Polestar cible la profitabilité en 2025 et le Canada va continuer d’y contribuer
Les changements entourant les incitatifs gouvernementaux n’inquiètent pas Hughes Bissonnette, le patron de la marque au Canada : « Les marchés canadiens et américains sont très importants pour la marque à l’échelle globale. On est là pour rester. »
Polestar a dévoilé aujourd’hui un trio de voitures-concepts qui en dit long sur cette marque à plus d’un égard. Ces Polestar 2, 3 et 4 qui partagent l’appellation « Arctic Circle » s’apparentent à une autre voiture-concept similaire présentée en 2022 : la première Polestar 2 Arctic Circle. Inspiré par l’univers des rallyes d’hiver, une discipline populaire en Scandinavie, ce trio « exprime l’ADN de performance de la marque suédoise », affirme le constructeur dans un communiqué publié aujourd’hui. Mais, puisqu’il y a cette fois trois concepts arctiques plutôt qu’un, ils évoquent surtout le développement récent, de cette marque qui a été aussi rapide que spectaculaire. Un développement qui s’exprime au Canada, par exemple, par la gamme de produits qui devient de plus en plus étoffée.
Les trois voitures-concepts feront leurs débuts publics lors des épreuves de courses sur glace organisées par FAT International à l’aéroport de Zell am See, en Autriche, le 1er février 2025. On ne les verra peut-être jamais au Québec. Par contre, ce mois-ci, les Québécois ont pu assister à une première locale de cette marque suédoise qui s’avère beaucoup plus éloquente. Pour la première fois de sa courte histoire, la marque de véhicules électriques Polestar était présente au Salon de l’auto de Montréal, et là aussi avec trois modèles de série plutôt qu’un. Un an plus tôt, il n’y en aurait eu qu’un seul.
Pendant quatre ans, Polestar n’avait qu’un seul produit à offrir : le modèle 2, une berline à quatre portes d’allure traditionnelle. Depuis la fin de l’année dernière, la nature de la gamme a beaucoup changé. Deux autres modèles se sont ajoutés : le modèle 3, un utilitaire d’allure classique dont les premiers exemplaires ont été livrés à des Canadiens durant le dernier trimestre de l’année, et le modèle 4, une berline au style plus moderne avec son toit arqué et un hayon sans lunette arrière (Polestar parle plutôt de « VUS coupé »). Les premiers exemplaires de cette nouveauté feront leurs débuts sur les routes québécoises plus tard cette année.
Le Canada, marché numéro 1 en Amérique
Bien sûr, avec une aussi petite gamme de produits, les chiffres de ventes sont aux antipodes de General Motors du Canada, premier constructeur au palmarès des ventes au pays en 2024. L’an dernier, 2 900 Polestar ont trouvé preneurs au Canada comparativement aux 294 315 véhicules de GM. N’empêche que les ventes de la marque suédoise ont affiché une hausse de 22 % par rapport à 2023. Et tout porte à croire que cette progression va se poursuivre en 2025, affirme Hugues Bissonnette.
« Les ventes ont été très bonnes au pays en 2024 et Montréal est demeuré le marché numéro 1 en Amérique du Nord », nous a confirmé le directeur de Polestar au Canada, lors d’un entretien réalisé au Salon de l’auto de Montréal, confortablement assis à l’arrière d’une Polestar 4.
« Les trois concessionnaires canadiens ont aussi été parmi les ‘‘Top 5-6’’ en Amérique du Nord. L’année a été très bonne malgré les tarifs qui ont été imposés [ndlr : aux véhicules importés de la Chine] et le lancement du Polestar 3 qui a été retardé, deux imprévus qui ont eu une incidence sur les ventes », admet M. Bissonnette.
L’importance du Canada dans l’échiquier mondial de la marque se confirme d’ailleurs par ces 2 900 ventes réalisées par les détaillants locaux en 2024, puisqu’elles représentent à elles seules 7 % des ventes (44 851 unités) réalisés par Polestar à l’échelle mondiale l’an dernier.
Réseau de concessionnaires et gamme en développement
La progression des ventes sera naturellement appuyée par l’ouverture de nouveaux points de vente. En plus des trois concessions établies au pays à Toronto, Laval et Vancouver entre décembre 2020 et décembre 2021, on en trouve une seconde dans le Grand Toronto (à Markham), une à Québec et une autre à Ottawa, qui dessert à la fois l’Est ontarien et la région de Gatineau.
« Actuellement, nous étudions la possibilité d’ouvrir deux autres nouveaux points de vente : un sur la Rive-Sud de Montréal et un second à Vancouver. Le développement du réseau de détaillants va bon train avec des partenaires qui s’investissent beaucoup », affirme M. Bissonnette.
L’expansion du réseau de détaillants va de pair avec l’ajout de nouveautés au catalogue de la marque. Le jour où cette entrevue s’est déroulée à Montréal, l’Allemand Michael Lohscheller, le chef de la direction de Polestar, annonçait une stratégie actualisée pour la marque lors d’une conférence de presse présentée à Göteborg, en Suède.
À cette occasion, ce vétéran de l’industrie (un ex-patron d’Opel et de VinFast) a prédit que « 2025 sera l’année la plus forte de l’histoire de Polestar », d’où la rentabilité anticipée, en plus de confirmer l’arrivée prochaine de la Polestar 5 sur le marché mondial. Les premiers exemplaires de cette berline haut de gamme à quatre places dotée d’une plateforme en aluminium et d’une technologie à 800 volts seront livrés au cours du deuxième semestre de 2025. Pour sa part, Hugues Bissonnette attend ses premières Polestar 5 d’ici la fin de 2025 avec enthousiasme. Cette future rivale des Porsche Taycan et Audi E-tron GT permettra à Polestar d’accéder à un nouveau créneau du marché des VÉ.
Nouveau VUS d’entrée de gamme
Son grand patron en Suède a également annoncé l’arrivée prochaine du Polestar 7. Cet utilitaire compact qu’on dit cossu ciblera le créneau du marché haut de gamme ayant la croissance la plus rapide et la plus profitable sur le marché mondial, expliquait Lohscheller. « Par son prix, il sera naturellement notre nouveau modèle d’entrée de gamme. C’est très positif de pouvoir offrir à notre clientèle un choix plus vaste », estime M. Bissonnette.
Le modèle 7 devrait être fabriqué en Europe, ce qui évitera au constructeur l’écueil des tarifs compensatoires imposés aux véhicules provenant de la Chine. De plus, avec le modèle 7, Polestar passera progressivement d’une approche multi-plateforme à une architecture unique, une stratégie de fabrication destinée à réduire la complexité dans la fabrication et, du même coup, les coûts et les investissements qui s’y rattachent.
Enfin, les changements récents qui ont affecté les programmes d’incitatifs gouvernementaux à l’achat de véhicules électriques n’inquiètent guère le patron de Polestar au Canada. « On a toujours su que les incitatifs étaient des mesures temporaires, tout comme les tarifs d’ailleurs. Ce ne sont pas des mesures permanentes : ça arrive et ça repart. On ne peut donc pas bâtir un modèle d’affaires sur des mesures temporaires, quelles qu’elles soient. De toute façon, les marchés canadiens et américains sont très importants pour la marque à l’échelle globale. Alors, on est là pour rester. »
Photos : Luc Gagné, Salon de l’auto de Montréal et Polestar
NDLR — Nouvelle mise à jour le 30 janvier 2025, à 16:00.