17 novembre 1906- naissance de Soichiro Honda
Soichiro Honda a été l’homme de tous les combats et un grand défenseur de l’environnement. Savant mélange d’anticonformismes et de rêveur, il était réputé pour son entêtement et son imagination, mais prenait toujours en considération l’opinion de son entourage. Ce garçon de forgeron qui a vu son japon natal passé du Moyen-Âge à la modernité a choisi la mécanique pour exprimer tout son talent. Il a fait tellement de trouvailles qu’on l’appelait «le Thomas Edison japonais
Soichiro Honda est né le 17 novembre 1906 dans le village de Yamahigashi, situé au centre du Japon à environ 350 km de Tokyo. Plusieurs s’accordent à dire que le jeune Soichiro a reçu l’héritage génétique de ses parents pour ses talents manuels. Son père Gihei était le forgeron du village. Il réparait surtout de l’équipement agricole. Mais il fabriquait également des carabines pour la chasse à l’ours et sa renommée avait des échos dans toute la région. La mère du jeune Honda, Mika, filait le lin et réparait elle-même son métier à tisser. Il ne faut donc pas se surprendre que même très jeune Soichiro qui passait de grandes heures avec ses parents ait développé une grande dextérité manuelle. Trois événements ont marqué la jeunesse de Soichiro Honda et orienté son futur. Alors qu’il n’avait que trois ans, son petit village a reçu l’électricité et le jeune Honda a voué une fascination sans borne à cette nouvelle technologie et à tout ce qui s’y rattachait. Il gardera toujours cet émerveillement pour toute les nouvelles technologies tout au long de sa vie. Ensuite, à l’âge de huit ans, l’événement le plus marquant de sa jeunesse se produit durant le congé estival; Soichiro a vu une voiture traversée le chemin de campagne près de chez lui. Il couru aussi rapidement qu’il le pu pour rattraper cette grosse masse de métal noir qui roulait sans l’aide de chevaux, mais en vain. Fasciner pas cette machine, il promit un jour d’en fabriquer une. Et finalement, l’année suivante , le père de Soichiro, trop malade pour continuer son métier de forgeron, ouvrit un atelier de réparation de vélo et rapidement Soichiro développa un grand talent pour l’entretien et la réparation de ces moyens de transport encore rare à l’époque. Il aidait son père tous les matins avant de partir pour l’école.
Essais et erreurs
Honda avouera lui-même avoir échoué 99% de toutes ses tentatives, pour être capable d’en réussir 1%. La dure école de la vie débutera lorsqu’il terminera sa formation scolaire en 1922. Du haut de ses 15 ans, Soichiro Honda, accompagné de son père, prend le chemin de Tokyo pour travailler comme apprenti dans un petit atelier de réparation d’automobiles. Première déception lorsque son père quitte l’atelier, Soichiro se rend compte qu’il a été engagé comme gardien d’enfant pour le patron de l’atelier. Après quelques semaines à changer des couches et lire des contes pour enfants, Soichiro songe à plier bagage et retourner à la maison, mais il a promis à sa mère qu’il reviendrait à la maison seulement lorsqu’il aurait perfectionné son apprentissage. Sa patience porte fruit. Le patron de l’atelier, M. Sakakibara, est un mordu de course automobile et tous les soirs, lorsque l’atelier est fermé pour la clientèle, une équipe de mécaniciens prépare une voiture pour la course. Comme les enfants dorment, Soichiro se rend au garage et regarde travailler les mécaniciens, souvent jusqu’aux petites heures du matin. Ne connaissant pas la course les mécaniciens procèdent par essais et erreurs pour l’ajustement de la voiture et Soichiro apprendra beaucoup de ses longues soirées d’observateur.
Un tremblement de terre salutaire
Le premier septembre 1923, la ville de Tokyo est victime d’un terrible tremblement de terre. La grande Kanto frappe peu avant midi et coupe la ville du reste du monde. Plus de 100 000 morts, tous les systèmes de communication sont coupés, l’atelier de M. Sakakibara est détruit et il doit en ouvrir une seconde dans une autre partie de la ville moins touchée par le tremblement de terre. Soichiro devient le commissionnaire officiel qui fait la navette entre les deux ateliers. Il devient à lui seul un service d’aide en motocyclette avec side-car. Heureusement, le tremblement de terre a épargné le projet de voiture de course et comme la plupart des mécaniciens sont retournés dans leur famille suite au séisme, Soichiro devient partie intégrante des projets de voitures de course de son patron. La première voiture fut une «Art-Daimler» suivi d’une Buick avec un moteur d’avion Curtiss. «Il fallait tout faire nous-mêmes» affirmera M. Honda car ce moteur d’avion n’était pas fait pour être monté sur un châssis automobile, il n’y avait pas de transmission ni de différentiel et les pièces détachées ne servaient à rien. De plus, nous n’avions aucun plan de voiture, nous devions fabriquer les pièces nous-mêmes. La Curtiss fut complétée en sept mois et le propriétaire-conducteur de l’atelier, M.Sakakibara, remporta le «Chairman’s Trophy» pour la saison suivante. À 17 ans, Soichiro Honda avait gagné ses galons comme mécanicien.
Son premier atelier
Il revient dans son village natal en 1927, après six ans d’apprentissage et ouvre une succursale du «Art Shokai repair shop», l’atelier de son patron de Tokyo. Aux débuts, les affaires vont lentement, il y a peu de voitures en campagne. Mais Honda adapte sa production aux besoins ruraux en fabriquant des dynamos et peu à peu ses compétences, tout comme son père avant lui, dépasse largement les frontières du village. Les gens viennent de loin pour se prévaloir des talents de mécanicien de Honda, En moins d’un an, l’atelier compte 15 employés. Même la grande dépression de 1929 n’a pas tellement ralenti son rythme de croissance. Honda continue de construire toutes sortes de pièces qu’il veut durable. Ainsi il invente une jante de roue avec des rayons en acier qui remplace les traditionnels rayons en bois. Il fait breveter son invention et commence à en vendre outre-mer. Il devient rapidement très à l’aise financièrement et mène une vie de jeune «play-boy» et s’intéresse aux geishas et à la course automobile. Malgré son succès, Honda n’est pas satisfait, il ne veut pas être reconnu comme étant seulement un mécanicien hors pair, il veut créer, mettre au point de nouvelles composantes. Il dilapidera presque toute sa fortune pour tenter de mettre au point des pistons de course, mais sans succès, Après nombre d’essais infructueux, il retourne à l’école, admettant qu’il lui manque de formation pour mener ses projets à terme. Il apprend les notions d’ingénierie qu’ils ne possèdent pas. Il connaîtra finalement le succès en 1939, à l’aube de la deuxième guerre mondiale. Il invente plusieurs nouveaux outils de précision pour la mécanique et retrouve le chemin de la santé financière. C’est à cette époque qu’il prépare les bases de ce qui allait devenir la future compagnie Honda.
L’effort de guerre
Durant la guerre, Soichiro Honda était à la tête de la compagnie Tokai Seiki Jukogyo, une filiale de Toyota, qui fabriquait des avions pour l’armée Japonaise. Honda joua un rôle essentiel dans la simplification des méthodes de fabrication et dans la rapidité d’exécution. Il a fait tellement de trouvailles qu’on l’appelait «le Thomas Edison japonais». Après la fin de la guerre, son atelier détruit par un raid américain, Honda revient à la case départ après avoir vendu ses parts de la compagnie à Toyota, il vit chez sa belle-famille et réfléchit sur la direction à prendre pour relancer sa carrière.
Un coup de pouce des Américains
En 1946, Soichiro crée la «Honda Technical Research Institute», qui malgré son nom pompeux n’est rien de plus qu’un vieil atelier de bois jonché de bombes américaines qui n’ont pas explosé. Le Japon est encore en ruine, les routes sont détruites et les moyens de transport inefficaces. Par l’entremise d’un ami, Honda achète 500 moteurs 50cc que les Américains ont laissé derrière. Honda décide de placer ces petits moteurs sur un châssis de vélo., Après quelques efforts pour raffiner le produit, ajouter un petit réservoir à essence, le premier produit Honda affectueusement appelé la «putt-putt» voit le jour et en septembre 1948, la compagnie Honda est né. Le succès de cette petite moto 2 temps 50cc sera retentissant. Honda occupera 60% du marché domestique et la petite moto sera même exportée à Taiwan. En 1949, Honda produisait mille motos par mois. Mais Honda n’était pas un homme d’affaires et malgré son succès commercial, la compagnie frôlait continuellement la catastrophe financière. Un ami de Soichiro lui conseilla d’engager une personne responsable pour gérer l’argent. En octobre 1949, Honda fait la connaissance de Takeo Fujisawa. Les deux hommes devinrent inséparables. Honda était le cerveau au niveau de la création et Fujisawa de la commercialisation et de la mise en marché, le succès de la compagnie est né du génie de ses deux hommes.
Les débuts en course
Soichiro Honda avait comme philosophie, soyons d’abord les meilleurs au monde en course et allons à la conquête du marché ensuite. Honda avait annoncé à la stupéfaction générale qu’il gagnerait un jour la prestigieuse course de moto de l’Ile de Mans. Sept ans plus tard, après plusieurs avancements technologiques et au prix de nombreux essais, il rafla les cinq premières places en catégorie 125 et 250 cc. Il décide ensuite de faire connaître la course chez lui et fait construire le circuit de Suzuka qu’il termine en 1962 au coût de 2,5 milliards de Yen. Six mois plus tard, Suzuka accueille la première course de moto, la première course de F1 suivra en 1963. Honda n’est pas du programme car le volet auto n’est pas encore achevé. En janvier 1964, Honda lance la S600, une petite voiture sport biplace et du même souffle Honda annonce son intention de participer à la prochaine édition du grand prix automobile de Suzuka. Pour Soichiro, la course représentait la meilleure façon d’apprendre à faire des voitures et motos plus rapides et plus sécuritaires. Cela représentait également une vitrine sur le monde pour se faire connaître de toute la planète, car les Japonais au début des années soixante étaient d’illustres inconnus dans le monde automobile. Honda inscrit sa première voiture de Formule au Grand Prix d’Allemagne en 1964. L’année suivante, après seulement 11 départs en F1, Honda remporte sa première victoire au Grand Prix du Mexique. M. Honda cessa la Formule un en 1968 pour se concentrer sur la production automobile. La première Honda la CVCC arriva en Amérique en 1972. Son moteur très propre fut un succès partout sur la planète. En 1973, Soichiro Honda pour célébrer les 25 ans de la compagnie pris sa retraite à l’âge de 66 ans et demeura consultant. Son ami de toujours Takeo Fujisawa, sans qui la compagnie Honda ne serait pas ce qu’elle est, est décédé en 1989. Soichiro Honda est décédé le 5 août 1991 à l’âge de 84 ans des suites de problèmes au foie. Mais la compagnie garde encore aujourd’hui la philosophie de son créateur. Toujours innover mais en conservant un grand souci de l’environnement.
Honoré de son vivant
Contrairement à plusieurs grands noms de l’automobile qui ont trop souvent terminés leurs jours dans l’anonymat et sans le sou, Soichiro Honda a reçu plusieurs prix et accolades de son vivant pour souligner sa grande contribution tant au chapitre de la course automobile que de la moto et l’auto. Ainsi en 1978, M. Honda a été fait à la fois grand officier de la Légion d’honneur en France et Grande Ufficiale dell ‘Ordine al Merito d’Italie. Deux ans plus tard, il reçoit le titre de Knight Commander de l’ordre royal de l’étoile polaire en Suède. Il reçut la grande croix de l’ordre de Leopold 11 de Belgique en 1990. M” Honda a également reçu deux doctorats honorifique en ingénierie de l’université Sophia à Tokyo en 1973 et du Michigan Technological institute l’année suivante. Durant sa longue carrière Soichiro Honda a fait application pour plus de 280 inventions et brevets allant de la machine distributrice automatique à un dispositif pour empêcher une rame de glisser hors du bateau. Son titre d’ingénieur était amplement mérité.
Mais de tous les prix qui ont honoré sa grande contribution et son immense dévouement, deux ont particulièrement marqué cet homme d’une grande simplicité. Le 7 décembre 1990, à Paris Soichiro Honda reçoit la médaille d’Or de la Fédération International de l’automobile (FIA) pour sa contribution et son grand nombres de victoire en Formule Un. Accompagné par le champion mondial de F1 Ayrton Senna, M. Honda s’est contenté de remercier les gens à plusieurs reprises et de serer Ayrton Senna très fort dans ses bras. Il avouera plus tard que le fait de se retrouver avec des noms comme Enzo Ferrari et Ferry Porsche qui avaient eux aussi reçu la médaille d’or de la FIA l’avait beaucoup touché. L’autre prix qu’il chérissait par-dessus tout était celui du Automotive Hall of fame. . En 1989, Soichiro qui a passé sa vie en chienne blanche dans les laboratoires de recherches et que tous les employés appelaient «pops» a été le premier Japonais a être admis au temple de l’automobile des États-Unis. Honda admettra dans les dernières années de sa vie que s’il avait pu anticiper l’importance que la compagnie Honda allait prendre, il lui aurait trouvé un autre nom, car nommer une compagnie à son nom faisait un peu prétentieux à ses yeux. Il est décédé le 5 août 1991 d’une insuffisance hépathique à l’âge de 84 ans.