Jaguar F-Pace 2018

Jaguar F-PACE 2018

Par Luc-Olivier Chamberland

La théorie de l’évolution

N’en déplaise aux créationnistes, la théorie de l’évolution existe bel et bien. Elle s’applique aux espèces vivantes, mais aussi à l’automobile, et tous doivent s’adapter à leur milieu. Avec la perpétuelle montée en popularité des utilitaires sport, tous les constructeurs doivent se prêter à ce jeu. Jaguar, bien qu’elle compte sur ses liens de famille avec Land Rover, se devait de proposer un VUS dans ses rangs pour assurer sa survie. À la lumière des deux années passées avec le Jaguar F-PACE, on doit se rendre à l’évidence que la théorie de l’évolution a particulièrement bien fonctionné dans son cas. L’ADN dynamique de Jaguar a parfaitement réussi sa transition de la limousine et de la sportive vers l’univers des VUS.

Tour du propriétaire (95 %)

Personne ne peut dire que le F-PACE n’est pas spectaculaire. Encore une fois, Ian Callum, le designer en chef de Jaguar, a la main heureuse. Non seulement il parvient à maintenir l’esprit de la marque avec ses lignes aiguisées, mais il offre aussi un dynamisme intéressant. Le regard perçant tout en DEL s’illumine pour assurer ses liens avec les berlines alors qu’à la poupe, on suggère allègrement la sportive F-Type avec ses minces feux. Les proportions se montrent tout aussi parfaites avec un long capot plongeant et une cabine déportée vers l’essieu arrière.

Ajoutez à cela trois différents pare-chocs pour personnaliser chacune des motorisations et une collection de roues allant de 18 à 22 pouces. Considérant le nombre d’orientations, l’acheteur pourra configurer son F-PACE exactement comme il le désire.

Vie à bord (80 %)

Calquée sur sa sœur, la berline XE, la présentation intérieure suggère un esprit sévère. Ici, oubliez les mers de boiseries, on adopte un look nettement plus moderne avec une juxtaposition de plastiques noirs lustrés, d’appliques d’aluminium brossé et de cuirs. C’est plus qu’il n’en faut pour refaire la garde-robe d’un masochiste. Orientées vers les détails, les peaux s’accordent avec des surpiqûres contrastantes dans une finition sans reproche. Le soir venu, on peut sélectionner un éclairage ambiant à travers une dizaine de couleurs qui représenteront votre humeur du moment. Bonne note à l’affichage de l’écran multimédia et sa facilité d’utilisation et, bien sûr, à la polyvalence de l’instrumentation avec son moniteur de 12,3 pouces.

À mi-chemin entre le compact et l’intermédiaire, une ambiguïté se manifeste sur le plan de l’espace et des dégagements. Dès l’ouverture de la portière avant, on constate à quel point le véhicule est étroit. Assis, on se retrouve avec le pilier B à la hauteur de la tête. Évidemment, la visibilité en prend un coup. Ce n’est pas mieux ailleurs, puisque la lunette arrière, fortement inclinée, donne peu d’ouverture vers le monde extérieur.

Étant un Jaguar, le F-Pace obtient des assises offrant beaucoup de support pour nous tenir en place lors d’un élan d’excitation. Malgré sa vocation familiale, le manque d’espace pour les passagers à l’arrière est décrié. Il suffit qu’une personne à l’avant mesure plus de 180 centimètres pour que les dégagements s’évaporent. Le volume du coffre, lorsque toutes les places assises sont en position, se restreint à 650 litres et s’exploite difficilement en raison de l’inclinaison du hayon. Avec les sièges abaissés, on passe à 1740 litres, à peine 140 litres de plus que dans un Mercedes-Benz GLC.

Technique (90 %)

On trouve quatre choix mécaniques pour ce grand félin. Ceux qui ont la fibre écologique devront regarder vers le 4-cylindres de deux litres diesel dont les 318 livres-pieds de couple impressionneront à l’accélération. De la série Ingenium, on arrive avec un 4-cylindres de deux litres à essence de 247 chevaux. Dans son cas, on vise l’économie de carburant au détriment de la puissance brute. Le plumage sans le ramage.

Pour plus de dynamisme, deux options s’offrent à vous avec les V6 de trois litres. Le premier à 340 chevaux se veut le juste milieu. Les performances sont intéressantes tout en demandant une consommation décente sous les 10 litres aux 100 kilomètres en conduite normale. Vient finalement la version qui repousse la suralimentation avec un cumul de 380 chevaux. Son dynamisme lui permet de s’insérer dans les rayons des utilitaires sport les plus agressifs sur le marché. Bien qu’il soit rapide, on peut, en se calmant les nerfs sur l’accélérateur, contenir la consommation sous les 11 litres aux 100 kilomètres.

Au chapitre de la haute voltige, Jaguar introduira en cours d’année une variante qui sera passée par les ateliers de SVR. On retrouvera le V8 de cinq litres dont la cavalerie dépassera les 500 chevaux. On vise directement le Mercedes-AMG GLC 63 et la Porsche Macan Turbo.

Toutes les versions utilisent une compétente boîte automatique à huit rapports d’origine ZF. La transmission intégrale se veut l’une des plus perfectionnées sur le marché avec une multitude de paramètres qui assurent autant la stabilité que la sécurité.

Au volant (90 %)

Sa conception nous invite dans la haute technologie avec une architecture et un châssis en aluminium et en magnésium. Avec l’usage de matériaux légers, permettant ainsi une forte diminution de la masse, il tire sa récompense autant en agilité qu’à la pompe. Intégrant l’ADN dynamique de la marque, le F-Pace devient un véhicule très compétent sur la route. En fait, rares sont les utilitaires sport qui ont un aussi bel équilibre. Évidemment, les accélérations ne posent jamais problème, le F-PACE est véloce. Cette réalité peut même être adaptée en fonction des modes de conduite. Jouez avec les commandes pour que sa personnalité change du tout au tout.

La direction suit les modes imposés. Malgré ses différentes configurations, on obtient toujours une bonne connexion à la route, pareillement aux voitures de la marque. Les suspensions travaillent de concert pour maximiser le dynamisme, tout particulièrement en virage. Impossible de le déstabiliser à moins de faire des excès, mais là encore, les nombreuses assistances électroniques à la conduite offrent un excellent filet de sécurité.

Conclusion

Jaguar a réussi son saut dans l’univers des utilitaires sport. D’ailleurs, en avril 2017, lors du Salon de l’auto de New York, le F-PACE a complété un doublé en se faisant couronner « Voiture mondiale de l’année » en plus d’obtenir la palme pour le plus beau design. Fait rassurant, parmi nous depuis deux ans, il jouit d’une fiabilité au-dessus de la moyenne. Jaguar a peut-être mis un terme à des décennies de noirceur quant à la durabilité de ses produits.