Fisker Karma 2013

Fisker Karma

Destin vert (et riche)

Pendant qu’on discute fermement des mérites des hybrides et des véhicules électriques offerts au bon peuple, l’entreprise californienne Fisker a jugé à propos de hausser la conversation au niveau d’une berline enfichable destinée à des gens fortunés. Henrik Fisker, le styliste derrière des automobiles comme l’Aston Martin DB9 et la BMW Z8, s’est, en effet, attelé à construire un véhicule digne de ses talents et des contacts inscrits dans son carnet d’adresses. Après quelques lancements retardés, il a finalement présenté la Karma, livrable en trois versions : EcoStandard, EcoSport et EcoChic. Le seul concessionnaire attitré pour le Québec et les provinces de l’Atlantique est basé à Montréal.

Carrosserie De profil, la silhouette est longue, élancée et festonnée de vallons. Comme un mannequin. Les phares au xénon surmontent une double calandre qui rappelle le motif réniforme de BMW mais métamorphosé en sourire de piranha. Des losanges aèrent la calandre. Les trois modèles chaussent d’impressionnantes jantes de 22 pouces, mais des roues de 19 et de 20 pouces sont offertes pour affronter l’hiver. Le toit de la berline est en fait le plus gros panneau solaire de l’industrie qui alimente la batterie des accessoires. La peinture de carrosserie, baptisée Diamond Dust (poussière de diamant), intègre des flocons de verre recyclé. Pour les dimensions, pensez à la Porsche Panamera hybride, à laquelle d’ailleurs la Karma s’attaque sans gêne. Les tuyaux d’échappement, normalement à l’arrière, sont devenus des évents derrière les roues avant. Châssis en aluminium. Les poignées des portières proviennent de GM, tout comme d’ailleurs plusieurs composants de la berline qui viennent de différents fournisseurs. Cette stratégie a permis à Fisker de créer la Karma à un coût plus raisonnable que s’il avait eu à tout réinventer.

Habitacle Impossible d’installer un 5^e occupant à cause du logement de la batterie qui scinde la cabine en quatre places distinctes. Les deux du fond conviennent surtout à de bien minces personnes, malgré leur apparence invitante et le raisonnable empattement de l’auto. Le fabricant Fisker s’est lancé dans le vert de luxe mais avec une responsabilité sociale. C’est d’ailleurs sur cette prémisse que Leonardo DiCaprio s’est joint à l’entreprise à titre d’actionnaire et de porte-parole : l’acteur fait la promotion de la Karma (il en conduit une) pendant que le constructeur investit dans la fondation de la star dont la mission est de « soutenir les efforts pour sécuriser un futur renouvelable pour notre planète et ses habitants ». Voilà pourquoi on ne se surprend pas de retrouver dans la cabine des matériaux recyclés. Les boiseries, par exemple, proviennent d’arbres californiens calcinés par un feu de forêt ou, encore, repêchés dans le fond du lac Michigan. La sellerie de l’EcoChic n’a fait de mal à aucun animal puisqu’elle est constituée d’un faux suède, lui aussi récupéré. La version de base inclut notamment des places avant et arrière chauffées, une direction télescopique électrique et une sono à huit haut-parleurs agrémentée de Bluetooth, de la radio satellite et des interfaces pour iPod. L’EcoSport troque le vinyle pour du vrai cuir, certes, mais les peaux proviennent de fermes où les animaux ont été bichonnés (!), et ajoute un système de navigation, une caméra de vision arrière (essentielle étant donné la pauvre visibilité naturelle) et un système de son supérieur. Le tableau de bord est dominé par un large écran tactile qui contrôle tellement de fonctions que les interrupteurs traditionnels se comptent sur les doigts d’une main. Malheureusement, cet écran se révèle très sensible à la lumière du soleil. Quant au coffre, il est fort petit et mal fini.

Mécanique Le principe derrière la Karma est le même que celui de la Chevrolet Volt : une pile fournit l’électricité qui anime l’auto, et un moteur à essence procure encore du jus quand la batterie est vide. La grosse différence, toutefois, réside dans la puissance des deux « plug-in ». Pendant que la Volt réclame 149 chevaux, la Karma en développe 403 et un étonnant couple de 981 livres-pieds. Pour ce faire, la Fisker a recours à deux moteurs électriques de 201,5 chevaux (150 kilowatts) en charge des roues arrière, à une batterie lithium-ion de 20 kilowattheures, à un 4-cylindres de 2 litres turbocompressé (de GM) et à un générateur de 175 kilowatts. Il n’y a pas de boîte de vitesses, et les freins portent la griffe Brembo.

Comportement Selon le constructeur, la Karma peut franchir quelque 80 kilomètres sur la seule puissance de sa pile. On dit alors qu’elle roule sur le mode Stealth (du nom de l’avion de combat fantôme). Une fois cette autonomie envolée, le moteur atmosphérique et la génératrice prennent le relais pour fournir 400 autres kilomètres. On roule alors sur le mode Sport. Naturellement, comme pour tous les véhicules hybrides ou électriques, la distance réelle parcourue dépend de votre façon de conduire, de la météo, de la topographie, etc. Mais en conduisant « vertement », les propriétaires de Karma, pour la plupart, devraient pouvoir vaquer à leurs occupations quotidiennes sans brûler de pétrole. À noter aussi qu’on peut engager le 2-litres quand on veut en actionnant une commande au volant. Car la Karma n’est pas que verte, elle est aussi sexy et musclée. Les tentations sont donc grandes de la piloter en conséquence. L’écologie y perd alors des plumes, mais le plaisir de conduire, lui, y prend son pied ! Le comportement penche résolument vers le sportif : direction rapide, suspension ferme, énormes pneumatiques, bref, on aime. Sur le mode Stealth, le 0 à 100 km/h nécessite 8 secondes, et la vitesse maximale atteint 150 km/h ; sur le mode Sport, ces deux statistiques passent respectivement à 6,3 secondes et 200 km/h. Recharger la batterie prend entre 6 et 14 heures, selon que vous utilisez une prise à 120 ou à 240 volts. À moins de 40 km/h, la Karma émet une sonorité de soucoupe volante pour prévenir les piétons de son approche.

Conclusion Avant la Karma, les consommateurs intéressés avaient le choix entre des enfichables, disons, plus prolétaires, comme la Volt et la Toyota Prius (bientôt rejointes par les Ford C-Max et Fusion). La Karma est la première berline à viser des clients partageant le même intérêt mais aussi dotés d’un compte en banque plus dodu (Tesla, un autre entreprise californienne, viendra rivaliser avec sa Model S). Si vous vous tournez vers la Karma – et 12 Québécois l’avaient déjà fait au moment de notre essai en juillet –, vous ferez preuve d’audace puisque la feuille de route du modèle au plan de la fiabilité est totalement vierge. D’un autre côté, vous ferez partie d’un petit groupe de privilégiés. Sans oublier le bien que vous ferez à la planète. Suffisamment peut-être pour bonifier votre propre Karma…

Exergue : Le fabricant d’automobiles Fisker s’est lancé dans le vert de luxe mais avec une responsabilité sociale.

Points positifs :

Silhouette très aguichante

Zéro anxiété par rapport à l’autonomie

Puissance rapidement accessible

Matériaux recyclés : une bonne idée

Points négatifs:

Visibilité arrière et de près compromise

Places arrière et coffre étriqués

Écran tactile trop pâle

Détails de finition à revoir