Jaguar XJ 2014

Jaguar XJ

Désirable anglaise

En ce bas monde, il y a très peu de marques dites « traditionnelles » qui m’envoutent autant que Jaguar. Même lorsqu’elles étaient aussi peu fiables qu’un vendeur d’assurances et qu’elles avaient perdu pratiquement tout leur lustre, je n’arrivais pas à démordre de ces bêtes. Puis, on connaît l’histoire, Ford, puis Tata Motors ont pris le contrôle et revu l’ensemble de la gamme. Résultat ? Des voitures magnifiques, mieux conçues, plus fiables et qui se vendent nécessairement mieux (même si les ventes sont toujours marginales en Amérique du Nord). La XJ, la berline porte-étendard de la marque, n’y échappe pas. Elle est loin d’être parfaite, mais c’est justement ce qui fait son charme.

Carrosserie

Ian Callum et son équipe de stylistes ont vraiment réussi à transmettre une allure féline à la XJ. Malgré sa taille imposante, elle transpire le luxe, l’agilité et la finesse. Dans cette catégorie et à ce prix, je n’arrive à trouver aucune voiture aussi charismatique et distinctive. Avec ses feux arrière en forme de L, sa ligne de toit très allongée et aérodynamique, ses roues immenses, elle transmet grâce et agilité, et ce, même à l’arrêt.

Habitacle

Magnifique, elle est magnifique en dehors comme en dedans cette Jag. Impossible pour moi de ne pas tomber sous le charme d’une telle qualité de matériaux, de cuirs si soyeux, de la manette centrale amovible qui surgit de nulle part lors du démarrage. La présentation est absolument impeccable, et l’opulence anglaise y règne en maître. Ce n’est pas aussi joyeux quand on regarde la place pour les jambes de votre passager, une excroissance du tableau de bord vient carrément envahir l’espace pour les genoux. Je n’apprécie pas non plus les cadrans, tous numériques, qui me font davantage penser à un jeu vidéo qu’à une berline de grand luxe. La version courte reçoit aussi des critiques en ce qui concerne l’espace pour les jambes à l’arrière. Le système de contrôle des interactions (qui étaient un vrai bordel dans le passé) a été amélioré, mais n’est pas encore tout à fait au point. Pour le reste, elle est tellement belle qu’on en oublie ses défauts, comme ses sièges avant trop fermes. Mais… elle est tellement belle. Dernière chose, les audiophiles apprécieront particulièrement la chaîne audio de 825 watts et les 17 haut-parleurs offerts en option !

Moteur

Jaguar a ajouté un V6 compressé de 340 chevaux à son portfolio l’an dernier. Bonne idée, c’est le match parfait (on se demande même pourquoi quelqu’un aurait besoin du V8). Il répondra à la majorité des attentes. Qui plus est, il est accompagné d’une boîte de vitesses automatique à 8 rapports. Chose non négligeable, la XJ à moteur V6 peut être pourvue de la transmission intégrale. J’ai essayé la version V8 supercharged qui développe 470 chevaux et produit un couple de 424 livres-pieds : très performante, elle conviendra aux amateurs de conduite plus sportive avec un 0 à 100 km/h en 5,4 secondes. Cerise sur le sundae, malgré toute cette puissance, j’ai obtenu une consommation de carburant moyenne sous la barre des 9,5 litres aux 100 kilomètres. Je sais bien que ce n’est pas ce genre de détail qui dérangera votre budget si vous vous achetez une XJ, mais, au moins, côté environnement, c’est très intéressant.

Conduite

Au volant de la XJ, on se prend toujours à rouler trop vite, juste pour le plaisir de le faire. C’est d’ailleurs ce qui surprend tant quand on se place derrière le volant de la grande berline. Elle est vive, efficace (tant sur le plan du freinage que de la suspension) et agréable à manier. Certains la trouveront même peut-être un peu trop rigide, agile et sensible aux imperfections de la route à leur goût. À ces personnes, je dirais de simplement regarder ailleurs, car la Jaguar doit être conduite pour être véritablement aimée. On pourrait se laisser dorloter aux places arrière, mais pour moi, ce serait un crime de laisser tant de qualités dynamiques de côté. Sachez donc que la XJ n’a rien à envier aux concurrentes sur ce plan !

Conclusion

Je suis définitivement tombé sous le charme de la belle anglaise. Surpasse-t-elle la concurrence ? Absolument pas. L’Audi A8, la BMW Série 7 et la Mercedes-Benz Classe S la dominent sur bien des points. Elle ne conviendra donc pas à tout le monde. Pour aimer la XJ, il faut placer le design au premier plan, la conduite au deuxième et le sens pratique à la dernière position. Toutefois, pour ceux qui souhaitent une voiture exclusive, racée, moins arithmétique… et, même plus artisanale, la XJ s’élève à un autre rang. Il faut aussi souligner que la qualité des Jaguar a fait un bond de géant depuis son acquisition par Tata. Ce n’est certes pas parfait, mais sur la bonne voie.

Pour

Habitacle somptueux

Lignes d’enfer

Exclusivité

Conduite dynamique

Moteur V6

Contre

Habitacle restreint (version courte)

Interface encore complexe

Excroissance qui handicape l’espace pour le passager avant