Aston martin Rapide S 2018

L’Annuel de l’automobile 2018

Evolution

Aston Martin

Rapide S

Dernière chance

Par Michel Crépault

L’actuelle Rapide S en est tellement à ses derniers tours de piste que Les Moteurs Décarie, l’unique dépositaire Aston Martin au Québec, n’attendent pas de cuvée 2018. Elle est déjà « vieille » car née en 2010, affublée du S depuis 2013, seule Aston Martin à compter quatre portières, et on discute depuis 2015 dans les coulisses de sa remplaçante, qui serait légèrement ou lourdement électrifiée. D’ici là, voici en quoi consiste la tentation qui pourrait vous délester d’environ un quart de million de dollars, taxes comprises, à moins que vous ne capotiez en plus du côté des options et de la personnalisation.

Tour du propriétaire / 90 %

Parce qu’elle est plus longue et plus basse que toutes ses rivales, incluant la Ferrari GTC4Lusso, la Rapide S a ainsi pu protéger l’élégante silhouette sportive qui caractérise la génétique du clan même si elle a également voulu se prendre pour une berline (quitte à ce que son habitacle se rende coupable de fausse représentation comme nous le verrons dans quelques lignes). La calandre où dominent les phares pointus et la généreuse grille rhomboïdale (j’avais hâte d’utiliser cet adjectif), les flancs lisses comme un lac sans vent et l’élégante croupe arrondie avec becquet intégré dessinent un véhicule qui semble dire « ne cherchez pas plus loin, voici à quoi doit ressembler l’automobile idéale! ».

Vie à bord / 80 %

On s’intéresse à la Rapide S parce qu’on cherche une Aston Martin qui ressemble à une Aston Martin mais avec deux portières supplémentaires, puisqu’on a vraisemblablement l’intention de semer du bonheur autour de soi en installant deux élus à l’arrière. Et, de fait, on n’a qu’à regarder les deux splendides baquets qui flanquent l’énorme console centrale pour brûler d’envie d’y allonger son squelette. Et c’est là que les ennuis commencent. Tout d’abord, l’auto est basse et les portières, très petites en plus d’afficher une forme tourmentée vu leur découpe jusque dans la poupe. Alors, entrer et sortir exigent beaucoup de prudence et autant de souplesse. Ensuite, il faut prier pour que les occupants à l’avant ne soient pas grands, et vous non plus, car sinon, vous trouverez le temps long, que les baquets soient superbes ou pas. Bref, ce 4-portes est clairement un 2+2. Enfin, côté bagages, la Rapide S en contient peu par rapport à une Tesla S ou à une Porsche Panamera. Morale, comme les places arrière sont de toute façon étriquées, aussi bien cocher l’option qui permet de rabattre les dossiers des magnifiques et inutiles sièges. Pour le reste, jouissez de l’élégant cocktail de bois, cuir et métal, apprivoisez le tableau de bord, ce qui ne sera pas ardu, puisqu’il commence à dater, et dépêchez-vous de ficher la clef de cristal entre les boutons ronds qui commandent la transmission, que la vraie nature de la Rapide S se révèle enfin!

Technique / 90 %

Le V12 de six litres emprunté à la DB9 et boulonné aussi sous le capot de la Vanquish S rassemble 552 chevaux qui passent par une boîte ZF à huit rapports pour ensuite motiver les roues arrière. Ne cherchez pas de transmission intégrale.

Au volant / 90 %

Sur papier, la vitesse maxi de 327 km/h est exaltante mais si peu réaliste chez nous qu’elle restera théorique. À la rigueur, on voudra vérifier l’exactitude du 0-100 km/h en 4,4 secondes sur un chemin désert de campagne avant de se farcir un chapelet de virages pour constater l’assurance du bolide. Et elle est au rendez-vous, n’ayez crainte. La Rapide S est aussi à l’aise en mode croisière que catapultée sur une route sinueuse. La boîte de vitesses se cherche parfois un peu, mais on se laisse consoler par le son d’un moteur menacé d’extinction. Les roues de 20 pouces contribuent à des balades dont les amortisseurs Bilstein programmables (Normal, Sport, Track) n’arrivent pas à atténuer le caractère sportif, au contraire. Les bémols évidents : une visibilité arrière aléatoire (vive la caméra de recul) et une consommation qui évite rarement les 17 litres en ville même en roulant pépère.

Conclusion / 90%

Quand on compare l’espace intérieur de la Rapide S avec celui que ses rivales ont réussi à aménager pour occupants et bagages, on se dit qu’Aston Martin a perdu un ingrédient important de la recette en chemin. D’un autre côté, sans sa propre formule, la Rapide S ne serait pas ce qu’elle est. Alors, faites-vous une raison, c’est-à-dire laissez triompher votre passion et ajoutez un fleuron à votre collection!

Forces

Berline aux formes sensuelles

Comportement routier sûr

Moteur V12 remarquable

Faiblesses

Places arrière étriquées

Cachet général suranné

Consommation exagérée