Ferrari F12 2016

L’Annuel de l’automobile 2016

Évolution

Ferrari

F12

Toujours faire mieux

Par Michel Crépault

La F12 Berlinetta est un coupé né en 2012 pour remplacer la 599 GTB et pour taquiner la Lamborghini Aventador. Elle n’a pas tardé à se faire remarquer, puisque les joyeux drilles de l’émission britannique Top Gear l’ont élue leur « Supercar of the Year 2012 ».

Tour du propriétaire

Est-elle aussi affriolante que d’autres Ferrari? Hormis ses ailes avant légèrement bulbeuses et le drôle de creux dans ses flancs, la F12 Berlinetta affiche sans doute une coque moins spectaculaire. Mais ce plumage en apparence sage comporte ses secrets. Par exemple, la vallée qui court du capot jusqu’à la croupe a été dictée à l’atelier de design Pininfarina par de savants calculs visant à garder le bolide au sol (un principe d’ailleurs baptisé Aero Bridge – le « pont aérodynamique »). Dans le même esprit, les trappes qui flanquent la grille basse se ferment quand les freins ne réclament pas leur dose d’air frais (ce qui survient lorsqu’ils ont un brûlant besoin d’être refroidis). À l’arrière, la berlinetta (un coupé sport en italien) met en valeur la « queue de Kamm » (Kamm tail) inspirée des travaux de l’aérodynamicien Wunibald Kamm dans les années 30 et selon lesquels les courbes d’une coque doivent abruptement cesser afin de réduire la résistance à l’air. Le châssis utilise pas moins de 12 alliages d’aluminium afin d’augmenter la rigidité tout en diminuant le poids (70 kg de moins que la 599 GTB), alors que 52 % des 1525 kilos de la bête siègent à l’arrière.

Vie à bord

Pour les deux personnes assez chanceuses pour s’asseoir dans la F12, l’opération n’exige même pas d’acrobaties comme c’est trop fréquemment le lot des exotiques. Cette Ferrari a vraiment à cœur d’être une Gran Turismo qui se préoccupe réellement du confort de ses occupants. Son tableau de bord s’inspire de celui de la FF mais en plus extrême. Un décor où se mêlent des cuirs fine fleur provenant de l’atelier Poltrona Frau, de l’Alutex (une fibre d’aluminium) et de la fibre de carbone, et où trois buses d’aération futuristes surplombent des interrupteurs tous ronds. La console centrale d’une minceur anorexique dessert la transmission. Ne cherchez pas d’écran d’affichage à moins de commander en option celui qui servira surtout au passager pour le renseigner sur l’état de santé des organes de la créature. Cette dernière s’offre le luxe d’un coffre à bagages digne de ce nom avec une capacité de 320 litres qui peut passer à 501 en rabattant le dossier de la banquette arrière (réservée exclusivement à des choses inanimées, enfin autant que possible).

Technique

On retrouve ici un habitué des partys endiablés qui se déroulent régulièrement sous les capots du cheval cabré, à savoir le V12 de 6,3 litres, aussi l’invité d’honneur dans la FF et la LaFerrari. Alors que chez ces deux-là l’engin déploie respectivement 651 et 789 chevaux, celui de la F12 s’installe à mi-chemin avec 730 étalons obtenus sans turbo ou compresseur, un exploit en soi. L’œuvre d’art est nantie d’un système d’arrêt/démarrage qui contribue à réduire la consommation moyenne jusqu’à 15 litres aux 100 km/h, ce qui est vraiment étonnant pour un V12, et qui se fait 30 % plus énergétique que la défunte 599. La boîte de vitesses à double embrayage à 7 rapports et palettes au volant s’avère la même qui est disséminée à travers l’écurie Ferrari.

Au volant

Des statistiques comme le 0-100 km/h en 3,1 secondes, la vitesse maximale de 365 km/h et les arrêts sans pitié exécutés par les disques en carbone-céramique ne devraient pas faire oublier les prestations axées sur le confort de la F12. La suspension magnétique, pour une, modifie la densité du fluide dans les amortisseurs afin de répondre à toutes les situations. Sur route massacrée, le liquide atténue sa densité afin d’absorber les chocs; au contraire, dès que le pilote attaque, le système raffermit le véhicule. Une kyrielle d’aides électroniques développées en F1 contribue aussi à la stabilité de cette voiture à moteur avant et motricité arrière. Malgré les kilos et le confort concédé aux occupants, le volant se montre d’une précision diabolique.

Conclusion

Le charme essentiel de la F12 est de pouvoir servir son maître à longueur d’année, à part bien sûr s’il est Québécois. Car il faudrait être loufoque dans sa tête pour la sortir l’hiver dans la gadoue (d’autant plus qu’un proprio de Ferrari n’entrepose jamais qu’une seule voiture dans son garage). Sinon, si la météo collabore, voilà une GT qui prend soin à la fois de nos vertèbres et de nos phéromones.

Forces

Magnifique V12

Consommation étonnante

Suspension adaptative

Confort et sport en même temps

Faiblesses

D’aucuns boudent le design… mais alors, ils doivent aimer la Pontiac Aztek!