Jeep Patriot 2008

Jeep Patriot

Le « petit » Cherokee

Qui a dit que l’histoire était un éternel recommencement? Cela ne date pas d’hier que Jeep joue avec l’idée d’un petit VUS « tous chemins », à l’opposé d’un vrai tous terrains dans la plus pure tradition de la marque. Au début des années 90, le projet JJ utilisait un 4 cylindres 2,2 litres de Plymouth Horizon et un boîtier de transfert simplifié. Il était suffisamment efficace en hors-route mais pas assez pour passer la célèbre piste du Rubicon sans assistance. C’est pour cette raison, et aussi parce que Chrysler avait besoin d’argent pour lancer les Dodge Ram et Jeep Grand Cherokee pour 1993, qu’il fut éliminé à la dernière minute alors même que 60 exemplaires de présérie avaient été fabriqués. Plus de 15 ans plus tard, le développement de la plateforme GS pour la Dodge Caliber allait enfin permettre l’arrivée d’une petite Jeep. Enfin, petite…

Carrosserie

Vous souvenez-vous du « gros » Cherokee, fabriqué de 1984 à 2001 et encore un engin de référence tatoué dans la peau des vrais amateurs de Jeep? Bien qu’il ait l’air compact, le Patriot est en fait plus gros que le Cherokee original. Contrairement au très « métrosexuel » Compass, le Patriot revient au langage stylistique traditionnel de la marque avec lignes carrées… qui font justement penser au Cherokee. Le Patriot a de la prestance, même dans les versions Sport et North qui se contentent de roues de 16 pouces en acier (17 pouces en alliage pour la version Limited). Le volume de chargement varie de 652 à 1535 litres : ce n’est pas mal, mais c’est moins que la majorité des concurrents de ce segment.

Habitacle

L’habitacle du Patriot laisse une impression mitigée. Le tableau de bord provient de la Caliber. Ce qui veut dire que l’ergonomie est bonne mais que les plastiques font assez bas de gamme. L’assemblage semble réalisé avec soin, c’est toujours ça. Ensuite, il est assez facile de trouver une bonne position de conduite grâce à la présence, dès l’entrée de gamme, d’un volant inclinable. Même à l’arrière, les passagers seront bien assis.

Là où le Patriot se fait pardonner, c’est au niveau de l’équipement. La version Sport de base est un peu dénudée mais elle est vendue à un prix canon. La version North a tout le confort électrique, la climatisation et une prise 115 volts. Quant à la version Limited, elle ajoute le cuir, les commandes radio au volant, le régulateur de vitesse et les sièges chauffants. Il y a plusieurs options intéressantes (dont le système Boston Acoustics ou le système de communication UConnect) mais, faites attention, la facture monte très vite et le Patriot n’est alors plus si économique que ça.

Mécanique

Il n’y avait plus de 4 cylindres chez Jeep depuis la disparition du… Cherokee – encore lui – en 2001. En ces temps où l’essence porte mieux que jamais le nom d’or noir, le retour d’une telle motorisation est une excellente chose. Dans toutes les configurations (traction avant ou 4 roues motrices, boîte manuelle ou automatique), le moteur proposé est un 4 cylindres de 2,4 litres… sauf dans le cas des modèles traction avant avec boîte automatique, qui ont droit à un 2,0 litres.

Ces moteurs ont été développés en partenariat avec Hyundai et Mitsubishi, du temps (franchement pas si lointain) où la compagnie s’appelait encore DaimlerChrysler et où elle possédait des parts dans les deux constructeurs susnommés. Ces blocs en aluminium sont dotés d’un calage variable continu des arbres à cames.

Côté transmission, l’acheteur a le choix entre une boîte manuelle Magna à cinq rapports et une boîte automatique à variation continue Jatco dont la gestion peut simuler des rapports préselectionnés.

Le système quatre roues motrices Freedom Drive I fait appel à un différentiel central à commande électronique. Il est à prise constante (quatre roues motrices en tout temps) et à répartition variable (selon les conditions d’adhérence). Ce différentiel peut être verrouillé pour répartir de façon égale la puissance entre les essieux avant et arrière et améliorer la motricité dans des conditions d’adhérence difficiles. Ainsi équipé, le Patriot ne peut cependant pas recevoir le label « Trail Rated ». Pour cela, vous devrez cocher la case Freedom Drive II du bon de commande (option non disponible sur le Compass et qui est, en plus du style, le plus grand élément de différenciation avec ce dernier). Cette option comprend aussi des pneus tous terrains, un alternateur et un système de refroidissement renforcés, des plaques de protection du carter moteur et du réservoir d’essence, des crochets de remorquage, des phares antibrouillard, un filtre à air pour l’habitacle et le siège conducteur ajustable en hauteur. Il est aussi vendu d’office avec la boîte CVT. Car l’avantage du Freedom Drive II, en plus d’augmenter la garde au sol de 205 à 228 millimètres, c’est sa gamme basse qui permet d’avancer sur des terrains très difficiles. Contrairement à ce qui se fait d’habitude, cette gamme basse n’est pas réalisée de façon mécanique mais exploite les capacités de la CVT à avoir une large gamme de rapports de réduction. Ainsi elle est réalisée de façon logicielle au niveau de la commande de la boîte CVT. Astucieux, efficace et pas cher.

Côté sécurité, le Patriot est « tout garni » puisqu’il bénéficie de l’ABS, du contrôle de stabilité avec fonction antiretournement et de rideaux gonflables.

Comportement

Lors de la première accélération franche pour entrer sur l’autoroute, il a fallu s’arrêter sur le bas côté pour vérifier si quelques-uns des 172 chevaux annoncés n’étaient pas à l’arrière en train de jouer au poker parce que, franchement, il en manquait une bonne poignée à l’appel. Et ce n’est pas mieux avec la boîte CVT. Le 2,4 litres est rugueux, peu raffiné et il émet un bruit pas très agréable à l’accélération. Et ne vous attendez pas à compenser en consommation ce que vous perdez en agrément : il boit assez généreusement. C’est le seul vrai talon d’Achille du véhicule.

Sur la route, l’excellent travail des suspensions est à souligner. Elles préservent un très grand niveau de confort, même sur des surfaces défoncées, tout en limitant efficacement les mouvements de la caisse.

En hors-route, le Patriot porte sans honte son nom de Jeep. Déjà, le système Freedom Drive I se montre très satisfaisant. Mais pour porter le logo « Trail Rated », il faut remplir une liste de critères sévères (que les ingénieurs de Jeep gardent jalousement). Sur les pistes du désert d’Arizona, qui mélangeaient sable, pentes en roches et autres joyeusetés, le système Freedom Drive II s’en est tiré avec une facilité déconcertante et, comme par hasard, ses angles d’approche, de départ et d’aplomb sont très proches du… Cherokee – toujours lui.

Conclusion

De par son style et ses prestations hors-route (avec le Freedom Drive II), le Patriot peut effectivement porter le surnom de petit Cherokee et tout l’héritage qui vient avec. Mais Jeep devra rapidement revoir son moteur pour que le Patriot devienne vraiment attirant et fasse mordre la poussière (c’est le cas de la dire) à quelques concurrents bien installés.

Forces

Style Jeep

Transmissions intégrales très efficaces

Bonne liste d’équipements

Tenue de route ET confort

Prix contenu

Faiblesses

Moteur 2,4 litres raté

Choix des plastiques intérieurs pauvre