Aston Martin Rapide S 2017

Essai routier – Aston Martin Rapide – Antoine Joubert

Aston Martin Rapide 2017

Pour se démarquer du « 1 % »

On dit que seulement 1 % de la population est considérée comme riche, une affirmation évidemment bien relative. Néanmoins, beaucoup de gens sur cette planète ont accès à des bolides d’exception. Classe S, Quattroporte, Panamera, les banlieues cossues en sont remplies. Et depuis peu s’est ajoutée la Tesla. Les Bentley Continental/Flying Spur méritent même aujourd’hui le surnom de West Palm Beach Buick, comme quoi ces voitures de 300 000 $ sont devenues beaucoup trop communes. Heureusement, il est encore possible à Beverly Hills de se démarquer de son voisin en se tournant vers une voiture aussi originale que pouvait l’être sa descendante, l’Aston Martin Lagonda.

Tour du propriétaire

Oui, la Lagonda. Une berline lancée en 1976, certes très originale, mais qui ne faisait pas l’unanimité en matière de design. En diriez-vous autant de la Rapide? Sans doute que non. Aston Martin, qui ne fait pas dans la modestie, évoque même l’idée qu’il s’agit de la plus belle berline au monde. Et vous savez quoi? Elle a raison. Fougueuse, spectaculaire, élancée et d’une grâce sans égale, elle vous fige sur place, tel ce mannequin de 6 pieds 3 pouces aux jambes interminables, revêtant une robe plus onéreuse que votre voyage de noces, que vous auriez bêtement croisée par hasard à la pharmacie alors que vous achetiez ce produit un peu gênant…

Vie à bord

Sans complexe aucun, cette splendide automobile vous donne accès à bord au moyen des portières qui s’ouvrent en s’inclinant de 12 degrés vers le haut. Juste assez pour piquer la curiosité, sans toutefois attirer l’attention de la plèbe, comme le font les Lamborghini. Accueillant quatre adultes, cette berline n’est certes pas aussi spacieuse qu’une Rolls-Royce Ghost, mais elle charme ses passagers à coups de cuirs sélects et de garnitures de luxe égayant les cinq sens. Croyez-moi, un tel niveau de luxe et de finition se fait rare dans l’industrie automobile. Et pour une expérience sensorielle de la sorte, les Anglais sont imbattables…

Technique

Premier constat, pas de transmission intégrale. Voilà pourquoi certains acheteurs la repoussent du revers de la main, préférant se tourner vers une Panamera Turbo S plus efficace en hiver. Cela dit, l’expérience Aston Martin diffère grandement de celle de Porsche, ne serait-ce que parce qu’on boulonne à la Rapide un splendide moteur V12 de 6 litres. De la puissance, elle en a à revendre. Elle la livre avec une douceur telle qu’on ne soupçonne pas ce dont elle est capable. Appuyez de façon modérée, et vous bénéficierez d’une accélération douillette et feutrée, façon limousine. Mais lâchez votre fou, et la bête s’éveillera en laissant s’exprimer les 552 chevaux, qui ne se gêneront pas pour sortir le voisinage de son sommeil. À propos, quel son! Tout simplement enivrant.

Au volant

Depuis peu, la Rapide profite d’une nouvelle boîte automatique à 8 rapports, laquelle est bien sûr adaptative. La sélection tactile de l’un des trois modes de conduite aura d’ailleurs un impact direct sur son rendement, tout comme sur celui de l’amortissement et du potentiomètre de pédale. Aston Martin insiste également sur le fait que la Rapide est aussi à l’aise sur un circuit que les coupés de même famille malgré ses deux portières supplémentaires. Certes, elle est un brin plus lourde, mais le châssis d’aluminium sur lequel se fixe une suspension à double levier triangulé affiche une étonnante rigidité. Autre aspect considérable, la distribution des masses, quasi optimale à 49-51. Et le confort? Royal, dans la mesure où vous prenez place devant. Sélectionnez le mode « normal », syntonisez votre chaîne favorite et profitez du confort et du raffinement d’une berline qui transpire le luxe de façon bien différente d’une allemande. Est-ce toutefois réellement mieux qu’une Benz ou qu’une Porsche? Non. Seulement différent. Et c’est ce qui fait son charme.

Conclusion

On peut passer des heures à configurer virtuellement la Rapide de ses rêves sur le site Web de l’entreprise. Des dizaines de couleurs, de cuirs, de boiseries, sans compter les roues, les appliqués de fibre de carbone et d’aluminium qui s’y ajoutent. Des surpiqûres, des broderies? Pourquoi pas. Ne suffit ensuite que d’ajouter 250 000 $ à l’équation, puis de patienter quelques mois pour que ce rêve devienne réalité.

Points forts

• Silhouette sexy
• Puissance et sonorité du V12
• Finition de très haut niveau
• Comportement réellement sportif

Points faibles

• Pas la plus spacieuse des berlines
• Absence de transmission intégrale (pour le Québec)
• Puissante, mais très gourmande