Dodge Caravan 2008

DODGE GRAND CARAVAN

Le leader se réinvente encore

Aucun constructeur ne comprend mieux le marché des fourgonnettes que Chrysler. De un, ce marché, la compagnie l’a inventé en 1983 (souvenez-vous de l’Autobeaucoup). De deux, Chrysler le domine depuis le début. Depuis 24 ans, malgré les assauts répétés des concurrents, Chrysler est demeuré le meilleur vendeur de fourgonnettes au Canada, aux États-Unis et dans le monde entier! Des oiseaux de mauvais augure prédisent l’extinction de la minifourgonnette et, de fait, des joueurs importants tels Ford et GM ont abandonné ce créneau en faveur des utilitaires et des véhicules multisegments (crossovers), la nouvelle saveur à la mode. Mais pendant ce temps, la minifourgonnette continue d’être la troisième catégorie de véhicule la plus vendue au pays, derrière les compactes et les camionnettes. En somme, ce véhicule est aussi importante pour Chrysler que le iPod pour Apple ou les barrages pour Hydro-Québec. Sans lui, Chrysler aurait péri pour de bon. La compagnie a revisité sa Grand Caravan avec la ferme intention d’épater à nouveau la galerie.

CARROSSERIE

La structure monocoque n’est plus offerte en empattement court. Chrysler veut donner plus d’espace à son public mais à un prix similaire, voire inférieur à celui de l’ancien modèle. De surcroît, les ingénieurs ont amélioré le rayon de braquage et adouci la direction pour prouver aux acheteurs potentiellement intimidés par quelques centimètres supplémentaires que, vraiment, y a rien là!

Dodge offre désormais trois versions, soit une version

de base unique au Canada, une SE et une SXT. De son côté, Chrysler offre deux Town&Country (trois aux États-Unis).

Le designer Ralph Gilles, 37 ans, le cerveau derrière le succès stylistique qu’est la 300, a supervisé le renouveau visuel de la Grand Caravan. Le Montréalais tenait à s’éloigner de la forme jelly bean des précédentes versions. Il a donc opté pour des lignes nettement plus carrées. Au lancement, j’ai entendu l’expression «boîte à pain» de la bouche d’un collègue. La décision de standardiser le rideau gonflable a aussi forcé cette silhouette rectiligne. De toute façon, les efforts d’autres constructeurs pour rendre leur fourgonnette originale a souvent laissé les acheteurs sceptiques (je pense aux premières tentatives de GM, surnommées dust buster, et à la Nissan Quest). La nouvelle Grand Caravan n’a pas soulevé de passion, mais on sait aussi que ses acheteurs ne veulent pas d’une allure excentrique. Les formes ciselées se poursuivent sur les flancs avec des touches qui animent les panneaux. Les ailes musclées et les piliers amincis brisent la monotonie. La calandre est athlétique pour la Grand Caravan, élégante pour la Town&Country.

Une attention particulière a été apportée à l’insonorisation grâce à la multiplication des joints d’étanchéité et des matériaux isolants, ce qui est un brin ironique puisque la principale vocation d’une fourgonnette consiste à transporter des marmots bien en voix!

HABITACLE

C’est ici qu’une fourgonnette triomphe ou échoue. Chacun des membres d’une famille qui s’engouffre dans ce genre de véhicule s’attend à trouver un petit quelque chose pour lui. Chrysler le sait et s’y est appliqué, tout en ne perdant pas de vue la facture finale. C’est ainsi que le plastique est employé à toutes les sauces. Les lignes intérieures reprennent le style rigoureux de l’extérieur, avec des formes drues, dénuées de courbes.

Inutile d’insister sur les 13 porte-gobelets, les espaces de rangement au plafond et dans le plancher, les prises auxiliaires ou l’énorme boîte à gants double car, vous le savez, ces éléments sont essentiels. En revanche, soulignons les lampes de lecture qui ne nuisent pas au conducteur, le disque dur et le port USB pour lecteur MP3, la console centrale qui coulisse et se divise pour les occupants du devant et du centre, les deux écrans DVD qui permettent aux passagers du milieu et du fond de visionner des films différents ou la télé satellite de Sirius, et la banquette du fond 60/40 qui s’enfonce dans le plancher manuellement ou électriquement.

Il faut particulièrement insister sur la configuration versatile des sept places. Il y a trois ans, Chrysler a charmé son public avec le système Stow’n’Go (les sièges disparaissent dans le plancher). Pour 2008, l’innovation majeure s’appelle Swivel’n’Go: les sièges médians pivotent à 180 degrés. Leurs occupants peuvent ainsi faire face à ceux de la banquette. Ajoutez-y la table optionnelle et l’expression restauration rapide n’a jamais eu autant de sens: les enfants dévorent leur Big Mac pendant que l’infatigable papa tient le cap vers Disney World. Il y a une attrape cependant: vous devrez choisir entre le Stow’n’Go et le Swivel’n’Go. Ce dernier fait en sorte que la ceinture de sécurité est intégrée au siège et donc commande une armature trop épaisse pour disparaître dans le plancher. N’oubliez pas non plus que le rembourrage plus mince des sièges Stow’n’Go peut satisfaire des enfants mais peut-être pas des adultes durant un long trajet. À vous d’évaluer vos réels besoins.

MÉCANIQUE

Trois V6 au menu: 3,3 litres de 175 chevaux, 3,8 litres de 197 chevaux et 4,0 litres de 251 chevaux. Le 3,3 litres accepte du carburant contenant jusqu’à 15% d’éthanol. Aucune boîte manuelle n’est offerte. La transmission automatique jumelée au 3,3 litres comporte quatre vitesses, alors que les deux autres blocs bénéficient de six rapports. Les suspensions indépendantes autorisent un plancher de chargement plat, tandis que le rouage intégral autrefois offert a pris le bord depuis l’arrivée du système Stow’n’Go (impossible d’installer du 4 x 4 quand des sièges cachés dans le plancher sectionnent le châssis en deux).

COMPORTEMENT

Chassez immédiatement de votre esprit toute velléité de sportivité! Le volant très assisté (excellent rayon de braquage), la suspension plutôt molle et le gabarit du véhicule vont dans le sens contraire. Cela dit, j’ai aimé le 3,3 litres pour son caractère enjoué, davantage en fait que le 3,8 litres. J’ai également observé un roulis minimal dans les virages négociés secs dans les environs de San Diego, à des vitesses nullement représentatives de celles qu’adopteront les véritables utilisateurs de la Grand Caravan.

Il m’a fallu un certain temps pour apprivoiser le sélecteur de vitesses planté dans le tableau de bord au lieu d’être greffé au volant. Dans le fond, le message est clair: choisis «D», oublie la transmission et profite du paysage!

CONCLUSION

Chrysler a pris les moyens pour maintenir la popularité du véhicule qui constitue son pain et son beurre. Elle vient d’améliorer et de moderniser son offre sans affecter le critère numéro un d’achat du client type, juste avant celui du volume habitable: les paiements mensuels.

Tant qu’il y aura des familles au Canada, Chrysler vendra des fourgonnettes. À moins que la cuvée 2008 elle-même ne favorise une recrudescence des naissances…

FORCES

24 ans plus tard, Chrysler innove encore

Intérieur qui devine les besoins d’une clientèle variée

Rapport qualité/prix maintenu et même amélioré

FAIBLESSES

Système Stow’n’Go manuel pas si simple que ça à opérer à la mitaine

Allergiques au plastique, s’abstenir!

Volant non télescopique (mais pédalier ajustable…)