Québec abandonne le financement du projet d’usine de batteries Northvolt
Une perte de 470 millions

Le gouvernement du Québec met officiellement fin à son financement du projet d’usine de batteries Northvolt Six en Montérégie, un investissement de 7 milliards $ qui devait être le plus important de l’histoire de la province. Après avoir injecté 510 millions $, Québec tente désormais de récupérer une partie de ses pertes.
Un projet présenté comme « historique » qui s’effondre
Annoncé en grande pompe en septembre 2023, le projet Northvolt devait symboliser l’avenir de la filière québécoise des batteries pour véhicules électriques. L’annonce avait réuni Justin Trudeau et François Legault, qui qualifiaient alors l’investissement de « transformationnel » pour l’économie verte du Québec. Le gouvernement du Québec s’était engagé à fournir 2,9 milliards $ en financement, tandis qu’Ottawa promettait 4,4 milliards $. Mais aucun coup de pelle n’a jamais été donné : la construction de l’usine n’a jamais commencé.
La faillite de Northvolt change la donne
Le sort du projet a basculé lorsque la maison-mère suédoise de Northvolt a déclaré faillite en mars 2025, mettant sur pause toutes les activités liées à Northvolt Six. En juillet et août, Québec a rencontré Lyten, une jeune pousse américaine spécialisée dans les batteries, qui avait acquis une partie des actifs européens de Northvolt et espérait reprendre le projet québécois. Toutefois, Lyten exigeait davantage de financement public, ce que Québec a refusé. « Lyten a formulé des demandes disproportionnées », a indiqué Catherine Pelletier, porte-parole de la ministre de l’Économie, Christine Fréchette.
Québec veut récupérer ses billes
Au total, Québec a déjà investi 470 M$ dans le projet, dont 270 M$ injectés dans la société mère suédoise — une somme perdue avec la faillite en plus des 200 millions de Caisse de dépôt et de placements du Québec. Cependant, le gouvernement espère récupérer 240 M$ liés à un prêt garanti pour l’achat du terrain. Une demande officielle a été déposée le 2 septembre en vertu de la Loi sur la protection des créanciers, afin d’autoriser la revente ou la reprise des terrains. « Grâce à nos garanties existantes, nous sommes bien positionnés pour récupérer la pleine valeur de notre créance », a précisé Pelletier.
Northvolt déplore la décision
De son côté, Northvolt Batteries North America a qualifié la décision de Québec de « regrettable ». L’entreprise affirme que sa filiale nord-américaine n’est pas en faillite et qu’elle disposait encore de ressources financières suffisantes pour relancer le projet. « C’était un grand projet, et notre équipe y croyait toujours », a souligné Northvolt dans un communiqué.
L’industrie québécoise des batteries reste solide
La ministre Christine Fréchette se veut rassurante : cet échec ne signe pas la fin de l’industrie des batteries au Québec. « Notre secteur demeure très vivant, avec plusieurs entreprises actives dans l’écosystème », a-t-elle déclaré. Elle rappelle que près de 3 000 travailleurs participent actuellement à la construction de nouvelles usines de batteries, notamment dans le pôle industriel de Bécancour.
Les critiques fusent contre Québec
Du côté de l’opposition, le chef du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez, a vivement dénoncé la gestion du projet : « On a mis tous nos œufs dans le même panier. C’est un échec, autant en termes de planification que d’exécution », a-t-il lancé en conférence de presse à Sainte-Foy.
Avec des renseignements de la Presse canadienne