguée le 4 juillet par le président Donald Trump. Cela laisse moins de trois mois aux concessionnaires américains pour écouler leurs stocks. Déjà, des géants comme Ford, GM, Honda, Nissan et Stellantis ont annoncé des retards, voire des annulations, dans leurs projets véhicules électriques nord-américains.
Moins de véhicules électriques, plus d’hybrides ?
Selon Sam Fiorani, vice-président d’AutoForecast Solutions, la disparition du crédit d’impôt pousse les constructeurs à rendre leurs usines plus flexibles, capables de produire aussi bien des modèles électriques qu’hybride et à moteur thermique. Il prédit que la part de marché américain des véhicules électriques va varier entre 10 % et les 20 % déjà anticipé. Au cours des cinq prochaines années, le Canada fait légèrement mieux, mais ce n’est pas assez pour inverser la tendance.
Les incitatifs canadiens aussi à sec
Depuis le 12 janvier 2025, le programme fédéral canadien d’incitatifs pour véhicules zéro émission (iVZE) est suspendu, faute de fonds. Ottawa a promis un retour du programme, mais aucune date n’a été annoncée.
Sans soutien fédéral et avec un marché déjà réduit, les ventes de véhicules électriques au Canada sont en chute : 40 000 véhicules ont été enregistrés au premier trimestre de 2025, contre une moyenne trimestrielle de 70 000 en 2024, selon Statistique Canada.
Une solution européenne… pas simple
Pour compenser, plusieurs groupes, dont l’Association des concessionnaires d’automobiles du Canada et Mobilité électrique Canada, suggèrent qu’Ottawa dissocie ses normes de sécurité de celles des États-Unis, afin d’importer des modèles d’Europe, souvent plus abordables. Transports Canada reste prudent. Des différences importantes dans l’infrastructure routière, les vitesses maximales et la taille des véhicules rendent une telle transition complexe et lente à mettre en œuvre.
Un avenir à redéfinir
En résumé, la fin des rabais américains, combinée à l’incertitude canadienne, met le marché nord-américain des véhicules électriques au ralenti. Si Ottawa ne réagit pas rapidement, les consommateurs canadiens pourraient se retrouver avec moins de choix et des prix à la hausse.
Contenu original de auto123.