hyundai Elantra 2012

Hyundai Elantra

Guerre de compactes à l’horizon

Les petites voitures sont importantes. Elles entraînent des premiers acheteurs dans le giron d’une marque qui s’évertue ensuite à les garder pour la vie. Hyundai a su s’y prendre au Québec avec sa sous-compacte Accent. Maintenant, le constructeur sud-coréen entend jouer les trouble-fêtes chez les compactes avec son Elantra de cinquième génération. La partie n’est pas gagnée d’avance puisque cette catégorie comporte des ténors comme la Toyota Corolla, la Honda Civic et la Mazda3, mais il faut admettre que Hyundai a multiplié les succès ces temps derniers. Alors, pourquoi pas un autre à sa feuille de route ?

Carrosserie Les stylistes du studio californien de Hyundai ont eu le crayon heureux et moderne. À vrai dire, quand on examine la récente Sonata ou le tout nouveau Veloster, quand on regarde le vent de jeunesse qui souffle chez le frère siamois Kia, on se rend compte que la marque ne veut plus rien savoir des silhouettes lisses et seulement respectables. La carrosserie de la nouvelle Elantra jongle avec des formes en relief qui lui confèrent une allure distinctive. Pas un seul centimètre de la coque n’a été abandonné à la morosité. Le soin apporté aux phares et aux feux arrière, par exemple, renforce la personnalité de la petite berline qui, à sa façon de ressembler à un nerveux coupé, me rappelle le stratagème visuel similaire adopté par la Classe CLS de Mercedes-Benz. Une fois séduit, le consommateur aura encore à choisir entre pas moins de quatre versions (L, GL, GLS et Limited).

Habitacle L’espace y est plus spacieux. Je serai le chroniqueur le plus surpris du monde quand la remplaçante d’une petite voiture sera encore plus petite. Ça enverrait un message contradictoire aux clients. De fait, l’empattement de la nouvelle Elantra a gagné 5,1 centimètres, tandis que le volume de son coffre à bagages dispose de 18 litres supplémentaires. Pour ne rien vous cacher, l’auto reprend la plateforme et les mensurations de la Kia Forte, elle aussi une réussite au point de vue du design. Le tableau de bord allie en même temps un style dégagé et une ergonomie qui n’exigera pas qu’on gâche plusieurs soirées en tête-à-tête avec le manuel du proprio. La version Limited, à près de 25 000 $, comprend un système de navigation et une sono qui lit les iPod correctement. Des options étonnantes, comme des places chauffantes à l’arrière, figurent désormais au catalogue. Et si jamais vous voulez étonner la parenté, vous n’aurez qu’à leur pointer les piliers A (pare-brise) et B (portières) de votre nouvelle acquisition en leur déclamant, comme Charles Tisseyre à l’émission Découvertes, « Eh bien, mes amis, l’apparence particulière du plastique qui recouvre ces montants, au demeurant fort nécessaires, est due au fait que sa composition incorpore des tissus fibreux à de la roche volcanique. » Et mettez-ça dans votre pipe !

Mécanique Les qualités premières d’une automobile sont d’abord communiquées par le moteur. Hyundai le sait et développe à l’interne des engins qui marient à la fois la performance et la frugalité. L’ancienne Elantra utilisait un 4-cylindres Beta de 2 litres alors que la nouvelle se contente d’une cylindrée de 1,8 litre. Cependant, les performances du nouveau moteur, fort à propos baptisé Nu (comme dans « new », c’est-à-dire « nouveau »), sont 7 % supérieures : 148 chevaux au lieu de 138. Ce n’est pas la seule magie des ingénieurs, puisque la nouvelle motorisation est également plus économe de carburant et pas à peu près comme le prouve une cote de consommation combinée ville/route de 5,9 litres aux 100 km/h, une statistique qui a le mérite d’être la meilleure du créneau. En jetant un coup d’œil à la fourchette de prix, vous vous rendrez compte que l’Elantra ne joue plus la carte du prix le plus bas. Mettons ça sur le compte d’une confiance en soi inédite et sur un équipement enrichi puisque, notamment, le contrôle de la stabilité est désormais de série pour la première fois à bord de l’Elantra. Pour être honnête, puisque tous les constructeurs d’automobiles auront l’obligation d’inclure cette aide électronique à compter de l’automne 2011, Hyundai a devancé l’échéance. Soulignons quand même que l’Elantra pousse le luxe jusqu’à offrir, en option, des sièges arrière chauffants, mais que les freins ABS sont standard. La boîte de vitesses manuelle à 6 rapports travaille comme un charme, mais ne devrait représenter que 15 % des ventes. Les gens se tourneront plutôt vers l’automatique, aussi à 6 rapports, offerte sur toutes les versions et de série sur la Limited.

Comportement Le nouveau Nu fournit une puissance adéquate mais, de un, il aurait pu être moins grognon, surtout à l’accélération et, de deux, Hyundai aurait dû le doter de l’injection directe de carburant. Quant aux boîtes de vitesses, elles parviennent tant bien que mal à restituer à la conduite la sportivité qu’inspire l’allure de l’auto. Le rayon de braquage large se révèle un autre bémol. Comme le châssis utilise une impressionnante quantité d’acier à haute résistance, on se retrouve tout de même au volant d’un véhicule dont la coque se montre rigide sans pour autant affliger l’auto d’un poids superflu. Soulignons que Hyundai peut bien profiter d’une expertise scintillante dans le domaine puisqu’il est le seul constructeur à posséder sa propre usine de métallurgie. L’accroissement de la rigidité de 37 % élimine les bruits parasites et réduit à néant, ou presque, les menaces de tangage. La nouvelle Elantra confère une confiance derrière le volant que la précédente distillait de manière bien timide. Espérons maintenant que Hyundai ne s’arrêtera pas en si bon chemin car on pourrait infuser à l’auto un dynamisme qui, je le répète, est pourtant annoncé d’emblée par une silhouette gagnante. Nous obtiendrions alors une compacte qui, en plus de peu consommer (quand c’est le temps), réussirait à plaquer un sourire sur le visage (quand c’est le temps).

Conclusion Il n’y a pas si longtemps, Hyundai se serait vantée de nous offrir la compacte la moins coûteuse du segment. Plus maintenant. Une Elantra L à boîte manuelle et sans air climatisé se vend désormais plus cher qu’une Chevrolet Cruze LS ou une Volkswagen Jetta de base. Les dirigeants de Hyundai ne veulent donc plus jouer la carte du prix nécessairement le plus bas. En revanche, en échange de quelques dollars supplémentaires, ils ont truffé leur nouvelle Elantra d’un équipement standard plus complet que celui de la génération précédente. On retient que la compacte sud-coréenne n’est pas la plus rapide ni la plus lente, mais elle sauvera des sous à la pompe; son allure extérieure est en nette progression, au point de faire tourner les têtes; sa cabine aérée et le confort de ses baquets inviteront aux longues balades; enfin, sa fourchette de prix, compte tenu de l’équipement offert, l’autorise à figurer sur une liste de magasinage sérieuse.

Forces Silhouette bien tournée – Habitacle joliment présenté et sérieusement assemblé – Prestations intéressantes à la pompe

Faiblesses Le travail de la boîte automatique accuse une paresse relative – Moteur aux épisodes bruyants – Prix en hausse (par rapport à la valeur ajoutée)