Nash Ambassador 1954
Palace roulant
Ceux qui rêvent d’acquérir un jour une voiture américaine du début des années 50 ont dans leur mire une Cadillac, une Lincoln, ou encore une belle Chrysler. Depuis quelques années, vous pouvez ajouter la Hudson Hornet à cette liste, une bête qui jouit depuis la sortie du film Cars, en 2005, d’une grandissante popularité.
Moins nombreux sont ceux qui songent à l’idée de négocier pour un produit Nash. Pourtant, l’entreprise fondée par Charles W. Nash en 1917 produisait quelques bijoux au tournant du demi-siècle.
L’un de ces derniers est sans contredit l’Ambassador, un modèle qui brisait à l’époque toute convention.
L’entreprise d’un passionné
Nash, le fabricant automobile, est moins connu du grand public. Pourtant, l’homme derrière le nom était un vrai passionné. Grand patron de la General Motors de 1912 à 1916, il s’est lui-même lancé dans l’aventure automobile en faisant l’acquisition de la compagnie Thomas B. Jeffery, une entreprise spécialisée dans la fabrication de bicyclettes et d’automobiles depuis 1897.
Dès 1917, Nash vend des voitures portant son nom. Tout au long de son existence, il se bat contre les trois grands constructeurs américains que sont Ford, GM et Chrysler. Si la bataille qu’il livre est féroce et couronnée d’un certain succès avant le début des années 50, les choses changent au cours de la première grande décennie d’après-guerre. Les trois grands imposent leurs lois sur le marché et les petites entreprises comme la Nash Motors doivent une à une plier bagage.
Ce ne sera toutefois pas avant de laisser une marque indélébile sur l’histoire de l’automobile.
La série Airflyte
Le modèle Ambassador voit le jour en 1949 et fait partie du paysage automobile jusqu’en 1957. Joueur majeur dans la lignée des modèles Airlfyte chez Nash, le produit porte, à compter de 1952, la griffe de la célèbre firme de design italienne Pininfarina. Voilà pourquoi, à première vue, on ne se croit pas en présence d’une voiture typiquement américaine aux côtés de cette Nash.
Du moins, le doute persiste-t-il quant à ses origines.
Quant à la série Airflyte, comme son nom l’indique, elle mettait l’aérodynamisme à l’avant-scène, et ce, bien avant l’arrivée des tunnels de soufflerie dans l’équation automobile. Packard, Hudson et Lincoln offraient aussi ce genre d’approche stylistique, mais la note était poussée plus loin chez Nash.
À preuve un parebrise courbé fait d’une seule pièce, chose inusitée pour l’époque, ainsi que l’encastrement des roues, tant à l’arrière qu’à l’avant. Ajoutez à cela le style « hayon » des premières versions et vous aviez là un véhicule présentant un coefficient de traînée de loin inférieur à celui de ses concurrents.
En avance sur son temps
Le modèle Ambassador sera légèrement révisé en 1952, mais qu’importe, il profite toujours des mêmes avancées que lors de son introduction lorsqu’arrive le millésime 1954. Il demeure dans le coup, malgré ses six années sur le marché. Fort d’une structure monocoque, il se montre bien en avance sur son temps.
Du moins, il était clair que Nash savait faire les choses autrement et n’avait pas peur d’oser. Voilà qui est des plus rafraîchissant lorsqu’on prend le temps de découvrir l’un de leur modèle aujourd’hui.
Les innovations introduites par la compagnie dès 1949 faisaient de cette voiture une bibitte unique.
Prenez la présentation intérieure, par exemple. La planche de bord proposait un design unique caractérisé par le regroupement des cadrans à l’intérieur d’une unité centralisée. Toujours à même ce tableau de bord, un tiroir spécifiquement destiné à madame lui permettait de ranger ses accessoires de beautés d’une façon très originale. Des filets situés au-dessus du parebrise permettaient le rangement d’accessoires tels des lunettes et des cartes routières.
Mais, la chose qui étonne de l’habitacle de cette Nash, c’est sa capacité à se transformer en motel 3 étoiles. En effet, suffit de quelques tournemains pour placer les banquettes de façon à former un lit pouvant accueillir trois personnes. Surpris ? Ce n’est rien. Des rideaux latéraux étaient aussi proposés en option, question de s’assurer une intimité totale.
Inutile de vous dire que la Nash avait la cote auprès des jeunes lorsque venait le temps d’emprunter la voiture du paternel pour une petite soirée au ciné-parc. En revanche, l’habitacle ultra fonctionnel de l’Ambassador causait des maux de tête aux parents plus protecteurs.
Conclusion
Malgré son allure incroyable, sa qualité de construction et ses nombreuses innovations, la Nash Ambassador demeure une voiture abordable dans l’univers de la voiture ancienne.
Tout collectionneur souhaitant faire l’achat d’un modèle unique appelé à prendre de la valeur devrait jeter un coup d’œil sur les créations de ce grand constructeur qui était trop petit pour faire la lutte… aux plus grands.
Fiche technique
Marque : Nash
Modèle : Ambassador Country Club
Année : 1954
Production : 3581 modèles identiques à celui montré sur les 21 428.
Prix : 2735 $
Moteur : 6 cylindres en ligne de 252 pouces cubes
Puissance : 130 chevaux @ 3700 tr/min
Couple : 220 livres-pieds @ 1600 tr/min
Transmission : automatique à quatre rapports (Hydra-Matic de GM)
Poids : 3120 livres
Modèles similaires en 1954 : DeSoto Firedome, Ford Crestline, Kaiser Manhatttan, Hudson Hornet, Oldsmobile Super 88, Packard Clipper