Jaguar XF 2018

Jaguar XF 2018

Raffiner le félin

Par Luc-Olivier Chamberland

Qu’on se le dise, la Jaguar XF n’aura jamais la même aura de fermeté et de rigueur teutonne que les trois Allemandes. Chez Jaguar, on adopte une tout autre carte de visite. Un peu comme la Maserati Ghibli, on mise d’abord et avant tout sur le style sportif de la marque. On ne cherche pas le volume de vente, mais bien des acheteurs qui désirent se distinguer, afficher une personnalité différente, et pour ça, la berline XF réussit à merveille.

Tour du propriétaire (90 %)

Avec la deuxième génération de la XF, Ian Callum, le designer en chef de Jaguar, a prouvé une fois de plus son immense talent. S’inspirant de la grande XJ, il reconduit les dogmes habituels avec une robe sportive sur une berline : long capot, cabine déportée et coffre court. Ajoutez à cela des lignes séduisantes et provocatrices et l’on obtient l’une des plus belles voitures du segment. En fait, seule la Maserati Ghibli peut se vanter d’être plus sexy.

Fidèles à la tradition de Jaguar, selon la motorisation et l’ensemble adoptés, quelques éléments permettront de les distinguer. Dans le lot, le carénage avant ainsi que le bouclier évolueront au rythme de la cavalerie. Sans le dire, la XF suggère les principes de la mode des « coupés à quatre portes » avec son toit fuyant et sa mince fenestration. Dans l’ensemble, on parvient à lui trouver des airs à la fois classique et sportive dans un amalgame typiquement anglais. Pour 2018, on découvre la XF Sportbrake, une séduisante familiale. Malheureusement, Jaguar/Land Rover Canada ne commercialisera pas cette beauté chez nous. Dommage.

Vie à bord (75 %)

La XF marque une rupture complète avec les habitudes de Jaguar. On favorise une approche nettement plus contemporaine sur le plan de la présentation. Les boiseries se font rares, sinon inexistantes, ce sont les appliques d’aluminium et de laqué noir qui dominent. On reconnaît quelques accents de la F-Type, dont la console centrale minimaliste avec un regroupement de commandes pour la gestion dynamique de la voiture. L’instrumentation, assez classique, se montre fonctionnelle sans causer d’émotion. Introduit l’an dernier, un nouveau système multimédia intègre la navigation et plusieurs autres accessoires. Félicitations à Jaguar/Land Rover pour la facilité de son usage.

Bien que la XF s’inscrive dans la catégorie des intermédiaires, on décrie l’espace à bord, qui est loin d’être aussi généreux que ses proportions le suggèrent. Premièrement, la portière avant se montre très courte, on se retrouve avec le pilier B à la hauteur des épaules, obstruant la visibilité. On poursuit à la deuxième ligne avec un accès limité en raison de la petitesse de l’ouverture, et la forme du toit nous invite à nous frapper la tête chaque fois. Une fois en place, les dégagements à l’arrière s’apparentent plus à ceux d’une compacte qu’à ceux d’une intermédiaire. À ce titre, vos jambes seront plus confortables dans une Civic que dans la XF.

Technique (85 %)

Encore toute jeune, la XF n’a pas toutes les motorisations auxquelles nous savons qu’elle aura droit, en particulier sa version SVR avec un V8 de plus de 550 chevaux. Plus terre à terre, la gamme s’ouvre avec un 4-cylindres de deux litres de la série Ingenium avec une cavalerie de 247 chevaux. Avec ce moulin, la XF se place en bonne position pour affronter les motorisations de base de la compétition, notamment la Mercedes-Benz E300 à 241 chevaux. Côté diesel, on obtient un 2-litres de 180 chevaux à très faible consommation de carburant et 318 livres-pieds de couple sous le pied droit.

Par la suite, on gagne deux cylindres de plus avec le V6 de trois litres, dont les puissances vont de 340 à 380 chevaux. La vitalité de ces mécaniques étonne dès que l’on adopte le mode du drapeau à damier. L’instrumentation passe au rouge et les performances saisissent sans nous brusquer. À ce titre, la XF-S boucle le 0-100 km/h en 5,3 secondes. Toutes les versions utilisent une bonne boîte automatique de conception ZF à huit rapports et la transmission intégrale s’inscrit dans toutes les équations.

Au volant (80 %)

Encore une fois, Jaguar réussit la préservation de l’une de ses plus chères caractéristiques, l’agrément de conduite. Il faut en avoir piloté une pour comprendre que les sensations transmises ne sont pas celles que l’on reçoit d’une allemande. Une Jaguar est une Jaguar et seuls les ingénieurs de la marque maîtrise cette recette. Étonnamment agile, la voiture se fait nettement plus légère que sa devancière. On ressent immédiatement une aisance sur la route grâce à l’apport d’un volant qui brille par sa précision. Avec les touches entourant la molette de transmission, elle s’assagit ou se dégourdit en modifiant plusieurs paramètres dont la transmission, la direction et la réactivité du moteur. Les suspensions y passent aussi, jouant de confort et de rigidité tout en maintenant une bonne fermeté. Avec son système de transmission intégrale dérivé de celui de Land Rover, la XF vient avec un pied très solide sur le pavé, prête à affronter tous types de conditions.

Conclusion 80%

Jaguar se distingue des Allemandes par une approche unique qui peut séduire bien des acheteurs. Avec sa forte personnalité, ses excellentes motorisations, sur le plan technique, elle convainc. Une fois à bord, on se sent moins dans une voiture de prestige que dans une simple berline de grande série bien équipée. À ce jour, la nouvelle XF se montre fiable, mais considérant l’historique de la marque, cette ombre plane toujours au-dessus de la XF.