Ferrari LaFerrari 2015

Ferrari LaFerrari

Après elle, le déluge !

C’est une astuce que les auteurs utilisent de temps en temps pour mettre de l’accent : nous gratifions l’article qui précède de majuscules ou d’une fonte en italique, genre « c’était LA femme fatale de son époque ». On comprend tout de suite que les charmes de cette dame survolaient la concurrence. Le patron de Ferrari, Luca Di Montezemolo, s’est servi du même procédé pour baptiser la dernière création farfelue de l’atelier de Maranello : LaFerrari.

Carrosserie

Cette supervoiture succède à l’Enzo, le précédent aimant à superlatifs. Au lieu de mandater leurs amis de Pininfarina pour dessiner le nouveau monstre, Ferrari s’est plutôt tourné à l’interne. Flavio Manzoni s’est attelé à la tâche, mais en travaillant très étroitement avec les ingénieurs pour concilier leurs objectifs. En effet, par définition, LaFerrari ne devait pas seulement évoquer une vitesse supersonique, elle avait l’obligation d’enfouir dans ses entrailles une technologie inédite pour la marque. Le signor Manzoni a dû composer avec le fait que ses petits copains ont pigé allégrement dans la division F1 de la Scuderia. Parce que des pièces du bolide aux deux extrémités allaient se déployer pour assurer la portance au sol. Parce que la motorisation hybride proposée allait embarquer 150 kilos de batterie au lithium-ion.

Malgré ces impératifs, avouons que la créature enfièvre l’imagination. Il n’y a pas une surface de la coque en fibre de carbone qui ne soit pas aphrodisiaque. LaFerrari exhibe un style trompe-la-mort enrobé d’une effervescence esthétique qui donne l’absolution. Ses flancs ressemblent à un squelette vissé sur un moteur. Sa partie avant a été conçue pour pelleter les contraventions. Son derrière en entier imite la tuyère d’une fusée.

Habitacle

Étant donné que Ferrari a prévu d’assembler seulement 499 exemplaires, la maison italienne a établi un programme de confection sur mesure de la cabine afin que chacune fasse comme un gant à l’heureux élu. Le siège a été couché au maximum. Les pédales viennent à la rencontre des jambes. Seules quelques pièces d’Alcantara s’ajoutent à la fibre de carbone hérissée d’interrupteurs semblables à ceux d’un jet. Une balade jusqu’à Vancouver ? Pas une bonne idée…

Moteur

Puisque, bien sûr, les 789 chevaux du V12 de 6,3 litres ne suffisaient pas à garantir à LaFerrari une place proéminente dans l’Histoire, on lui a adjoint un moteur électrique capable de générer 161 chevaux supplémentaires (comme la McLaren P1). Avec une puissance maximale disponible de 950 chevaux à 9 000 tours par minute, et un couple de 664 livres-pieds, là on parle ! Le système HY-KERS préconisé (Hybrid Kinetic Energy Recovery System) fait ce que même une Prius peut faire : récupérer l’énergie cinétique, au freinage par exemple, et la transférer au bloc de batteries de sorte que le moteur électrique puisse toujours compter sur du jus quand vient le temps de survolter le V12. La transmission de la puissance est l’affaire d’une boîte séquentielle à 7 rapports, alors que des freins Brembo en carbone-céramique s’occupent de nous garder en vie, à l’instar des aides électroniques habituelles.

Comportement

Malgré l’ajout du système hybride, les ingénieurs ont obtenu une répartition des masses qui sourit au bolide, soit 59 % de ses 1 255 kilos à l’arrière. Les organes mécaniques et électroniques, pour la plupart, de même que les batteries ont été logés le plus près possible du sol afin d’obtenir un centre de gravité bas (3,6 centimètres de moins que l’Enzo). Les 950 chevaux font de la LaFerrari la plus féroce à ce jour, alors que l’hybridation réussit à museler la consommation : 14 litres aux 100 kilomètres. La vitesse maximale s’établit à 350 km/h, et la voiture peut boucler le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes et atteindre 200 km/h en moins de 7. Bref, la Bugatti Veyron a désormais de la compagnie. Cette auto n’est toutefois pas à mettre entre les mains de n’importe qui (malheureusement, ce ne sera pas le cas, l’argent s’attachant aussi aux idiots), comme le prouve sur YouTube la vidéo du pilote de F1 Kimi Raikkonen en train de se farcir un rodéo d’essai sur la piste privée de Fiorano. Le champion du monde perd le contrôle et nous exécute un tête-à-queue dans le gazon de toute beauté ! Imaginez maintenant un « Ti-Jos Connaissant » plein aux as au volant…

Conclusion

Que se passera-t-il quand Ferrari créera une automobile encore plus sidérante que la LaFerrari ? Car ça arrivera, c’est écrit dans le ciel. Enfin, pour le moment, dans l’écurie du cheval cabré, c’est LA pouliche d’exception à 1,8 million de dollars. Il existe des exotiques aussi spectaculaires et encore plus sauvages, mais aucune qui marie une marque aussi légendaire à une technologie aussi interstellaire.

Forces

Silhouette descendue du ciel

Performances ahurissantes

Coup de chapeau écologique

Faiblesses

Visibilité arrière impossible

Cockpit conçu comme un sarcophage

Communauto n’en offre pas…