Jeep TJ 2006

JEEP TJ

Le ridicule ne tue pas, il conduit un TJ

Pascal Boissé

D’emblée je serai clair avec vous : je ne suis pas un adepte du hors route et je n’ai jamais fantasmé à l’idée d’enfoncé un Jeep jusqu’aux essieux dans un « trou de bouette », pour avoir, ensuite, le plaisir d’en sortir. J’ai des amis dont c’est le passe-temps et si vous êtes de ceux-là, changez tout de suite de page, car ce qui va suivre risque de vous faire de la peine. Nonobstant ses capacités de franchissement hors pair, j’ai simplement voulu conduire un Jeep TJ pour savoir s’il pouvait aussi faire un bon véhicule de tous les jours et en un mot, ma réponse est : non ! Je suis chroniqueur automobile, après tout, pas essayeur de machinerie agricole ou de matériel militaire désuet.

CARROSSERIE

La carrosserie du TJ n’a que très peu évolué depuis la Deuxième Guerre mondiale et c’est ce qui fait son charme. Mais, comme les autres véhicules de cette époque, sa place devrait être au musée. On a presque besoin d’un escabeau pour grimper à bord et pour descendre, on est certain de se « beurrer » l’arrière des cuisses sur le seuil des portières. Depuis l’an dernier, on a fait renaître l’ancien CJ8, une version à empattement allongé du TJ, maintenant rebaptisée Unlimited. Avec ce dernier, deux adultes peuvent prendre place à l’arrière pour partager votre inconfort.

HABITACLE

Vous vous en doutiez, rien à bord n’a été conçu pour assurer votre confort ou votre bien-être. Oubliez l’espace de rangement : il y a bien quelques pieds cubes disponibles derrière, mais aucun cache bagage ne protège vos effets personnels des regards indiscrets. Les chaises de parterre qui servent de siège sont inconfortables au possible, et le niveau sonore est si élevé que, si vous souhaitez écouter de la musique, vous devrez monter le volume jusqu’à ce que vos tympans saignent. Et il y a aussi ce toit souple, ni doublé ni isolé, qui bat au vent comme un vieux drapeau. Je frémis à l’idée que des gens sont obligés de conduire avec ça en hiver. J’ai peine à imaginer le crime qui commande un tel châtiment.

MÉCANIQUE

Primitif, désuet, risible, rustique, voire pathétique… Bref, c’est un voyage dans le passé, mais le charme et la nostalgie en moins. Par contre, c’est sans doute très efficace pour gravir une falaise, franchir un ruisseau ou traverser un marécage. Je n’ai pas souhaité le vérifier, vous m’en excuserez.

COMPORTEMENT

En feuilletant la brochure du Jeep TJ, on se rend vite compte qu’aucune photo ne nous le représente sur une route asphaltée. Cela devrait nous servir d’avertissement : ce véhicule n’est simplement pas conçu pour circuler sur la voie publique. Le port du casque devrait être obligatoire, car, disons les choses simplement, le TJ est un véhicule dont la tenue de route devient carrément hasardeuse au-delà des 90 kilomètres-heure.

Un avis, placé sur le pare-soleil, nous prévient qu’il s’agit d’un véhicule qui peut se renverser facilement. Tiens, on l’avait justement remarqué ! Quant au freinage, c’est à croire que le TJ est équipé de quatre freins à tambour. Si, par malchance, vous n’avez jamais rien conduit d’autre dans votre vie qu’un Jeep TJ, vous devriez essayer une automobile, n’importe laquelle. Vous serez émus à en pleurer.

CONCLUSION

Si vous devez occasionnellement faire du hors route, et que vous êtes charmés par la calandre mythique du TJ, j’ai une solution pour vous : pourquoi ne pas regarder du côté d’un Jeep Liberty ? Près de soixante ans de progrès techniques séparent ces deux véhicules, ce qui fait du Liberty un compagnon infiniment plus fréquentable, mais dont les compétences sur les sentiers boueux sauront aussi vous satisfaire. Pour la crédibilité de la marque, Jeep doit garder le TJ vivant, mais ce ne devrait pas être à vous d’en faire les frais !

FORCES

Performance hors-route

FAIBLESSES

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