Une surtaxe canadienne de 21,25 % sur les véhicules américains importés
Ottawa riposte aux tarifs de Washington avec une mesure ciblée

Depuis le 9 avril à 00 h 01, une nouvelle surtaxe canadienne frappe la majorité des véhicules fabriqués aux États-Unis et exportés vers le Canada. Cette contre-mesure tarifaire directe vise à répondre à la décision de l’administration Trump d’imposer, une semaine plus tôt, une taxe de 25 % sur les véhicules canadiens et ceux d’autres partenaires commerciaux. « Le gouvernement est fermement engagé à faire lever ces tarifs injustifiés, et continuera de défendre les travailleurs, entreprises et industries canadiennes », a déclaré le ministre des Finances, François-Philippe Champagne.
Un tarif basé sur le contenu non canadien
Comme les États-Unis, le Canada cible uniquement les véhicules complets non conformes à l’accord AEUMC (USMCA). Cela signifie que :
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Les véhicules américains respectant l’AEUMC — soit plus de 90 % des exportations vers le Canada — seront imposés sur leur contenu non canadien et non mexicain.
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Ottawa estime que 15 % du contenu d’un véhicule américain est canadien ou mexicain. Donc, 85 % de la valeur est sujette à la taxe.
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Résultat : une surtaxe par défaut de 21,25 % sur ces véhicules. Sur un véhicule de 50 000 $, cela représente 10 625 $ de surtaxe.
Les importateurs pourront toutefois faire valoir une proportion plus élevée de contenu nord-américain pour alléger la facture, mais ces déclarations seront vérifiées par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
Une taxe qui évite les pièces détachées, mais pas les hausses de prix
Contrairement à Washington, la surtaxe canadienne n’inclut pas les pièces détachées destinées à l’assemblage au Canada. Toutefois, l’impact reste majeur. Cette mesure devrait :
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Augmenter les coûts pour les constructeurs.
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Se traduire par des hausses de prix pour les consommateurs canadiens.
Un marché stratégique en jeu
Le commerce automobile entre le Canada et les États-Unis est colossal. Selon le Conseil canadien des partenariats de l’automobile, en 2024 :
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Les véhicules assemblés aux États-Unis représentaient 40 % des ventes de véhicules neufs au Canada (en volume).
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En valeur, cela équivaut à plus de 30 milliards $ CA et environ 750 000 véhicules par an.
Le Canada demeure le plus grand marché d’exportation de l’industrie automobile américaine.
Objectif : pression politique et soutien local
Le Premier ministre Mark Carney a affirmé que l’intégralité des recettes tirées de ces surtaxes — estimées à 8 milliards $ par an — sera dirigée vers le soutien des travailleurs et entreprises du secteur automobile canadien touchés par les mesures américaines.
En parallèle, Ottawa prépare un cadre de remise tarifaire pour stimuler la production locale. Les détails restent à venir, mais l’intention est claire : attirer les investissements et renforcer la chaîne d’approvisionnement canadienne.
Un bras de fer commercial qui risque de durer
Cette riposte tarifaire est la troisième en date du Canada, après deux premières vagues ayant visé environ 60 milliards $ de biens américains, notamment dans le secteur de l’acier et de l’aluminium. L’enjeu dépasse l’automobile : il s’agit d’un message politique fort, signalant que le Canada ne cédera pas face aux mesures protectionnistes américaines.
Avec des renseignements d’Automotive News Canada