Maserati Levante Trofeo
Lourd héritage
La simple mention du mot Maserati est synonyme de mythe automobile. La firme italienne fondée par les frères Maserati en 1914 est devenue célèbre à travers des modèles mythiques et sa domination sur les circuits. Mais son histoire très chaotique est passée entre les mains de plusieurs propriétaires et la gloire du passé a mal traversé les décennies. Aujourd’hui sous la juridiction du groupe FCA, Maserati doit, comme tout le monde passé par les VUS pour assurer sa survie et le fleuron se nomme Levante Trofeo.
Origine noble
Alors que les modèles de base offrent un moteur V6 biturbo, les versions GTS et Trofeo offrent une mécanique V8 préparée par Ferrari à Maranello une friandise difficile à refuser. Avec 590 chevaux émanant d’un V8 de 3,8 litres biturbo, la symphonie musicale de la version Trofeo est irrésistible et c’est là sans doute un des attraits les plus intéressants de ce modèle. Sachez toutefois que cette collaboration tire à sa fin. Ferrari a annoncé qu’elle va cesser de fournir des mécaniques à Maserati en 2022.
Un drôle de mélange
Avec une mécanique digne d’une super voiture vient aussi un prix tout aussi exotique. Il faut savoir que le Levante Trofeo est 170 000$, une petite fortune et à ce prix il faut s’attendre à beaucoup et ce n’est pas vraiment ce que vous obtenez. Sachez que les cuirs rouges qui couvrent tout l’intérieur du véhicule sont superbes, mais il y a ça et là quelques plastiques bon marché qui proviennent de FCA tout comme le système d’infodivertissement qui est simple et efficace, mais qui se retrouve aussi dans un Dodge Journey. Il est aussi à noter que d’un point de vue technologie, le Levante est à la traîne face à ses concurrents surtout si on le compare à des produits allemands. En fait, le Levante se retrouve dans une espèce de no man’s land dans la catégorie des VUS Sport. Sa puissance est impressionnante, mais pas aussi brutale qu’un modèle 63 AMG de Mercedes ou M de BMW en raison de son poids très élevé. Il traîne aussi de la patte pour tous ce qui est de l’assistance électronique à la conduite qui donne des airs de ballerine aux tanks allemands. Il est rapide en ligne droite, mais manque d’assurance si l’envie vous prend d’attaquer une courbe avec un peu plus de conviction. Il n’y a pas de freins en carbone céramique et 30 minutes de conduite soutenue ont été suffisantes pour diminuer sensiblement l’efficacité des freins qui travaillent fort pour ralentie la carcasse de 2 175 kilos. Le mot Trofeo qui se traduit littéralement par trophée décrit très bien ce modèle qui est beaucoup plus un véhicule que vous allez exposer et exhiber.
Gracieux avant d’être dangereux
Le Levante entre dans la catégorie des modèles comme le Land Rover Range Rover Sport SVR, le Grand Cherokee Trackhawk ou encore le Bentley Bentayga Speed. Il s’agit d’un d’un VUS GT qui sont certes rapides, mais sans avoir de réelles prétentions sportives. Il faut limiter ses élans de performances à la ligne droite. Au quotidien, le Levante est très agréable à conduire, mais on sent le manque d’intégralité de la caisse qui laisse émané quelques craquements à gauche et à droite, la direction n’est pas aussi précise que la concurrence allemande, la suspension offre un bon débattement qui rend la conduite confortable même avec les pneus de 21 pouces. La direction manque un peu de précision et nous avons noté un certain roulis en courbe, un indice du manque d’intégralité du châssis. Toutefois en sortant d’une courbe en mode sport ou même Corse, vous avez droit à un déchaînement de puissance qui remplit les oreilles de bonheur. Dans les modes les plus performants, un clapet électronique ouvre l’échappement et laisse le moteur s’exprimer dans une symphonie qui donne presque la larme à l’œil. Les Italiens ont le chic pour produire une musicalité mécanique unique. La boîte automatique à huit rapports conçue par ZF passe les vitesses aussi rapidement et en douceur que n’importe quelle boîte concurrente, et Maserati l’a programmée correctement. C’est tellement bien qu’on n’a jamais besoin de toucher les belles et grandes palettes de changement de vitesse, qui dérange un peu l’utilisation des essuie-glaces qui se trouve derrière la palette de gauche. Le mode sport est celui que nous vous recommandons par défaut et si l’envie vous prend d’attaquer une petite route, le mode Corsa devient encore plus intéressant.
On s’attend à un peu plus pour 170 000 $
Outre les cuirs attrayants, l’habitacle du Levante Trofeo n’a rien de spécial considérant le prix demandé. Toutes les garnitures en fibre de carbone du monde ne peuvent pas camoufler les éléments provenant de chez Dodge, qu’il s’agisse de boutons, d’interrupteurs, de cadrans, d’écrans ou de logiciels. Nous pouvons laisser passer le logiciel parce que le système Uconnect est un des meilleurs de l’industrie, mais le reste n’est pas à la hauteur, et le tout est disposé dans une conception vieillotte à des années-lumière des approches numériques de la concurrence. C’est comme on faisait il y a 20 ans. Les sièges sont confortables, mais n’offrent pas de soutien. On ne peut pas se permettre de mander un prix de 170 000 $ et ne pas offrir un produit aussi bon qu’un Porsche Cayenne Turbo ou un Mercedes GLE 63 AMG. Le moteur est certes magique, mais pas à 170 000 $. IL faudra que Maserati trouve le moyen de ramener le prix à la baisse et de rendre le modèle plus attrayant pour espérer trouver preneurs. Sinon, la fin est proche.
Forces
Mécanique d’exception
Roulement confortable
Cuir de qualité
Faiblesses
Roulis important
Prix trop élevé
Le jupon de FCA qui dépasse un peu trop