Buick Regal 2011

Buick Regal

Opération rajeunissement en cours

La Regal débarque pour aider GM à abaisser la moyenne d’âge de la clientèle de Buick, comme l’ont fait avant elle l’Enclave et la LaCrosse. Cette berline intermédiaire à traction bonne pour cinq occupants s’en vient concurrencer principalement, selon GM, l’Acura TSX et la Volkswagen Passat CC.

Carrosserie La Regal est née Insignia en Europe, dans le giron d’Opel (cette division que GM a failli vendre à l’équipementier canadien Magna avant de se raviser à la dernière minute). On peut dire sans rire qu’elle a grandi sur les autobahn, ce qui, comme on le sait, forge le caractère ! La même calandre en fanons qui orne l’Enclave et la LaCrosse poursuit sa signature visuelle du côté de la Regal. De profil, on dirait un coupé, alors que ses quatre portières et son coffre ample offrent bel et bien la praticabilité d’une berline. Elle chausse du 18 ou du 19 pouces. La CXL est en vente depuis juillet, tandis que la CLX Turbo le sera cet automne. Quand GM a dévoilé la Regal au dernier salon de l’auto de Detroit, elle nous a montré un prototype GS à transmission intégrale. Or, il verra le jour, mais GM refuse de dire quand et s’il s’éloignera ou pas du concept. Par contre, nous savons qu’une livrée moins chère, la CX, avec sièges en tissu, se pointera à l’été 2011. On continuera de l’appeler Insignia en Europe et Regal en Chine où, d’ailleurs, une usine locale fournit la nation de Mao. Ce qui m’amène à poser une question, comme cela, en passant : combien de temps s’écoulera-t-il avant qu’une Regal roulant au Québec soit truffée de pièces made in China ?

Habitacle Bien assemblé et conçu avec le souci d’une ergonomie prudente. Beaucoup de chrome (l’auto est un « hit » en Chine), mais on a évité le débordement vers le clinquant. L’instrumentation se révèle moderne, les contrastes plaisent à l’œil, la boîte à gants est immense, et les gâteries de série comprennent un siège du conducteur avec soutien lombaire électrique, la radio satellite XM, une prise USB, la connectivité Bluetooth et le système de communication OnStar. Oui, c’est vrai, de plus en plus de véhicules offrent ces gadgets. Les intégrer intelligemment, voilà le défi. Buick y répond notamment avec une mollette multifonction pour la navigation, la sono et le téléphone. Au premier coup d’œil sur la banquette, la portière entrouverte, j’ai tout de suite cru que j’y serais à l’étroit. Erreur. Le dégagement pour les jambes et pour la tête est suffisant et, même, très confortable si le passager devant ne recule pas son siège à outrance. À défaut de pouvoir rabattre les dossiers arrière, une trappe permet d’accéder au coffre, au demeurant généreux.

Mécanique Deux 4-cylindres Ecotec au menu. Le premier, un 2,4-litres de 182 chevaux et produisant un couple de 173 livres-pieds, utilise quatre soupapes par cylindre, le calage continuellement variable, l’injection directe de carburant et le contrôle des gaz électronique.  Le second exhibe lui une cylindrée de 2 litres mais 220 chevaux et un couple de 258 livres-pieds grâce à son turbocompresseur (les premières Solstice ont reçu ce moteur). Les deux engins sont reliés à une boîte de vitesses automatique à 6 rapports qui autorise les changements manuels quand on a le goût de diriger le sélecteur vers le + ou le – de la console au plancher. D’ici la fin de l’année, GM prévoit être en mesure d’offrir la CLX Turbo avec une boîte manuelle Aisin à 6 rapports.

Comportement La plateforme Epsilon combine sa rigidité à une direction rapide (mais un peu trop élastique) et à une suspension bien dosée (McPherson à l’avant, multibras à l’arrière) pour nous donner une tenue de route qui n’a absolument rien à voir avec le style paquebot qui a fini par entacher la réputation de Buick. Il appert clairement que les origines européennes de cette Opel désormais nord-américanisées rapportent des dividendes bénéfiques pour le conducteur. Une influence d’ailleurs impossible à nier puisque les premières Regal qui débarqueront chez nous proviendront de Russelsheim, en Allemagne. À partir du premier trimestre de 2011, l’usine GM à Oshawa (Ontario) prendra la relève. Dans les montagnes de la vallée de l’Okanagan où s’est déroulé le lancement canadien de la Regal, la boîte de vitesses a parfois bégayé avant d’arrêter son choix sur le bon rapport. Je l’ai aidée en passant sur le mode manuel et en écrasant l’accélérateur au plancher avec comme résultat que la Regal émet une sonorité encourageante mais ne bondit pas exactement vers l’avant. Sur une droite idéale, j’ai mesuré un 0 à 100 km/h de plus de 11 secondes. Mais au volant de la CXL Turbo, c’est une autre histoire. Ce moteur (le premier à être turbocompressé chez Buick depuis la légendaire Grand National) rend des services plus complets. Avec le Turbo vient en option un Interactive Drive Control. Ses trois modes – Normal, Tour et Sport – modifient la sensibilité de la direction, le calibrage des amortisseurs et la vitesse des changements des rapports. De plus, au fil des kilomètres, le système tente d’épouser la personnalité du conducteur. Et si le conducteur principal change ? « Le dispositif fait des merveilles », m’a répondu Fred Dixon, le responsable des produits de format intermédiaire chez GM Canada. Permettez-moi un brin de scepticisme. Quand une auto m’ouvrira elle-même la portière en me demandant si j’ai bien dormi, seulement alors croirais-je qu’elle me reconnaît et se comportera sous mon pied droit comme l’étalon réagit aux ordres imperceptibles de son cavalier. En attendant, je crois qu’il y a des limites à la sensibilité d’un logiciel ! Tout ça pour vous dire, tout de même, que le programme Sport fonctionne : les amortisseurs se raidissent, le rapport en place persiste plus longtemps pour nous donner un maximum de révolutions, et les rétrogradations sont plus vives. On choisira le mode Tour pour que la berline encaisse mieux les nids-de-poule. Est-ce à dire que je ne recommande pas le 2,4-litres ? Non car, pour les gens intéressés par une Buick contemporaine et qui n’ont absolument pas le pied pesant, le moteur atmosphérique devrait faire l’affaire. Ce qui nous place dans une situation quand même amusante : d’une part, il y a les stratèges de GM qui veulent transformer Buick et, d’autre part, il y a cette motorisation un peu juste. Allons chercher de nouveaux amateurs (turbo) mais n’effrayons pas les anciens (atmosphérique).

Conclusion L’actuelle gestion de Buick fournit une idée de l’élan que tente d’imprimer GM à chacune de ses divisions survivantes. Et ça semble marcher : 50 % des acheteurs d’Enclave sont des femmes. Qui aurait dit cela d’une Buick il y a cinq ans ? En Chine, l’âge moyen des acheteurs de Regal est de 32 ans. Au tour maintenant des Nord-Américains de réaliser que Buick ne rime plus avec soporifique. En offrant trois modèles, la marque plus que centenaire (1903) répond tout juste à 15 % des besoins des consommateurs; elle vise 40 à 45 % rapidement, d’où l’arrivée prochaine d’une petite Buick et d’un multisegment. La Regal accélérera-t-elle la métamorphose de Buick ? Je dis oui. Un essai vous convaincra du bien-fondé des nouvelles ambitions de la marque.

Forces

Silhouette moderne

Plateforme robuste et tenue de route homogène

2-litres Turbo vivement conseillé

Faiblesses

Moteur de 2,4 litres un peu juste

Habitacle harmonieux mais qui ne déborde pas d’imagination