Ferrari Enzo 2005

Ferrari Enzo

De la F1 à la ville

La journée s’annonçait déjà excellente puisque j’étais au Mont-Tremblant pour y conduire deux ou trois Ferrari « régulières ». Mais lorsqu’un ange gardien me chuchota « si tu es patient, je vais t’organiser un tour en Enzo », j’ai failli tourner de l’œil. Patient, je l’ai été. Et comme promis, j’ai rencontré un multimillionnaire et son Enzo.

Carrosserrie

Comprenez que j’avais devant moi l’une des 399 voitures – pas une de plus! – assemblées par l’usine de Maranello en guise d’hommage ultime à son fondateur, décédé en 1988. Une sportive d’un million de dollars US. On dirait un jet à réaction posé sur des roues; un look supersonique obtenu sans le gigantesque aileron des devancières. Pour ouvrir le compartiment moteur, le proprio a dû soulever la moitié arrière de l’auto. Pour supporter le capot, il a saisi une tige et l’a installée en travers du moteur, comme pour bloquer la gueule d’un crocodile. Dispositif simplet pour voiture mythique…

Habitacle

Après avoir farfouillé avec la minuscule poignée couchée sur le flanc bombé, la portière en aile de mouette a aisément pivoté pour me livrer accès au siège. Prendre place entre des mâchoires en cuir exige de la pratique. Le proprio l’avait; moi, j’ai cherché des points d’appui tout en courbant la nuque et soulevant une jambe. Au tour ensuite de la ceinture de sécurité. Comme dans une F1, elle est composée de deux épaulières reliées sur la poitrine. Pas sûr que les habits trois pièces apprécient ce genre de traitement. Enfin, j’étais harnaché et, ma foi, plutôt confortable. Des constructeurs se vantent d’utiliser de la fibre de carbone dans leur habitacle. Un petit bout sur le sélecteur de vitesses, un autre sur le frein à bras. Le cockpit de la Enzo, lui, en regorge. Les portières en sont littéralement tapissées et les cadrans s’y noient. Oubliez toutefois le porte-gobelet et la radio. Il n’y a que des boutons, dont une galaxie sur le volant.

Mécanique

V12 de 6 litres développant 660 chevaux sans l’aide d’un turbo, vitesse maximale de 350 km/h, le 0-100 en moins de quatre secondes, une consommation d’essence indécente, des freins en carbo-céramique, transmission à palettes au volant digne de Schumacher, interrupteur Launch Control qui permet justement des départs canons comme Michael, la Enzo est un bolide de F1 légalisé.

Comportement

Pour déplacer la bête aux abords d’un lac afin d’y réussir de belles photos (mon excuse pour devenir passager…), il faut rouler sur l’affreux chemin Séguin. Imaginez-vous en train de faire avancer une rarissime automobile sur un sentier de gravelle truffé de trous. Mon hôte l’a fait à 5 km/h, en essayant de chasser de son esprit les roches en train de torturer sa tôle bénie. Enfin arrivé sur l’asphalte, un sifflement strident s’est fait entendre par-dessus les borborygmes du moteur. La Enzo venait d’abaisser son châssis à l’aide d’amortisseurs hydrauliques. Avant d’attaquer le sentier, le proprio avait enfoncé un bouton du volant pour augmenter la garde au sol. Durant la séance de photos, un témoin s’est pris la tête à deux mains. Je ne sais pas lire sur les lèvres mais, cette fois, j’ai su : « Oh f…! Oh f…! Oh f…! » a répété le jeune pris de vertige. Il a stationné son bazou de guingois puis s’est précipité vers la déesse rouge. Il s’est néanmoins arrêté à bonne distance, comme tous les autres : on s’approche mais pas trop, de peur de commettre un sacrilège. Après, nous avons roulé. Le pilote a enfoncé la pédale en alu, le rugissement a rempli l’habitacle, guttural; dans une courbe, les freins, impériaux! Une sensation unique…

On veut régulièrement lui racheter sa Enzo en lui faisant miroiter un joli profit. Il refuse. De l’argent, il en a déjà mais, surtout, sa réputation de client serait entachée car Ferrari a horreur des spéculateurs. Avant même la naissance de la Enzo, plus de 5 000 commandes avaient afflué. Ferrari n’a pas gonflé la facture pour autant et s’attend à la même décence de sa clientèle. Notre homme possède aussi une F40 et une F50, qu’il ne vendra pas non plus. Avec les années, il ne fait qu’agrandir son garage.

Conclusion

Si je deviens communiste un jour, ce sera la faute à la Enzo.

Forces

Être devenu l’un des 399 élus de la planète à posséder ce joujou, voilà le vrai tour de force!

Faiblesses

Vous voulez rigoler?!

Nouveautés en 2005

Aucune, si ce n’est qu’elle nous fait autant saliver…