Ferrari
Seuls les fous ne changent pas d’idée
Ferrari était vue comme le petit village d’irréductibles Gaulois dans la sphère automobile. La seule compagnie qui allait garder la pureté de ses produits et ne pas se spolier dans la production de véhicules multisegments ou, pire, d’un VUS. Après tout, des marques comme Porsche, Jaguar, Bentley, Rolls-Royce et même Lamborghini n’ont pu résister à l’odeur des profits générés par ces montures que tout le monde désire acheter. Ferrari projette de sortir 15 nouveaux modèles d’ici 2022, du jamais-vu. Parmi ces modèles, un utilitaire qui aura plus des allures de familiale haute sur pattes. Un souhait de son ancien patron, Sergio Marchionne, qui a même laissé entendre avant sa mort que son VUS Ferrari serait plus rapide que l’Urus de son voisin italien. Ferrari va également amener un modèle hybride rechargeable dès cette année et prépare un modèle 100 % électrique d’ici trois ans. L’objectif de la marque est d’atteindre les 10 000 unités vendues d’ici 2022 en promettant de ne rien enlever à l’exclusivité de la marque.
Ce qu’il y a au menu pour 2020
Ferrari SF90 Stradale
Après avoir été pilote chez Alfa Romeo durant les années 20, Enzo Ferrari fonda, avec le financement d’amis, la Scuderia Ferrari à l’automne 1929. Préparateur de voitures de course pour Alfa Romeo, il créa ensuite la compagnie Ferrari en 1947 en récupérant la Scuderia au compte de sa propre compagnie. Pour souligner les 90 ans de la Scuderia Ferrari, la firme de Maranello écrit un nouveau chapitre de son histoire avec l’introduction de sa première série de voitures hybrides rechargeables, la SF90. Hybride branchable ne veut pas dire ennuyant. Il s’agit sans doute du modèle le plus extrême à sortir de l’usine de Ferrari. Vous avez en position centrale un moteur V8 turbo de 780 chevaux, le plus puissant V8 de Ferrari. Vous avez aussi en prime trois moteurs électriques. Le premier est à l’arrière. Il porte le nom de MGU-K (Motor Generator Unit, Kinetic) en raison de son dérivé de l’application Formule 1. Il est placé entre le moteur et l’embrayage à huit vitesses. Les deux autres moteurs sont aux essieux avant. En tout, ces trois petits moteurs ajoutent 220 chevaux pour un total de 1000. Vous avez du même coup un véhicule à transmission intégrale capable de faire 16 km en mode tout électrique. C’est vrai que ce n’est pas beaucoup, mais ce n’est pas le but principal de cette voiture qui annonce un 0-100 km/h en 2,5 secondes et un 0-200 km/h en 6,7 secondes. L’importance de la transmission intégrale prend tout son sens pour tenir toute cette puissance sur la route. Ferrari offre quatre modes de conduite, qui vont du tout-électrique géré en mode propulsion seulement au mode puissance qui utilise tous les chevaux disponibles pour vous donner la chair de poule. Les commandes électroniques s’occupent de la gestion et du partage de flux de puissance entre le V8, les moteurs électriques et les batteries. Ferrari promet, malgré une puissance pharaonique, une conduite très simple et facile grâce à la combinaison des moteurs électriques avant qui contrôlent indépendamment le couple transmis aux deux roues, élargissant ainsi le concept de transmission par couple. Pour des performances maximales en matière de masse totale, de rigidité et de centre de gravité, le châssis et la carrosserie de la SF90 Stradale sont tous nouveaux, construits avec une technologie multimatériaux, comprenant par exemple la fibre de carbone pour compenser le poids élevé des batteries. Aucun prix n’a encore été annoncé, mais soyez assuré que cela va faire mal. Contrairement aux modèles uniques comme la F40 ou l’Enzo, Ferrari compte produire la SF90 pour quatre ou cinq ans. Ce qui vous donne un peu plus de temps pour remporter un très gros montant à la loterie.
Ferrari F8 Tributo
La voiture de la plèbe chez Ferrari se nomme maintenant la F8 Tributo. Il s’agit dans les faits de la remplaçante de la 488 GTB mais avec le moteur plus puissant de la version plus exclusive de la 488 Pista. Le châssis est à la base le même que sur la 488 et le mot Tributo, qui signifie « hommage » en italien, fait un clin d’œil à certains modèles célèbres de la marque comme la lunette arrière en polycarbonate qui s’inspire de la F40 ou les feux ronds à l’arrière de l’époque des 308. Une manière assez simple de distinguer une F8 Tributo d’une 488 est de regarder les larges prises d’air à l’avant, qui servent à la fois à améliorer l’appui aérodynamique et à améliorer le flux d’air. Cette plus grande prise permet une augmentation de l’appui au sol de 15 % face à la 488. La mécanique retenue est toujours le V8 de 3,9 litres, qui pousse la puissance à 720 chevaux et 8000 tr/min, ce qui est remarquable pour un moteur turbo de production. La première 488 offrait 670 chevaux. La chasse aux chevaux-vapeur ne semble pas vouloir s’essouffler. Ferrari a aussi travaillé sur le poids en le réduisant de 40 kilos par rapport à la 488 Le poids annoncé est à 1330 kilos pour 720 chevaux, un ratio poids-puissance impressionnant qui permet à cette fusée de se taper un 0-100 km/h en 2,9 et 7,8 secondes pour un 0-200 km/h. Ferrari a également retravaillé l’intérieur pour assurer un meilleur confort et une plus grande insonorisation. Il faut tout de même se poser des questions sur l’avenir de ces sportives d’entrée de gamme, car une tradition a été brisée avec l’appellation de ce modèle. Ferrari a l’habitude de changer de patronyme en conservant son chiffre de base. Ainsi, la 308 est devenue la 328, qui est devenue la 355-360 avant de passer au 4 avec la 430, la 458 et la 488. Ferrari a brisé une tradition en renommant son modèle F8 Tributo. Certains affirment que cette F8 pourrait être la dernière d’une longue lignée, qui laisserait place à une nouvelle génération de Ferrari avec moteur V6 ou hybride V8. Seul l’avenir nous le dira.
Ferrari Portofino
La Portofino a remplacé l’an dernier la California T arrivée en 2010. Lors de la présentation de la California, les responsables avaient mentionné que la voiture s’adressait aux gens qui n’avaient pas de Ferrari. On voulait un marché de conquête pour les gens qui n’adhèrent pas à la théorie de la pure et dure sportive de Ferrari. Un coupé/décapotable au toit rigide qui est à l’aise sur la promenade des Anglais à Nice ou, dans le cas de la récente Portofino, sur la Riviera italienne. La Portofino repose essentiellement sur le même châssis que la California T, mais Ferrari a raffiné sa méthode de construction en utilisant par exemple plus d’aluminium, ce qui permet de rigidifier la coque de 35 %. Un nouveau principe d’assemblage réduit le nombre de pièces et permet au total de diminuer le poids total de près de 80 kilos. Au même moment, les ingénieurs ont révisé la mécanique V8 turbo en ajoutant quelque 40 chevaux au V8 3,9 litres turbo, qui développe maintenant 591 chevaux. Mais il faut voir la Portofino comme la plus civilisée des Ferrari. Vous avez par exemple une ligne d’échappement dotée de valves électriques pilotées (une première pour la marque). Cela veut dire qu’au moment de démarrer la voiture, les valves sont fermées pour ne pas réveiller vos quatre voisins immédiats. Si vous faites le choix de conduire en mode Confort, le son sera plus étouffé. Si vous placez le Manettino en position Sport, les valves s’ouvrent totalement de manière à ce que le V8 chante sa symphonie. Les places arrière demeurent, mais elles serviront surtout à un surplus de bagages ou à de jeunes enfants, c’est tout. La Portofino est surtout boulevardeuse, mais le V8 est capable de vous donner la frousse lors de violentes accélérations. Gardez en tête que cette propulsion a l’arrière-train léger et que si vous y allez d’une franche accélération, le derrière va danser et pourrait vous procurer quelques sueurs froides. En somme, voilà une GT qui s’assume pleinement. Pour ceux qui ont ce genre de budget et qui se demandent avec quel modèle on peut comparer la Portofino, nous pourrions vous suggérer une Lamborghini Huracan, une Porsche 911 Turbo S ou une McLaren 570. Mais la Portofino demeure la seule à être à la fois coupé et décapotable. Une stratégie qui semble fonctionner pour Ferrari, qui affirme que 70 % des acheteurs de Portofino n’ont jamais eu de Ferrari auparavant.
La GTC4 Lusso
Héritière spirituelle de la 612 Scaglietti, la GTC4Lusso est sans doute ce qui se rapproche le plus d’une voiture familiale chez Ferrari. Équipée de quatre véritables sièges, elle a aussi été la première Ferrari à offrir quatre roues motrices avec de réelles compétences pour attaquer la route après le mois d’octobre. Il existe en fait deux modèles de GTC4. Il y a la version T avec moteur 8 cylindres turbo de 3,9 litres, qui se retrouve ailleurs dans la famille Ferrari et qui a déjà reçu plusieurs accolades en Europe, dont celui de moteur de l’année. Il développe dans la GTC4Lusso T 610 chevaux. Cette version à moteur V8 ne profite pas de la transmission intégrale, qui va à la seule version V12 qui, elle, développe 680 chevaux dans une musique qui vous accroche une larme à l’œil tellement elle est mélodieuse. La GTC4 est la Ferrari qui sait tout faire. Spacieuse, rapide, élégante, elle sent bon le cuir d’exception et deux adultes peuvent prendre place à l’arrière. Malgré quelques critiques des puristes à ses débuts en 2012, il y a aujourd’hui plus d’un an d’attente si vous voulez en faire l’achat. C’est le genre de voiture avec laquelle vous chercherez des excuses pour faire de la route. Elle est la plus confortable et la plus agréable des Ferrari sur la route. Capable de retenue et de confort en conduite normale et aussi très dynamique si l’envie vous prend de deviner son potentiel. Mais attention à votre permis, une Ferrari, ça mord.