Infiniti QX55 2022

L’Annuel de l’automobile 2022

INFINITI

QX55

Le coup de crayon payant?

Michel Crépault

Entre le QX50, dont la discrétion sur nos routes laisse songeur son géniteur, et le QX60 à trois rangées, cousin bien nanti du Pathfinder, Infiniti a récemment inséré le QX55, en vente depuis avril. Deux raisons évidentes ont poussé la division haut de gamme de Nissan à agir de la sorte : d’abord la nécessité de créer une secousse médiatique autour d’une marque qui en a toujours grand besoin, puis le fait que le QX55 reprend tellement d’éléments du QX50 qu’il ne doit pas coûter trop cher à assembler.

En somme, si on peut mettre de l’avant un « nouveau » produit qui attirera l’attention des nombreux acheteurs de multisegments, et ce, avec des frais de développement gardés au ras des pâquerettes, pourquoi ne pas en profiter?

Le design d’abord

Pour taper dans l’œil du consommateur et se distinguer malgré tout du QX50, le QX55 joue la carte racée, celle qui consiste à dessiner un véhicule à quatre portières arborant des allures de coupé. Avec un toit qui chute, des glaces biseautées et un hayon moins proéminent. Tout ce qu’il faut pour évoquer une certaine « coolitude ».

La recette n’est pas neuve. Les Allemands l’ont déjà cuisinée pour nous servir le Mercedes-Benz GLC Coupé, le BMW X4 et l’Audi Q5 Sportback. Incluons le Range Rover Evoque, dont la ligne de toit rappelle la manière dont Elvis se peignait.

Avouons aussi que les designers d’Infiniti ont eu le coup de crayon heureux. Les lignes du QX55 sont séduisantes. Quand de surcroît on les enveloppe de ces peintures éclatantes dont la marque a le secret, le modèle se balade en capturant les regards des badauds.

Il se décline en trois variantes : Luxe, Essential ProAssist et Sensory. De série, les trois incluent de belles attentions telles que la traction intégrale et d’aguichantes roues de 20 pouces. On ne pourra pas accuser le nouveau venu de ne pas être branché, puisque même la version de base permet de connecter jusqu’à sept appareils au Wi-Fi sans fil.

Sous les capots du trio, le même moteur, identique à celui du QX50, soit le VC-Turbo. Il est célèbre, ce 4-cylindres de 2,0 litres, pour sa capacité à varier son taux de compression à volonté. Sa puissance de 268 chevaux est gérée par la boîte CVT du QX50. Une décision paradoxale. On comprend le désir de freiner la consommation de carburant (du super préférablement), mais on se demande comment le ramage du faux coupé peut rimer avec son plumage athlétique s’il n’est pas vraiment équipé pour fracasser le mur du son.

Infiniti aurait pu se tourner vers la boîte ZF automatique à neuf rapports du QX60 2022 au lieu de ramener ce tandem VC-T/CVT qui, certes, nous propose une cote combinée pouvant glisser sous les 10 litres aux 100 km, mais à la seule condition de se montrer bienveillant envers l’accélérateur. En fait, plus on brasse le QX55 et plus son chant égratigne nos tympans pendant que son appétit malmène notre carte de crédit.

Habitacle moelleux

La cabine, elle, procure un environnement digne des prix pratiqués. Les fauteuils avant sont dodus et seyants. Les deux écrans au centre de l’élégant tableau de bord ont tendance à répéter les mêmes infos avec une netteté qui varie d’une surface tactile à l’autre.

La crainte numéro un face au QX55 concernait l’espace accordé aux occupants de la banquette à cause de ce pavillon pressé d’embrasser le pare-chocs. Heureusement, nuques et crânes s’en tirent indemnes. La seconde méfiance : est-ce que l’espace de chargement, l’un des atouts du QX50, souffre du design audacieux du QX55? Comme la capacité passe de 880 à 761 litres, on n’a pas vraiment à se plaindre.

Malgré son look relativement agressif, le QX55 préfère la ouate à la dynamite. Si vous ne voulez rien perdre de l’habitabilité tout en restant fidèle à Infiniti, continuez d’aimer le QX50. Si une silhouette sexy vaut bien quelques litres de contenance en moins, le QX55 vous plaira mais sans devenir un foudre de guerre sous votre énergique semelle.

Forces

Design réussi

Couleurs flamboyantes

Aides à la conduite dernier cri

Faiblesses

Présence incongrue de la CVT

Précision mitigée de la conduite

Affichage numérique perfectible