Audi R8 2016

Audi R8

Une sportive nommée désir

Benoit Charette

La première génération de R8 avait placé Audi dans le monde élitiste des sportives de haut niveau. Avec la deuxième génération qui arrivera chez nous au printemps 2016, Audi va maintenant se frotter sans gêne aux meilleures exotiques du marché. Les Ferrari 488, Mclaren 650 et Porsche 911 Turbo S ont maintenant une rivale qui a appris sa leçon et qui est capable de les affronter à tous les points de vue.

Tour du propriétaire

Arrivée sur nos routes en 2008, la R8 a connu un vif succès en vendant plus de 27 000 unités en huit ans sans vraiment avoir changé de style. Une performance plus que respectable. Alors qu’elle semble presque identique en apparence, cette deuxième génération de R8 est toute neuve et utilise la même base que la Lamborghini Huracan. Au chapitre des dimensions, elle perd 20 millimètres en longueur totale et 12 en hauteur. Elle gagne toutefois 11 millimètres en largeur et l’empattement demeure le même à 2,65 mètres. Le tunnel de transmission et la paroi séparant l’habitacle du compartiment moteur sont faits de plastique renforcé de fibre de carbone, une technique qui a fait ses preuves chez Lamborghini. Cette solution combinée avec des alliages d’aluminium plus légers permet de réduire la masse du véhicule de 200 kilos tout en améliorant la rigidité torsionnelle de 40 %. En regardant de près, vous verrez une ligne de toit plus fuyante, l’avant plus plat est absent de courbe et offre quelques angles plus affûtés, et le moteur trône toujours comme pièce de résistance dans sa vitrine de verre.

Vie à bord

En prenant place à bord, on reconnaît la signature Audi, qui a été remise au goût du jour avec les plus récentes avancées technologiques. L’ancienne console est intégralement remplacée par un tableau de bord virtuel qui a fait ses débuts dans l’Audi TT il y a quelques mois. Plusieurs commandes comme celles de la climatisation sont au centre du tableau du bord et tout ce qui entoure le volant est nouveau. Son style redessiné accueille de nombreux boutons, dont celui du démarrage à la manière de Ferrari. Le volant abrite aussi les commandes pour les différents modes de conduite, y compris un bouton spécifique pour le mode performance et l’échappement sport ou normal. Le boîtier de vitesses robotisé à double embrayage et sept rapports offre aussi des palettes au volant pour la conduite en mode manuel. La R8 V10 est équipée de série de sièges sport à réglages électriques, tandis que la V10 Plus a droit à des baquets plus enveloppants à réglage manuel et plus légers proposés en option sur la V10 de base.

Technique

Pour cette nouvelle cuvée, Audi présente deux versions de son moteur V10 de 5,2 litres. Même s’il s’agit de la même base mécanique que dans la première génération, plusieurs modifications ont été apportées pour satisfaire les normes de plus en plus strictes d’émissions de Co₂. Audi a ajouté au système d’injection directe un deuxième système à injection indirecte qui permet une meilleure combustion du carburant lorsque le moteur est froid et abaisse un tantinet la consommation de carburant. Ce moteur est également pourvu d’un système de désactivation des cylindres qui permet de rouler sur 5 cylindres à vitesse normalisée sur l’autoroute. Ces petites additions permettent de conserver le fantastique V10 en position centrale, de respecter les normes environnementales et de gagner environ 10 % en économie de carburant avec une puissance de 533 chevaux dans la livrée de base et 602 chevaux dans la version V10 Plus. Ce qui fait de la R8 une voiture aussi puissante que sa cousine, la Huracan, et la plus puissante de l’histoire d’Audi. La transmission Quattro demeure en service et la seule boîte est maintenant une séquentielle à double embrayage et sept rapports. Bien des rumeurs parlent d’amener un moteur 5 ou 6 cylindres turbo dans une version plus abordable d’ici 18 mois à deux ans ou même le V8 4 litres turbo qui se trouve dans les R6, R7 ou A8, mais rien de confirmé par Audi à ce chapitre.

Au volant

La nouvelle R8 transcende le plaisir de conduire. Avec 200 kilos en moins et une rigidité fortement accrue, la conduite est transformée de manière insoupçonnable. Nous avons fait connaissance avec la voiture sur les routes en lacets de l’Algarve, au Portugal. Aucune des voitures sport exotiques que nous avons conduites n’a atteint un aussi haut niveau de confort tout en étant aussi facile à conduire. Nous traversions les villages et les zones plus denses comme si nous étions au volant d’une sous-compacte. Il faut remercier la suspension magnétique, qui permet 5 modes de conduite. Même les routes défoncées s’avalent avec facilité, et à régime d’autoroute, le moteur se fait oublier et l’habitacle est aussi silencieux qu’une berline de luxe. Mais attention, les quelques longs droits d’autoroute nous ont permis d’étirer les jambes de cet athlète et de faire chanter le V10 à plus de 8700 tr/min. La poussée est phénoménale. Les 100 km/h sont atteints en 3,2 secondes avec la version V10 Plus (0,3 seconde de plus pour le V10 de base), et je vous prie de croire que nous n’avons pas testé la vitesse maximale de 330 km/h, car les routes du Portugal sont limitées à 120, mais je crois Audi sur parole. Notre deuxième partie de la journée s’est déroulée sur le circuit de Portimao. C’est là que nous avons pu vérifier les qualités dynamiques de la voiture à haut régime. Un mot pour décrire l’expérience : époustouflante. Aucune voiture n’est aussi confortable, facile à conduire et pardonne autant, même à haut régime. À la limite, un conducteur sans talent est capable de tirer son épingle du jeu. Si le mode Performance désactive le contrôle de la traction, le mode Dynamic vous laisse assez d’espace pour vous amuser en toute sécurité. En plus d’être très rapide, la R8 nous a permis d’essayer l’assistance au décollage, qui nous a catapultés dans la première courbe du circuit. La transmission séquentielle est parfaite, la direction, précise, quoiqu’un brin légère, et la montée en régime se fait très progressive. Les 4 roues motrices assurent une adhérence hors norme et même si vous attaquez une courbe avec un peu trop d’enthousiasme, la R8 pardonne facilement. Ajoutez à cela des freins en carbone-céramique inépuisables qui viennent de série sur la version V10 plus. Seule la Ferrari 458 m’a donné autant de plaisir sur un circuit et la R8 est plus facile à conduire.

Conclusion

Il faudra s’attendre à débourser près de 200 000 $ pour la prochaine R8 V10. Ce qui place la voiture dans la cour des exotiques, mais croyez-moi, elle n’a rien à envier à Ferrari, Lamborghini, McLaren et Porsche. Et de toutes ces voitures, elle est la plus confortable, la plus docile, la plus facile à conduire avec, en prime, le son unique d’un V10 atmosphérique qui fait des vocalises à haut régime qui placent la R8 dans une classe à part.

Forces

Performances époustouflantes
Grande facilité de conduite
Confort inédit dans cette catégorie de voiture

Faiblesses

Un petit manque d’audace dans le dessin
Une direction un peu légère
Boîte un peu lente en mode automatique

Galerie Audi R8

1. Le poste de conduite est orienté vers le conducteur. Les boutons de démarrage du moteur (en rouge) et de l’Audi Drive Select (à gauche) sont situés directement sur le volant multifonction. Sur l’Audi R8 V10 Plus, le volant Performance intègre deux boutons supplémentaires pour le mode Performance (le drapeau à damier) et le système d’échappement Sport (sous le bouton de démarrage).
2. Les sièges sport de série avec le modèle V10 Plus et en option sur le modèle V10 permettent un excellent maintien dans les virages. Ils confèrent un style résolument sportif sans sacrifier le confort de conduite.
3. Sur les deux motorisations, la puissance est transmise par le biais de la boîte de vitesses S-tronic à sept rapports, qui peut être pilotée grâce à trois modes automatiques et un mode manuel. Lorsque vous enlevez votre pied de l’accélérateur au-dessus de 55 km/h, les deux embrayages s’ouvrent et l’Audi R8 passe en roues libres pour économiser le carburant. Vivez toute la sportivité de cette boîte de vitesses avec la fonction Launch Control, qui gère l’accélération à plein régime départ/arrêté.
4. Véritable innovation technologique, l’Audi virtual cockpit présente toutes les informations du véhicule sur un écran haute résolution de 12,3 pouces en lieu et place d’un tableau de bord classique. Depuis le volant multifonction, le conducteur peut afficher les instruments souhaités : compteurs, carte de navigation, informations de bord… Le mode Performance permet d’afficher accélération, décélération, puissance et couple.
5. L’Audi R8 de deuxième génération profite des dernières évolutions du moteur 10 cylindres 5,2 litres FSI, permettant entre autres une montée en régime ultra rapide jusqu’à 6500 tr/min. Il est proposé en deux versions : V10 de 533 chevaux ou V10 Plus de 602 chevaux. Grâce aux volets situés dans le conduit d’échappement et au système d’échappement Sport, disponible en option, l’Audi R8 produit une sonorité facile à reconnaître.

Historique

Il faut reculer à 1991 pour retrouver les origines de la R8, qui s’inspire en partie d’une voiture concept présentée au Salon de l’auto de Francfort en 1991, l’Avus. La même année, l’Audi Quattro Spyder présente un modèle beaucoup plus proche de ce qui allait devenir une R8. C’est en 2003, avec le prototype LeMans, que la R8 trouve finalement sa forme presque définitive. Le premier modèle de production est présenté officiellement au Salon de l’auto de Paris en 2006 et arrive sur le marché l’année suivante. La première R8 V10 fait son apparition en 2009 et la première version décapotable se pointe en 2010.