Bentley Bentayga 2017

Bentley Bentayga

Le VUS le plus cher au monde

Matt Bubbers

C’est au tour de Bentley de pencher vers le côté obscur de l’automobile, celui des VUS. Selon la division de luxe de Volkswagen, cette transition est cruciale pour la survie à long terme de la marque. Bentley a l’intention d’augmenter son chiffre de ventes de 50 % avec l’arrivée du Bentayga. Et Bentley ne compte pas s’arrêter là. Les ventes annuelles, qui tournent à 10 000 unités dans le monde, passeraient à 15 000 avec le Bentayga et, pour demeurer rentable, devraient se situer autour de 20 000 en 2025. Il y aura donc un coupé et un autre utilitaire un peu plus petit dans les cartons d’ici les prochaines années.

Tour du propriétaire

Nous le dirons sans détour, le Bentayga n’est pas beau. Trop ramassé et mal proportionné, il n’a pas la prestance d’une Continental GT ou d’une Mulsanne. Il faudrait qu’il bénéficie d’un empattement plus long pour pouvoir afficher les bonnes proportions. Mais voilà, le problème est là, le Bentayga partage la même plate-forme que l’Audi Q7 et le Porsche Cayenne. Il est donc pris avec les mêmes dimensions. C’est comme faire l’achat d’un magnifique habit Hugo Boss deux points trop petits. Dans les faits, cela ne revêt que peu d’importance, car le simple fait de coller le mot Bentley à un véhicule utilitaire sport vous donne carte blanche pour attaquer les chéquiers des conducteurs les plus riches du monde. Avec ce véhicule, Bentley veut s’ouvrir au monde et aller chercher des clients partout. À vrai dire, le style n’était pas la plus grande priorité de ce véhicule, mais le sentiment d’être en plein contrôle et impérativement à l’aise dans n’importe quelle circonstance prime sur tout le reste. C’est pourquoi Bentley a fait le tour du monde pour aller voir des acheteurs russes, chinois, norvégiens. Bentley construit des nouvelles concessions au Maroc, à Dubaï et au Vietnam.

Vie à bord

Quand l’argent n’est plus un facteur, rien n’est trop beau. La liste des options est interminable. Les gens de Bentley sur place au lancement en Californie nous soulignent au passage qu’il y a plus de lignes d’options dans le Bentayga que dans un Boeing 787 Dreamliner. C’est quelque chose. Nous passerons sous silence le troupeau de vaches nécessaire pour habiller l’habitacle qui côtoie une forêt de bois rares et odorants. Pour vous donner une petite idée de la différence entre les gens à l’aise financièrement et les gens riches, voici quelques options qui se lisent un peu comme le catalogue à la vente d’art Bonhams. Vous avez par exemple un système audio Naïm avec ses 18 haut-parleurs et 1800 watts qui sonne comme une salle de concert pour 5860 $. Vous pouvez aussi choisir un nécessaire à pique-nique, une populaire activité de famille en Angleterre avec verres en cristal pour 33 000 $. Pour 34 000 $, vous avez droit à une peinture fini satiné. Pour donner un peu plus de prestance à votre Bentley, les roues de 22 pouces s’imposent pour 7000 maigres dollars. Mais la pièce de résistance et qui va ravir ceux qui ont de l’argent à jeter par les fenêtres est une horloge tourbillon montée sur le tableau de bord fabriquée par Breitling pour Bentley. Cette entreprise ne fait que quatre de ces horloges par année, et en cochant cette case d’option, vous ajouterez 150 000 euros (les prix sont uniquement en euros) au coût final de votre Bentayga. Vous pouvez recevoir l’horloge en or ou en platine ou toute autre chose brillante qui vous plaît le plus. Avec une telle liste d’options, on ne peut se permettre le moindre écart dans l’exécution. On tutoie partout la perfection autant dans les cuirs choisis par des spécialistes de la marque que dans les différentes essences de bois. En passant, vous avez besoin de 12 à 14 peaux de vaches pour recouvrir de cuir l’intérieur d’un Bentayga. Tout est bien disposé, les sièges sont très confortables. Un seul reproche, les commandes proviennent de l’Audi Q7 et le jupon dépasse un peu trop. Un petit effort pour fabriquer des pièces spécifiques aurait été apprécié.

Technique

Aussi lourd qu’un autobus Prévost, ce mastodonte doit mettre une puissance redoutable pour bien bouger. Bentley est donc allée avec la noblesse du W12 de 6 litres turbocompressé qui développe 600 chevaux. Son énorme couple arrive à seulement 1300 tours/minute et la puissance passe par une onctueuse boîte à 8 rapports capable d’amener cette bête de plus de deux tonnes à 100 km/h en 4,1 secondes. Bentley a fixé la vitesse maximale à 301 km/h. Les Porsche Cayenne Turbo, Range Rover Supercharged ou encore Mercedes AMG ne sont pas de taille. Sur la route, il faut faire très attention, car l’habitacle est si bien isolé et la tenue si bonne que vous roulez toujours bien au-delà des limites permises. Et pour ceux qui croient que l’on peut faire mieux, Bentley prépare une version Speed de la Bentayga.

Au volant

Comme le disait si bien Winston Churchill : « J’ai des goûts très simples, je n’aime que le meilleur. » C’est exactement dans cette optique que Bentley a conçu la conduite du Bentayga. Ce véhicule peut littéralement affronter n’importe quoi et faire face à tous les climats, des plus froids aux plus chauds, toujours en vous dorlotant dans un environnement feutré. C’est pourquoi Bentley nous a fait connaître la descente de dunes au lancement du véhicule. Le Moyen-Orient est friand de cette activité et les riches propriétaires de Dubaï, d’Oman et des Émirats arabes unis vont régulièrement descendre des dunes de 300 pieds en laissant « surfer » le véhicule sur le sable. Une activité intimidante au départ, mais le Bentayga s’en est très bien sorti. Sur l’autoroute, avec la suspension pilotée pneumatique et la quantité d’aides électroniques à la conduite, vous n’avez jamais l’impression de conduire un véhicule lourd et encombrant. L’électronique fait des miracles et vous êtes capable de conduire cette bête comme une voiture sport. Les accélérations vous repoussent dans le siège et les sorties de virage sont comme un boulet de canon. Tout cela sans jamais perdre le contrôle, vous demeurez serein au volant, il n’y a pas de coups ou de soubresauts dans l’habitacle. Vous êtes confortablement assis dans votre siège chauffant/ventilé/massant et vous prenez place dans l’action avec l’impression d’être un peu détaché de tout cela tellement la voiture fait le travail pour vous. Au sujet de la conduite, une recommandation. Si vous faites l’achat de cet utilitaire, ne prenez pas l’option des roues de 22 pouces. Elles handicapent sérieusement le confort. Les roues de 20 ou 21 pouces sont plus confortables au quotidien.

Conclusion

Si vous faites partie du 1 % de gens très riches et que vous recherchez ce qui se fait de meilleur en matière de véhicule en ce moment, ne cherchez pas plus loin. Aucun VUS ne peut rivaliser pour le moment avec le Bentayga, de la présentation intérieure exceptionnelle à ses prestations sur route hors norme. Vous allez chèrement payer pour cette exclusivité, mais vous ne serez pas déçu. Reste maintenant à voir ce que Lamborghini et éventuellement Rolls-Royce auront à nous présenter.

Forces

Les performances incroyables

La présentation ultra-luxueuse

La qualité des matériaux

Le moteur W12

Faiblesses

Les roues de 22 pouces

Le freinage un peu juste

Les prix surréalistes

Galerie

1. Outre le mode « normal » (le B pour Bentley), le Bentayga propose divers modes de conduite : confort, Sport et… quelques modes dédiés à la conduite en tout-terrain! Même s’il se sort très bien d’affaire hors route, qui est assez fou pour mettre un VUS de 300 000 $ dans la boue.
2. L’habitacle est tapissé de cuir du sol au plafond, et profite de moquettes épaisses et d’une finition irréprochable alternant de splendides essences de bois avec du chrome et quelques touches métalliques.
3. Quoi de plus agréable qu’un petit pique-nique en famille le dimanche. Bentley vous propose dans son interminable liste d’options un nécessaire grand luxe pour le pique-nique avec flûtes à champagne en cristal, argenterie pour la famille, le tout dans des boîtiers spécialement conçus pour le Bentayga pour la modique somme de 33 000 $.
4. C’est bien connu, les amateurs de voitures sont aussi des amateurs de montres. Pour ceux qui veulent assouvir deux passions en même temps, Bentley propose une montre tourbillon unique réalisée pour la Bentayga qui se retire de son socle. Il faudra tout de même allonger 150 000 euros pour avoir le privilège de lire l’heure sur une œuvre d’art.
5. Même si la voiture revêt un côté cossu, la technologie n’a pas été mise de côté. En plus de l’écran central qui regroupe la majorité de l’information, tous les passagers arrière ont droit à des écrans en plus de la connexion Internet.

Historique

L’idée du Bentayga a pris forme avec le prototype EXP 9F présenté au Salon de l’auto de Genève en 2012. L’utilitaire construit sur la plate-forme MLB de Volkswagen (Audi Q7 et Porsche Cayenne) arrivait déjà avec le moteur W12, qui a été conservé. Toutefois, le style controversé du prototype a forcé les dirigeants à repenser la silhouette pour le modèle de production, qui a finalement été annoncé en juillet 2013. Le premier Bentayga a été dévoilé au Salon de l’auto de Francfort en 2015. Il semble maintenant que tous les constructeurs de véhicules de luxe se dirigent dans le monde des VUS.