Jaguar XK 2006

JAGUAR XK

Tradition en attente de révolution

Jaguar (et donc Ford) a estimé qu’elle pouvait patienter encore quelques mois sans toucher aux vieillissantes XK8 et XKR, pour la bonne et simple raison qu’une refonte est prévue pour le printemps prochain, sous le millésime 2007.

CARROSSERIE

On ne se lasse pas de cette silhouette longiligne et svelte. Une Jaguar XK est l’équivalent sur la rue d’un mannequin défilant à Rome ou New York. Quelle présence ! On admire les réminiscences d’un chef d’œuvre aussi lointain que la XKE (Type E). Tiens, oubliez le mannequin : la XK8, et sa soeur suralimentée, la XKR, ressemblent plutôt à une Jane Fonda dans la soixantaine mais encore magnifiquement tournée.

HABITACLE

Par endroits, l’intérieur est superbe. Prenez le noyer verni qui s’étire sous nos yeux en exhibant fièrement son grain, ses nœuds. Ou les cadrans ronds, aux chiffres classiques et cerclés de chrome à l’ancienne. Cette section-là est divine. Mais dessous, ça se gâte. Par exemple, la mini console centrale – une concession au progrès – est sertie de boutons d’apparence bon marché, tout comme les poignées, tout droit sorties d’une Taurus.

Les forts gabarits ont sûrement peine à se faufiler sous le grand volant mi-cuir, mi-bois. Quand nos doigts dénichent à tâtons les réglages du siège coincés entre la portière et le coussin, on peut espérer éloigner suffisamment notre tête du pavillon.

Le frein à bras, planté en bordure du seuil de la portière, constitue un obstacle à éviter au moment de quitter l’auto. J’ai mis 30 bonnes secondes à refermer la capote automatisée (incluant la levée des glaces). Comme on ne parle pas ici des panneaux articulés d’un cabriolet moderne, le délai est d’autant plus long. Une fois blottie, la capote réclame sa bâche protectrice si l’on souhaite maximiser le charme aristocratique de l’auto. Sans elle, la XK-8 fait débraillée…

Les deux places arrière sont à toutes fins inutiles, à moins d’avoir laissé ses jambes au vestiaire. Par contre, ces deux simulacres de sièges nous donnent un 2+2, ce qui abaisse la prime d’assurance (la couverture d’un authentique roadster coûte plus cher). De plus, cet espace accueille des bagages supplémentaires, bien que le coffre du cabriolet propose une capacité surprenante par rapport aux plus modernes.

Dernier anachronisme : le chargeur à CD est logé dans ledit coffre. Tellement pratique…

MÉCANIQUE

Que l’on parle du coupé ou du cabriolet, de la XK8 ou de la XKR, le capot dissimule un V8 de 4,2 litres lié à une boîte automatique à 6 rapports. Sauf que si l’engin de la XK8 bénéficie de 294 chevaux, celui de la XKR en compte 390 grâce à l’ajout d’un compresseur. La puissance du V8 en version atmosphérique devrait grimper à 300 chevaux en 2007 et l’utilisation d’une coque en aluminium, plus légère, devrait assurer des performances supérieures à l’ancien modèle.

COMPORTEMENT

Désolé, mais l’attitude routière des XK appartient à une époque révolue (même le concessionnaire l’admet…). La suspension à long débattement occasionne des rebonds qui nous font croire que le châssis et les éléments mécaniques sont deux entités distinctes qui ne se parlent pas. Mince consolation : chaque accélération de la XKR est accompagnée d’un mugissement qui trahit la présence du compresseur, suivi d’un grondement félin.

CONCLUSION

En conduisant une voiture ancienne, on lui pardonne ses défauts parce qu’ils évoquent de beaux souvenirs. Il faut se montrer aussi magnanime au volant d’une XK, qui n’est pourtant pas encore passée au statut de voiture de collection (un jour, peut-être). Patience : le lifting majeur prévu pour bientôt laisse entrevoir tout un bolide !

FORCES

• Une silhouette encore craquante
• Un grondement enivrant
• Des relents d’une gloire passée

FAIBLESSES

• Une suspension indigne d’un bolide de ce prix
• Un coupé 2+2 avec deux places de trop
• Visibilité médiocre avec le toit en place