Dodge Viper 2006

Dodge Viper

Défier la bête

Nous venions de boucler trois tours parfaits du Circuit Mont-Tremblant, en défiant toutes les lois de la physique. J’étais éberlué par le talent et la maîtrise du pilote assis à mes côtés, le très sympathique Claude Bourbonnais, pilote de course devenu instructeur. Il venait de me donner une leçon sur l’art subtil du pilotage à bord de ce qui est certainement la voiture la moins subtile sur la route. C’était maintenant à mon tour, non pas d’imiter le maître mais, simplement, de tenter d’éviter le pire au volant de cette bête féroce. Il y a de quoi être saisi de frayeur : ce n’est pas tous les jours que l’on s’assoit derrière un V10 monstrueux de 8,3 litres, qui développe plus de 500 chevaux et un couple 525 lb-pi. La Viper, c’est la rencontre entre un tracteur de semi-remorque et une fusée Titan.

CARROSSERIE

Cette deuxième génération de la Viper possède des formes plus anguleuses que sa devancière, mais elle conserve tout le caractère agressif de la version originale. Cela est certainement dû aux proportions de la voiture, avec son capot assez long pour abriter un gros V10, ses roues immenses et son habitacle reculé à l’extrême. Si vous pensez que la Viper est une voiture intimidante à voir, attendez de vous glisser derrière le volant; cela vous donnera une toute autre perspective de la chose. Vue de l’intérieur, les arêtes vives des ailes avant de notre voiture d’essai, toute noire, me donnaient l’impression de conduire la Batmobile. Cette année, Dodge ajoute finalement la version coupé qui vient rejoindre le roadster. Cette nouvelle configuration devrait relancer les ventes de la Viper qui étaient un peu au ralenti depuis quelques temps.

HABITACLE

Le cockpit est étroit et il y règne une chaleur intense, car les deux gros tuyaux d’échappement passent directement dans les seuils des portes et dégagent une chaleur impressionnante. L’habitacle de la Viper a été dessiné par le Montréalais Ralph Gilles et c’est une réussite dans le genre minimaliste et fonctionnel. L’espace pour les pieds est cependant très réduit, et Claude Bourbonnais préférait carrément piloter nu pied !

MÉCANIQUE

Il faut véritablement être un surhomme pour dompter toute cette puissance et arriver à exploiter les possibilités de la Viper. En plus de l’effrayant V10, vous avez droit à des freins surdimensionnés et à une boîte manuelle à six rapports.

COMPORTEMENT

Cette voiture n’a rien d’une vipère, Dodge s’est carrément fourvoyé en choisissant ce nom. Sur le circuit du Mont-Tremblant, loin de se faufiler comme un petit serpent venimeux, elle chargeait, d’un virage à un autre, comme un rhinocéros en furie. La Viper se dispense des systèmes électroniques d’aide à la conduite que l’on retrouve maintenant sur la plupart des voitures. Dans mon cas, le système d’aide à la conduite était assis juste à côté de moi et il s’appelait Bourbonnais… Malgré mon casque et le bruit du vent, je l’entendais hurler à chaque fois que j’attaquais un virage avec trop d’enthousiasme : « Tu vas la spiner … tu vas la spiiiinnneeeer !!! ». À moins qu’un instructeur de haut niveau ne prenne place à vos côtés, la Viper, avec son caractère bestial et impétueux, est passablement délicate à conduire, surtout sur la voie publique.

CONCLUSION

On peut reprocher à la Viper son manque de raffinement et considérer que, pour un telle somme, on peut aussi se payer deux Corvette ou, encore, une belle Porsche 911, mais cette voiture est une drogue dure qui a ses accros. Ils sont certainement tous envoutés par cette fougue brutale qui fait d’elle une voiture incomparable.

P.S. Merci Claude pour ta patience !

FORCES

Puissance démoniaque

Freins surpuissants

Allure extrovertie

FAIBLESSES

Prix corsé

Habitacle inconfortable