Infiniti QX30 2017

Antoine Joubert

Infiniti QX30 2017

Profiter du momentum

Pour une première fois au Canada, les VUS/multisegments de luxe avaient cette année davantage la cote que les voitures. C’est en fait le segment des VUS compacts de luxe, dans lequel se trouve l’Infiniti QX50, qui s’est avéré le plus populaire pour la quasi-totalité des marques « premium ». Cela dit, petits, moyens et grands multisegments ont tous connu une hausse de popularité. Ne soyez donc pas étonné si les constructeurs capitalisent en proposant plusieurs nouveautés en ce sens.

Pour 2017, Infiniti lance donc un cinquième produit du genre, qui vise dans ce cas-ci à rivaliser avec les récents Audi Q3, BMW X1 et M-Benz GLA. L’objectif est évidemment de sauter sur la vague au moment le plus opportun afin de gagner ses lettres de noblesse face à un public qui découvre lui-même un créneau de véhicules nouvellement tendance. Et pour cause, les ventes de ce segment ont grimpé d’environ 150 % en seulement 18 mois, signe que l’arrivée tardive des Q3 et GLA, en réaction au X1, a eu un impact majeur.

Tour du propriétaire

Pour l’existence de la QX30, saluons d’abord l’audace de Carlos Ghosn, à la tête du groupe Renault-Nissan. Ce dernier a su négocier en 2011 un partenariat avec Daimler pour la production de plates-formes et de motorisations, ainsi que pour le développement d’usines d’assemblage. La QX30 se veut donc un premier résultat découlant de cette entente, un véhicule assemblé en Angleterre et qui, sur le plan technique, n’a absolument rien d’un produit Infiniti. En fait, la QX30 repose directement sur les bases de la Mercedes-Benz GLA, ce qui explique ses proportions similaires. Maintenant, les stylistes d’Infiniti ont tout de même réussi à y mettre leur touche en lui créant une robe complètement distincte et fort séduisante. Celle-ci s’inspire d’ailleurs du prototype Etherea, qui avait été présenté à Genève en 2011. Ce prototype avait initialement pour objectif de répliquer au succès de l’Audi A3, en prenant par la suite un léger changement de direction.

Trois déclinaisons de la QX30 nous sont offertes. D’abord, une version de base à roues motrices avant, puis une seconde plus sportive, la S, laquelle se distingue par ses roues de 19 pouces, ses pare-chocs plus agressifs, sa présentation monochrome et par l’absence de rails de toit. Cette dernière voit également sa suspension abaissée de 15 millimètres pour un look plus dynamique. À l’opposé, la version AWD est pour sa part surélevée de 30 millimètres face au modèle ordinaire, arborant un style plus aventurier qui sera sans doute en grande partie responsable de son succès.

Vie à bord

Là aussi, les stylistes ont eu un coup de crayon très heureux. Bien sûr, les ingénieurs ont dû conserver certains éléments provenant de chez Mercedes-Benz, notamment les commandes, boutons et leviers. Et de façon moins subtile, on conserve aussi le volant, sur lequel le logo Infiniti prend lieu et place de l’étoile argentée. Cela dit, le poste de conduite a été complètement revampé et se montre beaucoup élégant et cossu que celui de sa cousine, la GLA. La QX30 propose en fait une planche de bord plus ergonomique et qui intègre de très beaux agencements de cuir et de garnitures métalliques. L’écran central de 7 pouces intégré à la planche de bord est également distinct de cette tablette qu’utilise Mercedes-Benz. Il reprend plutôt l’interface InTouch initialement lancée sur la berline Q50. On peut donc facilement personnaliser cet écran selon ses besoins les plus précis en ajoutant ou en modifiant l’ordre des applications disponibles.

Évidemment, la QX30 n’est pas des plus spacieuses. Les places arrière sont relativement limitées, tout comme dans la GLA, et le dégagement latéral nous rappelle son format compact. Le coffre n’est pas non plus impressionnant, demeurant pourtant le plus spacieux de la catégorie, avec un volume annoncé à 543 litres. Quant aux sièges, ils proviennent eux aussi de chez Mercedes-Benz. Cependant, Infiniti a pris soin de bien les maquiller en leur donnant un cachet esthétique différent et, surtout, en proposant un revêtement de cuir nappa de série. Notez également que la QX30S reçoit des sièges sport reprenant certains éléments des baquets de la GLA 45 AMG.

Technique

Sans surprise, Infiniti propose dans la QX30 la même motorisation que celle utilisée dans les modèles Mercedes-Benz de Classe B, CLA et GLA. Nerveux, frugal et généreux en couple, ce 4-cylindres turbo a su démontrer jusqu’ici une excellente fiabilité ainsi qu’un rendement des plus agréables. Également utilisé sous le capot de la Q50 2.0t, ce dernier propose ainsi une puissance comparable à celle de la concurrence. Jumelé à une boîte séquentielle à double embrayage à 7 rapports (au rendement parfois saccadé), il fait également équipe avec le même système de transmission intégrale utilisé par Mercedes-Benz, lequel est baptisé 4Matic par la firme de Stuttgart. Réactif, ce système privilégie d’abord l’utilisation des roues motrices avant pour rapidement acheminer jusqu’à 50 % du couple sur l’essieu arrière lorsque le besoin se fait sentir. Et fait à noter, aucune version de la QX30 ne propose une mécanique de haute performance (façon GLA 45 AMG), se contentant de jouer la carte sportive avec une QX30S.

Au volant

Évidemment, l’impression de conduire une GLA est palpable jusque dans les moindres détails. Le rendement du moteur, de la boîte automatique, de la direction, tout transpire le Mercedes-Benz. Toutefois, ce sentiment est dissipé par le fait qu’Infiniti a su retravailler non seulement le design du produit, mais également l’ambiance qui règne à bord. De ce fait, on peut affirmer que la QX30 donne le meilleur des mondes, soit celui où l’on profite de l’ingénierie allemande et d’une philosophie de design japonais aussi audacieuse que distincte. Cela dit, les formes dynamiques signées Infiniti se prêtent à merveille avec le comportement routier de la QX30, montrant une conduite non seulement raffinée et équilibrée, mais également très amusante. À ce propos, mentionnons le caractère plus sportif de la version S, qui voit sa suspension raffermie et abaissée, ainsi que sa direction recalibrée pour plus de fermeté. Il est d’ailleurs dommage que cette version ne soit pas offerte avec la transmission intégrale, considérant de surcroît que le mariage de cette dernière avec un modèle au centre de gravité plus bas est possible.

Conclusion

Selon les études des stratèges de la marque, 85 % des ventes canadiennes devraient être attribuables aux modèles AWD, une donnée sans doute prudente considérant la demande du marché ainsi que les valeurs résiduelles clairement plus fortes pour ces versions. Maintenant, il faut considérer la QX30 pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une compacte qui reprend essentiellement les mêmes proportions qu’une simple Volkswagen Golf. Le parallèle avec la Subaru Impreza à cinq portes et la Crosstrek est également applicable, considérant que l’une joue les voitures (QX30) et l’autre, le multisegment (QX30 AWD). Voilà d’ailleurs pourquoi j’ai pris soin de faire appel au genre féminin en décrivant la QX30, puisqu’en ce qui me concerne, ce véhicule n’a rien d’un « camion ». Cela dit, qu’importe votre perception de la chose, la (ou le) QX30 est vouée au succès. Une formule gagnante qui fera assurément découvrir la marque à une nouvelle catégorie d’acheteurs et qui permettra à Infiniti de s’illustrer devant Acura et Lexus, qui n’offrent pour l’heure aucune compétition.

Points forts

• Design totalement réussi
• Agrément de conduite surprenant
• Grand choix de modèles
• Présentation intérieure riche

Points faibles

• Espace compté à l’arrière
• Aucune version QX30S à transmission intégrale
• Rendement parfois saccadé de la boîte automatique