Bentley Bentayga 2018

Bentley Bentayga

De Sa Majesté à la fauconnerie

N’en déplaise à plusieurs, Bentley s’est lancée dans le très lucratif monde des utilitaires sport. Lèse-majesté? Pas du tout. Pour les simples raisons que Bentley y voit une occasion d’affaires en or et, surtout, Sa Majesté l’approuve. C’est d’ailleurs Elle qui a reçu le premier Bentayga à sortir de l’usine. À en croire sa popularité, la Reine ne semble pas être la seule à l’apprécier. Roulez dans les quartiers chics de Los Angeles et de Londres pour en voir à tous les coins de rue.

Tour du propriétaire (70 %)

Peu de gens trouvent le Bentayga « magnifique ». Même peu, c’est déjà plus que ceux qui aimaient le Concept EXP 9 F 2012, dont il tire l’essentiel de ses traits. Critiquable, il se montre nettement moins élégant et gracieux que tous les autres produits de la marque. L’effort est pourtant bien réel. Prenez le temps de le regarder détail par détail pour comprendre que très peu de choses sont laissées au hasard. On retrouve toutes les caractéristiques de Bentley : les blocs optiques ronds, la calandre en filet, le « Flying B » aux ailes avant ou encore les hanches fortes qui le sculptent.

Pour atténuer le désagrément visuel, l’acheteur pourra configurer son Bentayga à travers une infinité d’options. À titre d’exemple, en plus d’une carrosserie à deux tons, on peut choisir dans tous les spectres de couleurs, dont huit noirs et 14 bleus « différents »… ça donne une idée! Pour ce qui est des roues, sept styles dont les plus petites n’auront que 21 pouces… Finalement, la maison de transformation Mulliner arrive avec sa propre variante, qui interdit toute limite à votre imagination.

Vie à bord (95 %)

Alors que l’extérieur peut laisser perplexe, il en sera tout autrement à bord. Ici, tout n’est que cuir finement taillé, boiserie sculptée et accents de chrome poli. Fabriquée dans la plus pure tradition anglaise, la finition laisse quelques menus défauts, faisant partie du charme d’un assemblage à la main. Le tout se montre assez déroutant pour les premières heures, on se noie littéralement dans les commandes et les différents menus, qu’ils soient à l’instrumentation ou encore par l’écran central. Fait agaçant, on reconnaît plusieurs touches venant directement de chez Audi. Considérant la facture d’un quart de million, Bentley devrait avoir ses propres accessoires.

Il pourra être plus invitant avec les nombreux gadgets livrables. Ici, on ne parle pas simplement d’un « Thule » pour le toit, mais bien d’un ensemble de piqueniques, d’un coffre à fusils pour la chasse à courre et même d’un assortiment pour la fauconnerie. Évidemment, pour chaque crochet d’extra, prévoyez plus de 30 000 euros. Pour l’ultime distinction, ajoutez une horloge Breitling fabriquée à quatre exemplaires annuellement pour la modique somme de 150 000 euros.

Technique (80 %)

Bentley clame haut et fort que le Bentayga est le VUS le plus puissant au monde, mais on oublie « volontairement » de mentionner que le Model X et le G65 AMG le battent au chapitre des chiffres absolus. Même s’il prend la troisième place, il arrive avec une impressionnante cavalerie de 600 chevaux à partir de son W12 de six litres. Le couple donne des frissons dans le dos à 664 livres-pieds. Comptez sur 0-100 km/h en 4,1 secondes et une vitesse de pointe totalement inutile de 301 km/h. La gestion de la puissance passe par une boîte automatique à huit rapports qui brille par sa souplesse. Considérant l’ensemble et surtout son poids de 2440 kilos on peut difficilement faire mieux que la quinzaine de litres aux 100 kilomètres. Pour asseoir son prestige, le Bentayga se fait le caméléon en exécutant des performances hors route impressionnantes… On ne sait jamais sur quel terrain la fauconnerie pourra vous amener! Bentley nous refuse toujours la version européenne à moteur diesel, mais on sait d’ores et déjà que le V8 de quatre litres est prévu, tout comme une variante Speed à plus de 700 chevaux.

Sur la route (75 %)

Le Bentayga s’avère une véritable Bentley, le rapprochement se fait avec la Mulsanne et non pas la GT SuperSport. Oui, la puissance est véloce, mais l’effet d’enveloppement est tel que l’on obtient peu de sensation. La direction se montre lourde et aseptisée. Selon ses envies et la situation dans laquelle on se trouve, il se présente avec une vaste collection d’ajustements qui auront des effets significatifs sur la gestion de pratiquement toutes les composantes mécaniques. À la simple pression des commandes, on change complètement sa personnalité. Dans les excès, et ils sont fréquents, on jouit de toutes les assistances connues dans le groupe Volkswagen. La seule grosse déception : le freinage. Les disques ont beau être plus imposants que la roue d’une compacte, les lois de la physique se font sentir avec une distance plus longue qu’attendu.

Conclusion

Le Bentayga a toutes les raisons d’être, peut-être pas pour le commun des mortels, mais pour l’immensément riche, oui. Il va toujours y avoir des consommateurs qui désirent le nec plus ultra et plus encore. Le Bentayga répond parfaitement à ce caprice. Aucune concession n’est faite et l’on ressent très bien cette volonté. Que l’on se sente lésé ou pas quant à l’image de Bentley, son succès hors norme justifie cet accroc à la tradition de la marque.