Super Cruise de GM : un test complet et plutôt concluant
Lorsqu’on vous parle des véhicules de l’empire General Motors (GM), il est de plus en plus question du système de conduite semi-autonome Super Cruise. Ce dernier est offert avec de plus en plus de modèles à travers la gamme.
Il avait ses débuts avec la berline CT6 de Cadillac en 2017 pour l’année 2018. J’avais eu la chance de participer à un programme où nous avions pu conduire le véhicule sur de bonnes distances, afin de découvrir cette technologie développée par Cadillac.
On avait promis alors qu’elle se démocratiserait à l’ensemble de la gamme. On y arrive.
Conséquemment, parce qu’on parle de plus en plus de ce système, pourquoi ne pas s’intéresser à ses fonctions, mais surtout, à ce qu’il est capable de faire, mais également à ce qu’il est incapable de faire lors d’une utilisation quotidienne ?
Pour effectuer un test concluant, j’ai eu l’occasion de rouler un Cadillac Escalade pendant cinq jours sur les routes californiennes des environs de Los Angeles et de San Diego, là où la circulation est souvent très lourde, et où les autoroutes comptent sur plus de voies qu’une main ne compte de doigts.
Peu de temps après, lors du lancement des Chevrolet Traverse, Chevrolet Equinox EV et Chevrolet Silverado EV, j’ai pu réaliser d’autres tests afin d’avoir une meilleure idée des forces et des limites du système. J’ai même eu l’occasion de tirer une remorque avec le système en fonction.
Mon objectif ici, c’est de vous livrer un portrait clair de ses forces et de ses faiblesses. Je vais le faire en utilisant des points de formes, afin de faciliter la lecture.
Le système, en général
- La première chose à savoir, c’est qu’au début de l’année, le système Super Cruise était fonctionnel sur quelque 644 000 km d’autoroutes à travers le Canada et les États-Unis. Depuis, GM a annoncé que d’ici la fin de 2025, il serait possible de l’activer sur quelque 1,2 million de kilomètres de routes et d’autoroutes, au Canada et chez nos voisins du sud.
- Le système fonctionne avec une base de données qui contient des routes cartographiées. Lorsque le véhicule reconnaît la route sur laquelle l’on se trouve, une icône apparaît au tableau de bord, indiquant qu’on peut lancer Super Cruise.
- Lorsqu’on le fait, une bande verte apparaît dans la partie supérieure du volant. Si le système ne reconnaît pas la route, seul le régulateur de vitesse peut être enclenché.
- Si le véhicule arrive dans une zone où Super Cruise ne reconnaît pas la route, la fonction se désactive et une bande rouge apparaît au volant, nous indiquant de reprendre le contrôle.
- Depuis cette année, le système peut être utilisé sur les routes à une voie avec circulation à contresens. À l’approche d’intersections où il n’y a pas de feux de circulation, il demeure activé. À l’inverse, lorsqu’il y en a, il se déclenche avant l’intersection, nous intimant de reprendre le contrôle. Pour fonctionner en de telles circonstances, il devra être capable de reconnaître la couleur du feu, mais aussi être en mesure de lire le comportement des autres automobilistes circulant de façon perpendiculaire. On n’est pas rendu là.
Les forces
- La plupart des systèmes sur le marché nous demandent d’intervenir toutes les 30 ou 45 secondes pour toucher le volant, afin d’indiquer qu’on est toujours en contrôle. Pas le système Super Cruise. Sur l’autoroute, une fois qu’il est activé, il peut fonctionner sans arrêt sur 10, 20, voire 50 kilomètres ou plus. La seule chose qu’il exige, c’est que vous gardiez les yeux sur la route.
- Justement, les capteurs qui vous observent sont très efficaces. Il suffit de quitter les yeux de la route pendant deux secondes et l’on reçoit un avertissement. Si vous tentez de regarder votre téléphone, le système le sait et se désactive. Sur ce point, je peux vous confirmer qu’il est très sécuritaire.
- Le système conserve assez bien sa trajectoire à l’intérieur des lignes. Ce n’est pas parfait, surtout en virage. Cependant, c’est assez rassurant pour qu’après un certain temps, on fasse confiance au système. Au début, on a toujours une main à proximité du volant, prêt à apporter des correctifs. Avec le temps, on apprend à relaxer. Il faut comprendre que le véhicule ne fait pas que lire les lignes sur la chaussée pour rester au centre de sa voie ; il connaît le tracé de la route pour les 2,5 kilomètres à venir.
- Super Cruise peut être utilisé en situation de remorquage, ce qui peut représenter un avantage dans la circulation lourde, où il est important de bien rester dans sa voie et toujours garder une distance sécuritaire avec le véhicule qui nous précède.
- Les changements de voie sont aussi impressionnants. J’ai déjà testé ce genre de technologie sur une Mercedes-Benz il y a près de 10 ans. Ce n’est pas nouveau. Ça fonctionne donc bien avec le système Super Cruise, mais ce qui est le plus étonnant, c’est que le véhicule peut le faire automatiquement sans que vous le demandiez. Par exemple, vous roulez à 110 km/h et vous vous rapprochez d’une voiture qui circule à 105 km/h. Super Cruise va vérifier les environs et va dépasser le véhicule devant vous et reprendre sa voie, sans que vous ayez quelque chose à faire.
Les faiblesses
- Avec une remorque attelée, le système n’est pas pour le moment capable d’effectuer un changement de voie. Le problème, c’est qu’il ne peut pas calculer automatiquement la longueur de la remorque. Il doit se fier aux informations fournies par le conducteur, ce qui laisse place à l’erreur. Le cas échéant, il y aurait un risque d’accident.
- Le système est aussi intelligent que les données qui lui sont fournies par les humains. Ainsi, sur une autoroute où il y a plusieurs embranchements, souvent, les quelques centaines de mètres entre les portions d’autoroutes ne sont pas cartographiés, si bien que le système passe son temps à se désactiver. Sur certaines autoroutes, comme la 405 qui permet de sortir de Los Angeles et prendre la direction de San Diego, ça devient rapidement agaçant.
- Dans la circulation lourde, comme avec tout régulateur de vitesse adaptatif, le freinage est fréquent en raison du nombre de véhicules. Et ce n’est pas brusque. Énervant.
- Le système Super Cruise est plus complet que le dispositif BlueCruise chez Ford. Cependant, ce dernier permet qu’on touche le volant pour effectuer des corrections, sans se désactiver. Avec le système Super Cruise, aussitôt qu’on intente une action, le système cesse ses activités et il faut le relancer. Du travail reste à faire.
- Concernant les angles morts, le système voit bien ce qui se passe. Seulement, il n’a pas ce sixième sens qui est propre à l’humain. Lors d’une de mes sorties, une situation qui aurait pu être problématique s’est produite. Un véhicule filant à vive allure s’est pointé dans mes rétroviseurs. Je circulais à environ 120 km/h (limite à 113 km/h). Ledit véhicule devait rouler autour de 150 km/h. Lorsque je l’ai aperçu, il était dans la deuxième voie à ma gauche. Il a alors foncé en diagonale pour aller retrouver la deuxième voie à ma droite (changement de quatre voies). L’angle qu’il a pris pour aller rejoindre l’endroit qu’il visait a fait en sorte qu’il est passé très près de l’avant de mon véhicule. À la dernière seconde, j’ai freiné, pour éviter qu’il ne me heurte. Le système Super Cruise ne l’a jamais vu venir. Du moins, il n’a pas eu le temps de réagir.
- Toujours à propos des angles morts, une situation qui fait réfléchir s’est produite au lancement du Chevrolet Equinox EV. Nous suivions un véhicule sur l’autoroute, à une distance sécuritaire. Notre véhicule s’est alors pointé dans l’angle mort d’un autre modèle, circulant à notre droite. Or, tout conducteur conscient sait bien qu’on ne doit jamais demeurer dans l’angle mort d’un autre véhicule. Si ce dernier ne nous voit pas, on s’expose. Le système Super Cruise n’a pas encore la faculté de reconnaître ce genre de situation qui peut être problématique. Notre véhicule est donc demeuré dans l’angle mort de l’autre modèle, ce qui peut représenter un danger. On devra lui apprendre.
- D’ailleurs, comme dernier point, une situation qui démontre bien à quel point la technologie dépend des apprentissages qu’on lui propose. L’autoroute 405 en Californie a profité de nombreux travaux ces dernières années et sur certaines portions, on a reconfiguré les voies. Par moment, alors que je circulais dans la travée de droite (portion à six ou à sept corridors), le système ne voulait pas s’activer, car il me mentionnait que j’étais dans l’accotement ou sur une voie de desserte. C’est parce que c’est ce qu’on lui a décrit, tout simplement.
Conclusion
Dans l’ensemble, le système Super Cruise demeure impressionnant. La référence est toujours chez Tesla avec l’AutoPilot, mais Super Cruise s’impose tranquillement. Surtout, le niveau de sécurité qu’il propose le rend plutôt sûr.
Est-ce que je débourserais pour en profiter en option sur un véhicule ? Personnellement, non, mais mon travail n’exige pas des aller-retour à Québec ou à Toronto, à partir de Montréal, sur une base régulière.
Les besoins de chacun sont différents et pour certains, le système peut représenter un allié de taille.