Jaguar XJ 2012

Jaguar XJ

Berline féline

Depuis trois ans, la marque de Coventry vit une véritable révolution. Fini le design traditionnel – classique pour certains, vieillot pour d’autres – des Jaguar. La XF a été la première à rompre avec la tradition; l’année dernière, c’était au tour de la XJ. Or, cette dernière est un monument : elle fait partie de la gamme depuis 1968, et, depuis, le style des générations suivantes a toujours respecter celui du modèle d’origine.

CARROSSERIE

L’allure est moderne, les formes, fluides, le profil, élancé; un changement radical qui semble avoir été bien accepté, comme l’ont confirmé de nombreux regards admiratifs. Tant mieux pour Jaguar; je n’ose même pas imaginer le tollé que susciterait une nouvelle Porsche 911 qui ne ressemblerait en rien au modèle d’origine… Sur une note plus rationnelle, la XJ se décline en trois versions, elles-mêmes offertes en deux configurations, à empattement court ou long.

HABITACLE

S’il y a eu révolution, on n’a pas jeté le bébé avec l’eau du bain non plus. Le cuir et les boiseries prédominent toujours à l’intérieur. On y retrouve cette ambiance de club privé, les sièges n’ayant d’ailleurs rien à envier aux gros fauteuils capitonnés de ce genre d’endroit. Ils manquent cependant de maintien latéral.

Limousine oblige, les places arrière sont aussi confortables grâce à une banquette bien sculptée. L’énorme tunnel de transmission vient cependant compliquer les choses pour une personne qui voudrait prendre place au centre. La XJ n’est donc pas une véritable 5-places.

Les commandes sont moins complexes que dans les voitures de luxe germaniques et, Dieu merci, il n’y a pas de mollette multifonction, style MMI (Audi) ou iDrive (BMW). La seule fausse note vient du tableau de bord avec son écran ACL qui reproduit les cadrans. Cela ressemble plutôt à un jeu vidéo et jure avec la noblesse des lieux. Terminons avec la qualité de construction qui rassurera ceux et celles qui ont été traumatisés par la finition artisanale des anciennes Jaguar.

MÉCANIQUE

C’est ici que ça devient sérieux. En entrée de gamme, la XJ reçoit un V8 de 5 litres, bon pour 385 chevaux. Un cran plus haut, la XJ Supercharged reprend le même moteur mais suralimenté par un compresseur volumétrique. Cette injection de stéroïdes fait grimper la puissance à 470 chevaux. Et si ça ne suffit pas, le même V8 de la Supersports en crache 40 de plus.

Comme le félin du même nom, le V8 de la bien-nommée Supercharged est vif comme un chat. Outre cette réponse instantanée à la moindre sollicitation du pied droit (et ce, à tous les régimes), ce moteur brille aussi par sa grande souplesse. Très élastique mais très doux aussi; encore une fois, l’analogie avec le félin est inévitable.

Cette puissance est transmise aux roues par l’entremise d’une boîte de vitesses automatique à 6 rapports. Dans ce créneau, la norme est désormais de 7 ou de 8 afin, notamment, de réduire la consommation. La Jag, elle, est une grosse buveuse. Sa boîte brille néanmoins par son raffinement, avec des changements de rapports d’une grande fluidité. On pourrait lui reprocher sa lenteur, mais il suffit de passer sur le mode sport et de changer les rapports manuellement pour obtenir satisfaction. En quel cas, la boîte donne elle-même un petit coup d’accélérateur avant de rétrograder.

COMPORTEMENT

Avec des rivales ayant pour nom Maserati, Porsche, Audi, BMW et Mercedes-Benz, il faut avoir certaines compétences routières. Or, la XJ a beau être une limousine, c’est d’abord et avant tout une Jaguar, ce qui implique certaines choses. Un roulement de velours, mais des griffes, aussi. Le félin, toujours…

La direction et la suspension ont toujours fait partie des points forts de la XJ. Mais ce qui impressionne vraiment, c’est la maniabilité et la tenue de route de cette grosse berline. Sur l’autoroute, c’est un véritable TGV, tellement stable qu’elle semble rouler sur des rails; mais quand le parcours devient sinueux, elle enfile les courbes avec l’autorité d’une GT. Tout ce qui lui manque, c’est la transmission intégrale, offerte sur les autres limousines de cette catégorie. Les roues motrices arrière de la XJ lui coûtent assurément des ventes au Québec.

CONCLUSION

Dans la longue histoire de ce modèle, la XJ actuelle est la meilleure, incontestablement. La plus rapide, la plus confortable, la plus mordante, la plus raffinée… Jamais elle n’a été aussi bien outillée pour affronter ses redoutables et réputées rivales allemandes. Reste la question de la fiabilité, impossible à esquiver quand il est question de Jaguar. Sachez d’abord que, dans ce créneau, aussi sélect soit-il, peu de modèles brillent à ce chapitre, Lexus étant l’exception qui confirme la règle. Les derniers sondages de la firme américaine J.D. Power and Associates montrent par ailleurs des résultats encourageants. Et puis, rouler en Jaguar, c’est s’assurer d’une exclusivité que n’ont pas les Audi, BMW et Mercedes-Benz, trop répandues. Dans les hautes sphères, ça compte.

FORCES :

• Prestige indéniable
• Design plus moderne
• Ambiance à l’intérieur
• Trois superbes V8
• Performances athlétiques
• Prestations routières de haut calibre
• Roulement de velours

FAIBLESSES :

• 4 places, et non 5
• Tableau de bord de jeu vidéo
• Boîte automatique à 6 rapports seulement
• Consommation élevée
• Pas de transmission intégrale
• Réputation (fiabilité)