Bentley Mulsanne 2019

Bentley Mulsanne

Monumentale

Ce monument que vous avez sous les yeux réclame 500 heures de travail avant de voir le jour à l’usine de Crewe, en Angleterre. Aussi bien dire une éternité si l’on considère qu’à l’usine de Cambridge, en Ontario, les ouvriers de Toyota donnent naissance à près de 1000 Corolla par jour… Mais la « perfection » prend du temps et, après tout, Bentley n’a que 700 Mulsanne à livrer par année.

Tour du propriétaire – 75 %

En ville, conduire une Mulsanne, avec ses 5,57 mètres, ses 2,6 tonnes et son énorme rayon de braquage, est un peu stressant malgré l’efficacité de ses capteurs de stationnement. Voilà sans doute pourquoi c’est assis sur la banquette arrière que l’on se trouve le mieux, derrière ces portières qui se referment sur nous comme le coffre-fort d’une banque.

Vie à bord – 80 %

Si l’ambiance très raffinée ne manque pas de flatter les sens, le poste de conduite de la Mulsanne n’a rien de trop spécifique pour que l’on ne s’y sente pas immédiatement à l’aise. Évidemment, trouver une position idéale est réalisable quand on aura fait le tour de toutes les possibilités offertes. 

L’habitacle est tendu d’un cuir souple qui recouvre tout, même le ciel du toit. Des insertions chromées soulignent les multiples cadrans, dans le plus pur style de l’époque Vintage. Aucune surcharge. Ici, tout ce que vous touchez est construit en massif, y compris les cendriers, lourds comme des rouleaux à pâte. Et pas seulement à l’intérieur. À l’extérieur aussi. À quand remonte la dernière fois où vous avez touché une calandre en acier, qui plus est taillée au laser?

Technique – 60 %

Sous l’interminable capot loge le V8 « six litres trois quarts » dont l’assemblage requiert à lui seul 30 heures de travail. Conçu en 1959, ce moteur a fait l’objet d’une refonte majeure en vue de satisfaire les nouvelles normes antipollution. 

De toutes les transformations apportées au fil des ans, retenons surtout ce dispositif de désactivation des cylindres qui, dans des conditions idéales (chaussée plane, vitesse de croisière stable et semelle droite pas trop lourde), permet une réduction de 15 % de son importante consommation.

Au volant – 70 %

Totalement étouffé sur le plan sonore, ce moteur soutenu par deux turbos ne l’est certainement pas dans les performances. L’accélération est fulgurante les 100 km/h sont atteints en moins de six secondes mais jamais violente ou brusque. Impression rassurante de disposer sous le pied droit d’une inépuisable réserve de chevaux-vapeur et, sous le pied gauche, d’un freinage vigoureux. La discrétion mécanique tient aussi à l’emploi d’une boîte automatique comportant huit rapports, ce qui évite d’exploiter les hauts régimes. 

Une Bentley ne se conduit pas avec les doigts mais avec les mains. Lorsque vous avez compris ça et jaugé les dimensions extérieures de cette berline tirée à quatre épingles, vous avez une chance de céder à ses charmes. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, ce charme opère. 

Sur la route, la Mulsanne fait oublier son poids et enchaîne les virages en souplesse sans que son train avant rechigne à changer de cap. La direction est ferme et précise. Un système électronique d’assistance à la traction capable de réguler l’accélération et un contrôle automatique d’assiette facilitent la maîtrise de la Bentley. Étant donné le poids de l’engin, il est toutefois préférable de ne pas défier avec trop d’audace les lois de la physique. 

Premier virage abordé à vive allure : on se pince encore. La Mulsanne prend sa trajectoire sans sourciller. Dire que cette Bentley procure des sensations fortes est une erreur. Elle coupe du monde extérieur, mais sa précision de conduite est tout simplement hallucinante pour une auto de ce gabarit. 

Portée par des suspensions toujours aussi onctueuses, mais plus fermes dans le contrôle des mouvements de caisse, la Mulsanne affiche un tempérament enjoué sinon sportif par rapport à l’idée que l’on s’en faisait. Compréhensible, dans la mesure où le conducteur peut programmer le niveau de fermeté des éléments suspenseurs et de la direction selon ses désirs grâce à trois modes prédéfinis. 

Conclusion – 70 %

Dessinée par le Belge Dirk van Braeckel, lequel s’est beaucoup inspiré des Bentley d’après-guerre, la Mulsanne combine l’élégance et l’équilibre des proportions, mais la partie avant dérange. Elle ressemble vaguement à une interprétation moderne de la défunte Studebacker Avanti, ne trouvez-vous pas? 

Forces

Un monument comme il ne s’en fait plus

Le style vieux manoir anglais 

Le confort de la banquette arrière 

Faiblesses

La prétention qu’elle a de se changer en sportive 

Le regard des environnementalistes 

La conduire plutôt que de s’asseoir derrière