Infiniti QX80 2018

L’Annuel de l’automobile 2018

Évolution

Infiniti

QX80

Le pachyderme ouaté

Par Michel Crépault

L’ancien QX56 s’affirme chez Infiniti comme le plus imposant véhicule de la gamme, l’équivalent dans la division luxe du non moins menu Armada chez Nissan. La génération actuelle date de 2011 et, au moment d’écrire ces lignes, rien de neuf à l’horizon pour le 2018.

Tour du propriétaire / 70 %

L’argent n’achète pas le bon goût et le look du QX80 le prouve. En fait, je ne devrais pas écrire ça. Il y a quand même 173 Québécois qui se sont procuré un QX80 en 2016. J’ai juste de la misère avec ce cube qu’on a tant bien que mal maquillé pour qu’il ne ressemble pas à un cube : la glace arrière en forme de pointe de flèche, le hayon dressé comme une falaise, la calandre lourdaude et, surtout, la triple écoutille chromée plaquée au-dessus des énormes roues avant. Ma rétine souffre. Mais l’ampleur de toute cette tôle suggère un habitacle formidablement spacieux et la réalité ne déçoit pas.

Vie à bord / 95 %

Cuir, bois, chrome et une impressionnante quincaillerie visent le même but : offrir aux occupants un moyen de transport ouaté. Et si « big » est vraiment « better », vous serez comblé. J’ai personnellement poussé l’expérience assez loin durant deux semaines au volant du monstre dodu en Californie.

Mon véhicule d’essai comptait sept places en vertu des deux sièges capitaine de la rangée médiane, mais il aurait pu accueillir un huitième larron grâce à une banquette centrale. J’ai testé ces sept places avec une configuration plus ou moins recommandable : trois sièges de bébé – enfants inclus –, une brave maman tassée au fond, la petite section des dossiers asymétriques 60/40 abaissée pour accommoder les poussettes et deux adultes à l’avant dans leur trône en cuir.

L’expédition vers Disneyland n’a pas viré au cauchemar grâce à l’opulence qui suinte du QX80. Elle transforme toute balade, même les pires, en séjour au château de l’oncle Picsou. La hauteur du plafond, la laide mais généreuse fenestration, la pléthore de porte-gobelets, les deux écrans vidéo pour diffuser Dora en boucle ne nuisent pas non plus. On frôle le sacrilège quand, inévitablement, la bouffe des petits souille les belles peaux. Mais si le spectacle désole, il se nettoie plus facilement que si c’était du tissu.

Cela dit, tant qu’à charrier autant de monde et d’équipement, ce genre de tour de force quotidien à bord d’un QX80 finirait par rendre fou, et c’est ici qu’une fourgonnette vaut son pesant d’or.

Technique / 80 %

V8 de 5,6 litres de 400 chevaux qui boit trop, mais qui est nécessaire pour mouvoir quelque 2700 kilos et remorquer le Stade olympique (s’il pèse 3900 kilos), boîte de vitesses automatique à sept rapports, transmission intégrale de série, généreux équipement de sécurité active, standard ou en option selon la livrée de base ou Limited, et suspension adaptative, le mastodonte est bien garni. Mais une motorisation plus moderne diminuerait son ivrognerie.

Au volant / 80 %

Je ne me suis pas contenté de tester l’habitacle. J’ai aussi secoué le châssis en échelle. Toujours en Californie, je reconduis une amie à l’aéroport de Los Angeles. Une erreur de navigation de ma part et voilà que notre trajet normalement pépère se transforme en course contre la montre. Un petit démon intérieur me suggère de délaisser la 101 congestionnée pour rejoindre la 1, qui longe le Pacifique, en coupant dans les canyons. Je vous présente la 23, un bijou de route… pour voiture sport! Mais l’attaquer en trombe au volant d’un QX80 a autant de sens que déguster un martini avec une paille.

Non pas que le puissant V8 peine à la tâche. Même l’échappement festoie en lâchant des borborygmes enthousiastes pendant que les pneus de 20 pouces crissent. La boîte de vitesses, par contre, trouve ça moins drôle. Ce n’est pas inscrit à son contrat qu’elle doit autant se presser pour changer de rapports. Elle a beau essayer, elle chasse souvent. Sans l’ombre d’un doute, elle préférerait le stationnement d’un Walmart.

Quant à la suspension, elle ne sait plus à quel ressort se vouer. Elle se dandine, ploie, remonte tel un lit d’eau qui voit beaucoup d’action. Bref, ici encore, le QX80 a vécu une expérience atypique pour s’en tirer somme toute honorablement. Offrez-lui après ce parcours délirant une autoroute lisse comme un billard et vous serez au paradis, même avec une marmaille entassée jusqu’au plafond.

Conclusion 80%

Pour expérimenter le confort d’un salon sur roues, pour affronter les embouteillages avec la tranquillité d’esprit que fournit un tank et pour tirer de gros jouets, allez-y sans crainte. Mais pour la discrétion et la consommation, on repassera.

Forces

Confort à bord indiscutable

Équipement généreux

Puissance de remorquage

Faiblesses

Encombrant dans les stationnements étroits

Du roulis si on exagère

Consommation élevée même si on n’exagère pas