Jaguar XF 2011

Jaguar XF

Transition réussie

Introduite en 2009, en rupture audacieuse avec le passé, cette Jaguar a annoncé le renouvellement draconien de la prestigieuse marque.

Carrosserie Une voiture comme la 911 a réussi à évoluer au fil des ans en respectant sa silhouette d’origine. La XF, de son côté, a fait table rase de la tradition en proposant du neuf radical. Il n’y a, en effet, aucun lien visuel avec la Type-S. On efface et on recommence. Une stratégie du styliste Ian Callum qui rencontre ses partisans et ses détracteurs. Si on peut regretter les formes enveloppées (surannées ?) de l’ancienne Jag, il faut admettre que la nouvelle pose ses roues dans le futur avec un raffinement consommé. On perçoit un bel élan dans cette coque fuselée et, ma foi, tout ce qui bondit me semble convenir avec l’image que je me fais d’un fauve en action. Des détails esthétiques distinguent les différentes versions, mais un œil aiguisé est de rigueur.

Habitacle En général, le fauve est au repos. Les baquets larges (trop) invitent à la détente. Même la banquette arrière procure un dégagement généreux, idem pour la tête, bien que, de l’extérieur, on aurait pu croire le contraire en raison de l’inclinaison prononcée du pavillon. Une fois encore, la tradition en prend pour son rhume. Oh, bien sûr, les boiseries foisonnent, mais leur effet aristocratique est supplanté par un arsenal électronique. J’adore le bouton de démarrage qui commande la sortie du sélecteur de vitesses. J’aime moins l’intégration fastidieuse de l’écran tactile. Le mariage entre les deux siècles n’est pas encore parfaitement au point.

Mécanique La XF de base héberge un V8 de 4,2 litres de 300 chevaux, mais ce n’est peut-être pas suffisant pour ceux et celles qui estiment qu’une Jaguar doit vraiment rugir en plus s’être somptueuse. La livrée Premium jette donc son dévolu sur un V8 de 5 litres qui développe 385 chevaux. Mieux encore, la XFR utilise le même V8, mais trafique le compresseur Roots afin d’en soutirer 510 chevaux. Ces XF plus musclées profitent dans le même esprit d’un raffermissement ou d’un surdimensionnement de leurs autres organes mécaniques. Tous les engins réclament la même boîte de vitesses automatique ZF à 6 rapports rehaussée d’un mode Sport et de leviers de sélection au volant.

Comportement Le modèle suralimenté offre une tenue de route vindicative. Mais quelle amélioration par rapport aux précédentes versions R ! Tout se parle et se tient ! La direction réagit promptement, et les freins élargis immobilisent les roues de 20 pouces avec le ton sans réplique d’un général. La suspension s’ajuste automatiquement aux conditions de la chaussée et au style de pilotage du conducteur. Dans les faits, les ingénieurs ont relevé un beau défi : comment donner un comportement athlétique, agressif même, à une automobile dont le simple nom évoque la tradition britannique du confort ? Ils y sont parvenus en conservant notamment à la suspension un rebond contrôlé. Le muscle du jarret travaille en subtilité, ce qui fait qu’on mord dans la courbe mais sans jamais renier nos manières onctueuses. Tout un tour de force ! Les versions moins gavées de chevaux n’ont pas cet appétit pour l’asphalte. La balade est sous le signe de la détente, et nos tentatives pour titiller la bête se sont soldées par du roulis dans les virages. Dans tous les cas, le solide châssis fait toute la différence. Alors que l’ancien donnait l’impression de vouloir se disloquer à tout moment, celui de la XF respire la cohérence.

Conclusion Jaguar a pris le pari d’une métamorphose totale. Cette berline a pris ses distances avec son ancienne vie comme le papillon avec la chenille. La révolution est désormais encore plus complète avec l’arrivée de Jaguar dans le groupe Tata. Je dis bravo à l’audace. La XF est dans la bonne direction. Tant que les nouvelles équipes protégeront l’aura quasiment princier de la marque tout en lui insufflant un modernisme au moins égal à celui des meilleures allemandes et asiatiques.

Forces

Silhouette fluide et moderne

Dégagement excellent tous azimuts dans l’habitacle

Variations sur un V8 intéressantes

Faiblesses

Fusion entre le passé et le côté moderne de l’électronique encore perfectible

Visibilité arrière aléatoire

Frugalité toujours fugace