Audi A8 2007

Audi A8

L’étalon à rattraper

Dans l’univers des limousines à 100 000$, le chroniqueur monte à bord du véhicule à essayer avec une loupe et un scalpel. Face au prix demandé, il oppose forcément un scepticisme de bon aloi. Par contre, lorsqu’il s’agit de la Audi A8 telle qu’on la connaît depuis 2004, le scribe peut laisser un peu de sa méfiance au vestiaire. S’il y a bien une berline de luxe qui a su rallier tous les suffrages, c’est elle.

CARROSSERIE

La ligne est noble, point final. Nul artifice superflu. La baguette de protection chromée rime avec le cadrage des glaces avec une élégance mesurée. Le bas de caisse encavé et les antibrouillards encastrés insinuent une discrète sportivité. La grille à la fois massive et aérée s’intègre admirablement à l’énorme capot. L’arc du toit et de la croupe est aussi élégant qu’aérodynamique. La version L, dont l’empattement s’allonge en l’honneur des passagers arrière, n’ajoute pourtant que 13 cm à la longueur hors tout. Quant à la S8, un brin maquillée, elle devrait être accessible aux Canadiens en 2007, mais au compte-goutte.

HABITACLE

Passez d’une A6 à une A8, aucun dépaysement. Les interrupteurs sont absolument semblables. À la rigueur en a-t-on inversé ou ajouté un ou deux. Dès le démarrage, la clef dans sa poche, l’index sur le bouton-poussoir, un panneau pivote pour découvrir l’écran MMI (Multi Media Interface). La grosse roulette couchée sur la console centrale qui en contrôle les 1001 fonctions a le mérite d’être conviviale, quasiment facile à opérer. Son apprivoisement dans les premiers temps exige, toutefois, de souvent quitter la route des yeux.

Petit reproche : où est le système de divertissement à DVD? Réponse : dans le modèle W12, vraiment cher. On retrouve dans une A8 près de 2,5 km de filage et des ordinateurs d’une capacité de 90 mégabites. Il faut deux quarts de travail quotidiens à l’usine de Neckarsulm pendant six jours et demi pour en compléter une (deux jours pour la plate-forme, autant pour l’assemblage et deux jours et demi pour la peinture).

MÉCANIQUE

Au départ, le V8 de 4,2L et 350 CV fait parfaitement l’affaire. Mais d’aucuns auront l’envie, et les moyens, de s’offrir le W12 né de l’accouplement de deux VR6. On parle alors de 450 chevaux, soit le même muscle que procure le 10-cylindres 5,2L de la S8. Tous ces engins sont couplés à une transmission Tiptronic 6 vitesses plus ou moins sportive, selon le couple à maîtriser, et à une traction quattro faisant appel à un différentiel central Torsen (Torque Sensing) qui opère avec la sensibilité d’un ostéopathe.

COMPORTEMENT

Le confort naturel de la A8 repose en bonne partie sur ses amortisseurs pneumatiques réglables qui transforment le macadam même affligé d’acné en un tapis de ouate. N’oublions pas non plus le châssis en aluminium : sa légèreté (qui n’enlève rien à sa robustesse) permet à la grosse auto de jouer à la ballerine. La direction est aussi légère que précise. Avec le V8, toutefois, la boîte séquentielle prend tout de même un imperceptible délai à sonner la cavalerie quand on la requiert. Cette hésitation disparaît totalement au volant de la S8 ou du modèle W12.

Les passagers arrière, de qui on doit forcément se soucier quand on se donne la peine d’acheter pareille voiture, ont beaucoup de place, peu importe la version. Dans la W12 et la S8, ils occupent des fauteuils individuels. Avec le V8, la place médiane de la banquette est inhospitalière à cause de la raideur du dossier qui accommode un accoudoir/passe-ski, et du tunnel entre les jambes.

CONCLUSION

La A8 se comporte royalement. Bien sûr, une Classe S affiche beaucoup de prestance et d’opulence, tandis qu’une Série 7 mord l’asphalte avec assurance. Mais la A8 excelle avec une aisance qui appartient aux champions, comme le talent qui sépare un Tiger Woods des autres golfeurs.

Forces

• Une conduite tellement équilibrée
• Un intérieur sobre mais captivant
• Un coffre à bagages très spacieux

Faiblesses

• Un volant au boudin trop mince
• Une 5^e place de banquette mal exploitée
• Trop d’options pour le prix déjà corsé