Un nouveau « pacte de l’auto » proposé pour protéger la production canadienne face aux tarifs américains

Alors que les tarifs de 25 % imposés par Washington sur les véhicules assemblés au Canada menacent l’avenir du secteur automobile national, un rapport de l’institut C.D. Howe recommande une riposte structurée : négocier un nouveau pacte de l’auto avec les États-Unis et le Mexique, inspiré de l’accord de 1965, pour lier les importations sans tarif à des exigences minimales de production locale.
Retour aux sources : le modèle du pacte de 1965
L’idée n’est pas nouvelle, mais elle revient en force. Le Pacte de l’automobile de 1965, entre le Canada et les États-Unis, avait permis aux constructeurs — à l’époque les Trois de Detroit — d’opérer dans un marché intégré à condition de maintenir des volumes de production significatifs au pays. Supprimé en 2001 à la suite d’un jugement de l’OMC, cet accord pourrait bien renaître sous une forme modernisée.
L’auteur du rapport, Stephen Beatty, ancien haut dirigeant chez Toyota Canada, estime qu’en cas d’échec des négociations avec Trump, le Canada devrait mettre en place une surtaxe sur les véhicules légers en provenance des États-Unis.
Un système d’incitatifs lié à la production locale
Le cœur de la proposition est simple : les constructeurs qui maintiennent une base de production au Canada bénéficieraient de crédits d’importation équivalents à leur production locale. Par exemple, une entreprise produisant 100 véhicules au Canada pourrait en importer 100 des États-Unis ou du Mexique, sans surtaxe.
Une telle mesure inciterait les trois pays à revoir les dispositions automobiles de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM/USMCA) lors de sa renégociation. L’objectif? Réinstaurer des tarifs permanents sur le commerce automobile, mais avec une flexibilité ciblée pour les manufacturiers qui s’engagent localement.
Préserver les emplois et l’investissement local
Pour Beatty, cette approche est cruciale afin de freiner la délocalisation vers le sud : « Le Canada doit utiliser cette fenêtre d’opportunité pour présenter un plan concret et reprendre l’initiative. On ne peut pas laisser l’avenir d’un secteur aussi vital dépendre de cycles tarifaires destructeurs. »
Le gouvernement Carney espère encore une entente avec Washington pour préserver un commerce largement exempt de droits. Mais selon le rapport, un plan B s’impose, car les menaces de tarifs incitent de plus en plus d’entreprises à abandonner leurs installations canadiennes.
Une certaine accalmie pour les pièces automobiles
Soulagement partiel : les douanes américaines ont récemment confirmé que les pièces conformes à l’ACEUM ne seront pas frappées par les nouveaux tarifs de Trump. Une décision qui épargne, pour l’instant, une partie de la chaîne d’approvisionnement, mais qui ne règle en rien la situation des véhicules assemblés.
Avec des renseignements d’Automotive News