Jeep Grand Cherokee 2005

JEEP GRAND CHEROKEE

Petit pas en avant

Avec l’arrivée de la troisième génération du Grand Cherokee, on a droit aux superlatifs. Plus de puissance, plus de technologies, un premier moteur Hemi à se glisser dans un Jeep, un prix de base moins élevé… Mais c’est ce qui n’a pas été dit qui compte : pour la première fois en 14 ans d’existence, une version du Grand Cherokee à quatre roues motrices s’amène sans mode à bas régime (4LO). Aïe !

CARROSSERIE

Le nouveau Grand Cherokee 2005 a définitivement belle gueule, vu par devant du moins. Les phares sont maintenant ronds, à l’image du Jeep Liberty, et c’est très réussi. Le capot est sculpté, pour une allure plus dynamique, et le chrome étincelle, dans un bel effort de sophistication.

Par contre, les piliers ont cessé de se pencher vers l’intérieur pour se redresser à la verticale. Si l’espace intérieur s’en trouve ainsi augmenté, le véhicule perd sa ligne distinctive à l’arrière – et court le risque d’être pris, vite fait, pour une Town & Country. Re-aïe !

Côté dimensions, le nouveau Grand Cherokee se fait plus long (130 mm) et plus large (303 mm). Voilà qui assure une meilleure stabilité sur route. Les angles d’approche et de départ en prennent un peu pour leur rhume (respectivement 34,1 et 27,1 degrés, contre 36,7 et 28,6 degrés pour l’ancienne génération), mais ils demeurent quand même plus généreux que la concurrence.

HABITACLE

À voir les dimensions intérieures, on se demande si ça valait vraiment la peine de modifier à ce point l’allure extérieure du Grand Cherokee. En effet, têtes et jambes gagnent très peu, quoique les épaules se sentiront assurément plus dégagées, tant à l’avant qu’à l’arrière. Oubliez la cinquième place au centre, elle offre autant de confort qu’un bloc de ciment.

L’espace cargo perd cinq pieds carrés (à 67,4 pieds carrés). Heureusement, le pneu de secours qui est passé sous le véhicule – du coup, le plancher derrière la banquette se fait amovible, offrant un compartiment de rangement résistant à l’eau et aux égratignures. Belle innovation.

Dans la foulée, l’habitacle du nouvel utilitaire a malheureusement perdu de son élégance. Les moelleux et confortables sièges de cuir (versions plus luxueuses) cèdent la place à des baquets peu invitants et beaucoup trop durs. Le plastique que l’on retrouve un peu partout est de facture médiocre et pas du tout agréable au toucher. En fait, à bord de la version « Limited », on se demande si l’on n’est pas en train de piloter la version moyenne du Grand Cherokee. Curieusement, la version de base se fait plus harmonieuse avec ses appliqués « techno » sans prétention, mais de bon goût.

Côté sécurité, dommage que Jeep ait choisi de n’offrir les rideaux latéraux (avant et arrière) qu’en option. On peut comprendre que la décision ait été de nature « économique », mais à mon avis, on aurait dû couper ailleurs. Parlant d’options, mentionnons le groupe « hors-piste » avec ses plaques de protection, de même que, nouveautés, le système de navigation avec changeur à six disques et lecteur de MP3, ainsi que le centre de divertissement DVD. Bravo pour les pédales ajustables, qui viennent compenser pour un volant qui ne s’ajuste qu’en hauteur, mais pas en profondeur.

MÉCANIQUE

Une première en plus d’un demi-siècle d’histoire : le moteur Hemi de Chrylser/Dodge se transpose sous le capot d’un Jeep. Le V8 de 5,7 litres développe 330 chevaux, 375 livres-pied de couple et peut remorquer jusqu’à 7200 livres. Rappelons que l’an dernier, le Grand Cherokee le plus puissant (l’Overland) disposait de 265 chevaux et 325 livres-pied et pouvait tirer 5000 livres.

Mieux encore : ce moteur Hemi dispose de la désactivation des cylindres – lorsque lancé, quatre de ses huit cylindres se taisent presque instantanément. Les dirigeants parlent d’une économie d’essence de 20% mais, bien sûr, il faudra voir.

Il n’y a pas que le Hemi qui propulse le nouveau Grand Cherokee. Le V8 de 4,7 litres demeure au rendez-vous, avec 235 chevaux et 305 livres-pied (10 livres-pied de plus). La version de base délaisse le moteur six cylindres en ligne de 4,0 litres pour adopter le V6 de 3,7 litres (210 chevaux et 235 livres-pied) qui équipe déjà le Jeep Liberty.

Cette dernière version du Grand Cherokee est livrée avec le système quatre roues motrices permanent Quadra-Trac, qui ne dispose pas, répétons-le, qui ne dispose pas du mode à bas régime. Pas de « 4LO », voilà une première pour l’utilitaire intermédiaire 4×4 de Jeep. Rappelons cependant que les Etats-Unis, contrairement au Canada, livrent des Grand Cherokee à deux roues motrices et que ceux-ci constituent près de 20% des ventes. Là-bas, le fait historique devrait donc causer moins de vagues.

Deux autres systèmes quatre roues motrices permanents aident le Grand Cherokee à se tirer d’à peu près tous les pétrins, soit le Quadra-Trac II et, tout nouveau tout beau, le Quadra-Drive II. Ce dernier propose des différentiels auto-bloquant(S ?) à l’avant et à l’arrière, en remplacement des anciens « Vari-Lock ». La réponse est définitivement plus rapide et s’effectue tout doucement.

Ajoutez à cela le programme de stabilité ESP (une nouveauté, de série) et le contrôle de traction par les freins et vous comprendrez pourquoi que le Grand Cherokee n’a rien perdu de sa verve. Également, adieu boîte automatique à quatre rapports. Que des boîtes automatiques à cinq rapports, avec un mode manuel qui se passe aisément, sans chi-chi de labyrinthe au pied du levier. On ne parle pas ici de l’AutoStick propre à Chrysler, mais bien d’une sélection manuelle des vitesses que l’ordinateur ne vient pas modifier au gré de ses humeurs. En bref, le rapport choisi par le conducteur demeure sans s’obstiner. L’idéal en « off-road », avouez.

Oh, j’allais oublier : plus d’essieu rigide à l’avant, mais bien une suspension indépendante. L’essieu rigide arrière demeure, toutefois. De même, la direction à circulation à billes cède la place à une nouvelle direction à crémaillère assistée.

À surveillez au printemps prochain : la possibilité d’équiper son utilitaire du système dynamique DHS, sorte de grosse barre stabilisatrice hydraulique qui opère uniquement lorsque nécessaire – et qui reste discrète lorsqu’un comportement routier plus flexible est requis.

COMPORTEMENT

Définitivement plus doux, le Grand Cherokee – sa suspension indépendante avant y est pour beaucoup. Même que… j’aurais apprécié plus de fermeté. Que ceux qui craignent pour les capacités hors-route de l’utilitaire se rassurent, cependant : le Grand Cherokee n’a rien perdu de ses aptitudes, au contraire. Les nouvelles technologies qui montent à bord font en sorte que le véhicule travaille vite et mieux.

Côté propulsion, le V8 Hemi ne manque pas de chevaux, certes. Mais le V8 de 4,7 litres se débrouille très bien – même le V6 en offre suffisamment. Un bémol pour les boîtes automatiques : elles délivrent bien la puissance, mais nous ont assaillis de « tocs » malencontreux entre le deuxième et le premier rapport. Voilà qui promet d’être agaçant au milieu des bouchons de circulation. Quant à la nouvelle direction, celle-ci a pris du galon, mais elle n’a pas encore l’intensité qu’on lui souhaite.

CONCLUSION

L’enjeu, avec cette troisième génération de Grand Cherokee, était d’améliorer, pas de révolutionner. Pour ceux qui auraient donc souhaité retrouver une troisième banquette à bord, il vous faudra attendre l’an prochain, moment où Jeep prévoit lancer son utilitaire grand format Commander.

Une dernière chose : ce que le nouveau Grand Cherokee perd d’un côté, il le gagne de l’autre. Si l’on fait fi de quelques étranges décisions – plus de « 4LO » pour le V6, un plastique « cheap » à l’intérieur et pas de rideaux gonflables de série –, le nouveau Grand Cherokee a néanmoins tout ce qu’il faut pour retrouver sa place au sein de la concurrence.

Forces :

De la puissance à revendre avec le Hemi – une première chez Jeep

Des capacités hors-route toujours aussi impressionnantes

Nouveautés technologiques : le contrôle de stabilité

Nouvelles options : système de navigation, centre de divertissement DVD

Faiblesses :

Pas de mode à bas régime pour le V6

Un design moins réussi à l’arrière qu’à l’avant

Un habitacle moins luxueux – malheureusement.

Nouveautés 2005 : nouveau modèle