Un modèle d’affaire qui ne fonctionne plus chez Porsche

Porsche traverse une période un peu plus difficile avec le virage électrique, car les choses ne se déroulent pas comme prévu. Ajoutez à cela un contexte mondial un peu fou avec les tarifs et les habitudes des consommateurs e Chine et vous avez là un cocktail explosif.
En 2024, les ventes mondiales de la compagnie ont essuyé un recul de 3 %, au moment où les tarifs n’étaient pas encore implantés. Cette année, la situation a empiré, alors qu’on note une baisse de 6 % des ventes par rapport aux six premiers mois de 2024.
Et les choses ne s’annoncent pas plus roses lorsque la compagnie regarde les prochains mois. D’ailleurs, sa récente décision de supprimer 1900 emplois pour réduire ses coûts en est une belle preuve.
C’est dans cette optique que le grand patron de la marque, Oliver Blume, a déclaré aux employés que des mesures supplémentaires pour réduire les coûts étaient prévues en réponse à la baisse des ventes en Chine et à l’augmentation des dépenses provoquée par les tarifs imposés par l’administration Trump.
Dans un courriel envoyé au personnel, courriel obtenu par Bloomberg, le grand patron de Porsche a admis que « le modèle économique qui nous a bien servi pendant plusieurs décennies ne fonctionne plus sous sa forme actuelle ».
Le dirigeant a candidement avoué que sa compagnie était plus touchée que les autres. Les tarifs font mal, et le marché américain est d’une importance capitale pour Porsche qui s’apprête en plus à perdre deux sportives à essence (718 Boxster et 718 Cayman) pour accueillir un VUS électrique. Il y aura une pause entre la fin de leur production et l’arrivée de leurs remplaçantes électriques, ce qui va laisser un vide pendant quelques mois.
De plus, la compagnie ne sait pas comment la clientèle va réagir. Sera-t-elle aussi nombreuse à vouloir ces deux véhicules sans leur mécanique à essence ? Idem avec l’arrivée du Cayenne électrique ; les acheteurs seront-ils au rendez-vous, sachant en plus que la facture de ce modèle risque d’être salée ?
Le Macan électrique fait bien, ce qui est encourageant. Cependant, le cas de la Taycan, qui a aussi connu un excellent départ, est différent, alors que ce modèle est en retrait ; 49 % en 2024 et un autre 6 % jusqu’ici cette année

L’Amérique du Nord
Il ne faut pas se leurrer, le marché de l’Amérique du Nord demeure crucial pour Porsche. C’est son plus important, en fait. L’année dernière, les livraisons ont augmenté de 1 %, et depuis le début de 2025, la hausse est à 10 %.
Bien sûr, c’est là que l’inquiétude intervient avec la question des tarifs. Les véhicules de Porsche sont déjà dispendieux et pour une 911, ça ne devrait pas trop faire de différence pour l’acheteur. Pour un Macan, c’est une autre histoire.
En Chine, les ventes ont chuté de 28 % en 2024 et ont encore reculé depuis le début de 2025, un autre 28 % de janvier à juin. Les marques locales là-bas lancent de plus en plus de modèles qui intéressent les acheteurs.
Des rumeurs courent concernant un nouveau véhicule Porsche qui viendrait se positionner entre le Macan et le Cayenne, mais même si tel est le cas, son arrivée n’est pas pour demain. Il y a aussi ce VUS électrique à trois rangées qui est à venir, mais on ne sait pas exactement à quel moment il va se pointer.
Ce qui est certain, c’est que la compagnie va proposer des modèles à essence plus longtemps que prévu afin de satisfaire sa clientèle… et de garder ses marges bénéficiaires à un niveau acceptable.
La compagnie a abandonné son objectif voulant que les ventes de modèles électriques représentent 80 % de ses résultats en 2030, jugeant que la chose n’était plus réaliste.
On n’a pas fini de suivre cette situation de près, ainsi que celles d’autres constructeurs qui doivent composer avec la nouvelle réalité tarifaire et les incertitudes reliées à la vitesse à laquelle s’opère le virage électrique.
Contenu original de auto123.