Chevrolet Bolt 2018

Essai routier – Chevrolet Bolt – Antoine Joubert

1 257 mots

Chevrolet Bolt 2018

Modèle à suivre?

Par Antoine Joubert

Nommée voiture nord-américaine de l’année par le jury du NACTOY (North American Car of the Year), la Bolt est sans aucun doute la voiture ayant fait couler le plus d’encre cette année… avec la Challenger Demon. Évidemment, ces deux voitures n’ont pas fait jaser pour les mêmes raisons, l’une étant juste un peu plus énergivore que l’autre. Or, la Bolt a capté l’attention du public en raison de son autonomie, qui surpasse celle de toute voiture électrique vendue à prix raisonnable. Même la BMW i3, vendue environ au même prix que notre sujet, ne propose que la moitié de l’autonomie de la Bolt en mode 100 % électrique. Vous aurez donc compris que pour l’acheteur non initié souhaitant passer à l’électrique, la Bolt se place en tête de liste. Maintenant, au-delà de l’autonomie, cette compacte à hayon possède, comme toute voiture, qualités et défauts que voici.

Tour du propriétaire (80 %)

Jolie, la Chevrolet Bolt? Pas laide. Je dirais même sympathique. Hélas, la voiture n’a pas autant de sex appeal que le prototype qui avait été dévoilé en janvier 2015 au Salon de Détroit. On lui reconnaît ses proportions ainsi que son museau, passablement réussi sur le plan esthétique. Hélas, le toit ouvrant entièrement vitré disparaît et la forme des glaces latérales est entièrement revue. On élimine d’ailleurs sur le modèle de production la glace de custode, de forme triangulaire, pour la remplacer par un panneau décoratif noir qui imite la présence d’une glace, à la façon du Nissan Murano. Voilà qui est plus ou moins réussi. Autre déception, cette voiture pourtant poussée sur le plan technologique n’affiche qu’un coefficient de traînée de 0,32, et ce, malgré des efforts aérodynamiques effectués dans le soubassement.

Deux versions de la Bolt sont livrables pour le moment, soit LT et Premier. La seconde, vendue 5000 $ de plus, se démarque esthétiquement par des poignées de porte chromées, des roues en aluminium poli ainsi que par ses rails de toit. Rien de bien attrayant si vous voulez mon avis. De ce fait, et parce que l’équipement n’est pas non plus beaucoup plus généreux, il est clair que le modèle LT aura plus de succès.

Vie à bord (70 %)

Elle offre un volume cargo intéressant, possède des sièges rabattables à plat et peut accueillir cinq personnes sans broncher. Manifestement, la Bolt est une compacte pratico-pratique. Maintenant, le conducteur doit composer avec un irritant majeur, soit un baquet extrêmement inconfortable. Trop ferme, trop étroit, le siège rend les longues balades sérieusement pénibles, ce qui va bien sûr à l’encontre de l’objectif de cette voiture, qui souhaite vous amener plus loin que n’importe quelle autre électrique. Voilà donc un point qu’il faudra retravailler, et vite.

En contrepartie, il est clair que le poste de conduite, pour sa part, est des plus attrayants. Certes, la qualité de la finition est correcte, sans plus, mais la présentation graphique de l’instrumentation comme de l’écran central de 10,2 pouces est carrément géniale. De façon ingénieuse, on vous livre donc l’information concernant vos habitudes de conduite, sur l’autonomie restante, même sur l’autonomie potentielle si vous choisissez de conduire de façon plus écoresponsable. D’ailleurs, par toutes sortes de subterfuges, la Bolt vous incite à devenir un conducteur plus soucieux de l’économie d’énergie. Quant au temps de recharge restant (environ neuf heures sur 220 volts pour une pleine charge), il vous sera indiqué à même l’écran central ainsi que sur une application mobile que vous pouvez télécharger. Fait intéressant, aucune version de la Bolt ne propose le système de navigation, même en option. La voiture est en revanche dotée de l’application Apple CarPlay/Android Auto et du Wi-Fi 4G (lequel requiert un abonnement), ce qui vous permet bien sûr d’accéder à la navigation via votre appareil mobile.

Technique (95 %)

Difficile de ne pas applaudir les efforts effectués par GM pour créer une voiture aussi efficace et avant-gardiste par rapport à la concurrence. Bien sûr, le châssis de la voiture a été conçu en fonction d’accueillir cette immense batterie de 60 kWh, laquelle se situe dans le plancher. D’ailleurs, il était nécessaire que cette batterie ne soit pas positionnée plus en hauteur, puisque sa masse à elle seule dépasse les 400 kilos. La voiture elle-même est d’ailleurs passablement lourde, surpassant même en poids le plus luxueux des Honda CR-V.

Au volant (75 %)

Qui a dit déjà qu’une voiture électrique n’était pas rapide? Eh bien, sachez que la Bolt passe de 0 à 100 km/h en 7,1 secondes, ce qui en surprendra plus d’un. En fait, grâce à son couple généreux, elle accélère comme une fusée, laissant même de longues traces de pneus au sol si vous désactivez l’antipatinage et placez la voiture en mode Sport. Il faut dire que les pneumatiques à faible adhérence, en plus d’être autoscellants, ne sont pas ceux qui vous donnent la meilleure traction. Ils sont d’ailleurs en partie responsables de longues distances d’arrêt lors d’un freinage d’urgence, ce qui est plutôt décevant. D’ailleurs, en plus d’être mal chaussée, la voiture n’impressionne guère par la dimension et la puissance de ses freins qui, rappelons-le, ont pour tâche d’immobiliser une masse plutôt lourde. Autre déception, le confort, loin d’être impressionnant, surtout lorsque trois ou quatre personnes prennent place à bord. Cela s’explique par un empattement court et une suspension plutôt ferme. Inutile de vous dire que la combinaison sièges/suspension de cette voiture engendre une expérience de confort plutôt décevante.

Quoi qu’il en soit, le plus grand plaisir obtenu au volant de la Bolt demeure la régénération d’énergie, que le conducteur se plaira à optimiser jour après jour. Croyez-moi, cela deviendra un jeu. On vous affiche d’ailleurs à l’écran des résultats de rendement que vous tenterez de battre comme s’il s’agissait d’une compétition. Pour ce faire, il suffit de décélérer. Les batteries se rechargeront alors de façon instantanée, avec plus de vigueur si vous ralentissez sur une plus longue distance. Vous pourrez même, en plaçant le levier de vitesses en mode « L », immobiliser complètement le véhicule sans même appuyer sur les freins. Un principe de conduite certes intimidant au début, mais avec lequel on devient rapidement familiarisé. Il vous est même possible d’accentuer le freinage de la voiture avec le frein moteur, toujours sans toucher aux freins, en appuyant sur un levier placé derrière le volant lors de la décélération. Voilà qui est génial.

Conclusion (75 %)

Et l’autonomie, elle? GM annonce une distance de 383 kilomètres, réaliste dans de belles conditions. Certains mordus ont même réussi à atteindre le cap des 500 kilomètres sur une seule charge, sans doute en conduisant de façon dangereuse. Quant à moi, j’ai parcouru 331 kilomètres dans de belles conditions, dans un trajet composé à 60 % d’autoroute, climatiseur en fonction. Après quoi, la voiture affichait une autonomie restante de 34 kilomètres. Pas mal. Maintenant, posez-vous cette question : Avez-vous réellement besoin d’une voiture vous offrant 400 kilomètres d’autonomie? Est-ce que l’utilisation quotidienne que vous faites de votre voiture justifie de débourser de 10 000 $ à 15 000 $ de plus que pour une e-Golf ou une Hyundai Ioniq? Car ces voitures, plus conviviales et confortables, proposent une autonomie réelle d’un peu plus de 200 kilomètres. Si oui, vous êtes parmi les rares qui parcourez de longues distances sur une base quotidienne, ce qui justifie alors le déboursé de la Bolt. Or, si comme la grande majorité des automobilistes vous parcourez moins de 80 kilomètres par jour, la Bolt est selon moi un mauvais choix. Faites-en l’essai et comparez avec la concurrence. Vous verrez que l’autonomie et la puissance sont les seuls réels avantages de cette voiture.

Forces

• Autonomie
• Puissance
• Interface graphique du tableau de bord

Faiblesses

• Confort des sièges
• Prix
• Comportement routier quelconque
• Puissance des freins compte tenu du poids

A : Plutôt que d’intégrer une glace de custode comme sur le véhicule concept, la Bolt est dotée d’une fausse glace peinte de couleur noire, qui rappelle un principe de design du Nissan Murano.

B : Très spacieux, le coffre propose un volume total de 1602 litres lorsque les sièges arrière sont rabattus.

C : La Bolt est équipée de feux à DEL à l’avant comme à l’arrière, lesquels prennent une forme particulière facilement distinctive.

D : La Bolt vous donne l’autonomie réelle basée sur votre conduite, mais aussi une autonomie projetée si vous modifiez de façon positive ou négative votre façon de conduire.

E : À l’écran se trouve un compte rendu de l’utilisation énergétique que vous pouvez modifier ou personnaliser.