Lexus ES 2005

LEXUS ES 330
Anesthésie générale

Vous connaissez la règle de base dans un blind date : si on ne cesse de vous vanter la « belle personnalité » de celui ou celle qu’on veut vous présenter, fuyez à toutes jambes ! Vous risquez de vous retrouver en présence d’une personne fort gentille, certes, mais dotée d’un physique ingrat et possédant autant de charisme que Stéphane Dion. C’est exactement le cas de la Lexus ES330 : on ne peut rien lui reprocher, sinon que d’être totalement dénuée de charme…

CARROSSERIE
On ne fera pas de grand mystère : le modèle d’entrée de gamme de Lexus n’est rien d’autre qu’une Camry endimanchée. Les modifications apportées à la carrosserie parviennent à faire une différence, mais on ne peut pas dire que le résultat soit des plus heureux : déjà que la Camry n’est pas très belle, sa jumelle riche est franchement laide. Le design asiatique dans ce qu’il a de pire…
HABITACLE
Le confort avant tout : tel est le leitmotiv de cette berline de luxe. En témoignent des sièges généreusement rembourrés mais n’offrant aucun support latéral – ou si peu. Mais ils n’ont rien à envier au plus confortable des fauteuils de votre salon, en plus d’être recouverts d’un cuir qui respire la qualité. La présentation intérieure est, du reste, très cossue, conformément au credo de Lexus. Il en va de même pour la finition et la qualité d’assemblage, qui respectent en tout point les standards élevés des produits Toyota. Sur le plan ergonomique, on peut aussi parler de réussite : les commandes sont simples, accessibles, et l’habitacle est vaste, à l’avant comme à l’arrière. L’accès à bord est facilité par la grande ouverture des portières. L’aspect fonctionnel n’est pas en reste, avec la présence de grands espaces de rangement. Un seul oubli : un volant télescopique. Mais on trouvera facilement la bonne position de conduite grâce aux multiples ajustements des sièges électriques et du pédalier réglable.
MÉCANIQUE
L’an dernier, la ES 330 a vu la cylindrée de son V6 passer de 3 à 3,3 litres, ce qui a entraîné un gain de 15 chevaux, pour un total de 225. Cela n’aura pas suffi à sortir cette placide berline de sa torpeur… Certes, on peut difficilement trouver moteur plus doux, plus souple et plus silencieux ; mais il manque cruellement de prestance… et de fougue. La boîte automatique possède les mêmes attributs, ce qui n’arrange rien. Pour un dépassement rapide, il faudra donc jouer du levier et rétrograder, tout en enfonçant l’accélérateur. Une fois lancé, ce moteur n’a aucune peine à maintenir un rythme soutenu ; mais il est paresseux et avare de sensations. Aussi efficace qu’ennuyant.
COMPORTEMENT
Restons dans l’ennui. L’agrément de conduite se limite au plaisir de se laisser bercer par cette suspension mollassonne, qui procure une douceur de roulement exceptionnelle à cette berline. Profitons de l’ambiance feutrée qui règne à bord, gracieuseté d’une insonorisation elle aussi exceptionnelle. Pour un peu, on se croirait à l’intérieur d’un bain flottant, dans un salon de soins corporels. Mais attention : il faudra lutter très fort contre le sommeil… Surassistée, la direction annihile toute sensation, en plus d’être imprécise. De plus, chaque entrée en virage s’accompagne d’un roulis prononcé. Inutile d’élaborer davantage sur les aptitudes routières de ce bateau, dont le comportement rappelle celui des grosses Buick d’une autre époque. Mais Lexus a fait les choses intelligemment en proposant, à un prix comparable, une véritable berline sport, la IS 300. Il y en a donc pour tous les goûts.
CONCLUSION
Qu’est-ce qu’une bonne voiture ? La perception et les critères peuvent varier d’une personne à l’autre, mais en général, on s’entend pour dire qu’elle doit être confortable, solide et fiable. La Lexus ES330 correspond à cette définition : les publications spécialisées la recommandent de façon unanime et elle se classe toujours parmi les premières dans les différentes enquêtes de fiabilité. Mais elle manque cruellement de piquant, de sorte que pour les sensations, il faudra plutôt regarder du côté de la IS 300.

FORCES :

• Habitacle cossu, spacieux et confortable
• Qualité d’assemblage irréprochable
• Douceur mécanique et douceur de roulement
• Insonorisation exceptionnelle
• Fiabilité exemplaire

FAIBLESSES :

• Ratage esthétique
• Moteur et transmission paresseux
• Agrément de conduite inexistant
• Direction floue et surassistée
• Zéro charisme