Lincoln Navigator 2014

Lincoln Navigator

Le mouton noir de Lincoln

Jetez un coup d’œil à la gamme actuelle de la division Lincoln. Selon vous, est-elle homogène ? Il y a la berline MKS, le multisegment MKT et son petit frère, le MKX, sans oublier la très jolie MKZ de nouvelle génération. Puis, il y a le Navigator, ce Ford Expedition endimanché destiné à une clientèle qui apprécie ce genre de véhicule issu d’une autre époque, celle où les gros VUS régnaient en rois et maîtres sur nos routes.

Carrosserie

À l’extérieur, l’écart saute aux yeux par rapport aux autres produits de la marque. La jolie calandre double en chute d’eau n’y est pas, les stylistes de la marque ayant plutôt inséré cet imposant grillage surmonté d’une large bande chromée. Les blocs optiques revus en 2007 s’intègrent relativement bien avec cette dernière, même si, dans les faits, ces phares commencent sérieusement à montrer des signes de vieillissement. Bien entendu, les énormes jantes de 20 pouces sont de mises dans ce segment de démesure. D’ailleurs, celles-ci paraissent petites dans ces arches de roues, c’est vous dire à quel point le Navigator est énorme ! Le thème chromé se poursuit allègrement sur les flancs, les rétroviseurs et les contours de fenêtres, et si vous en voulez plus, vous n’avez qu’à choisir l’édition L, plus longue ! À l’arrière, aucun changement, les larges feux de position témoignant de l’âge du véhicule, tandis que – oh, surprise – du chrome supplémentaire complète ce tour du propriétaire.

Habitacle

Montez à bord au moyen du marchepied qui se déplie à chaque ouverture de portière et vous découvrez que l’habitacle a, lui aussi, besoin d’une urgente mise à niveau. Par contre, pour ceux qui ragent contre la nouvelle tendance de Ford et de Lincoln à proposer des planches de bord sans boutons, celle du Navigator est une preuve que, jadis, le maniement des fonctions était plus simple. À ce sujet, sachez que la disposition des commandes pourrait être mieux organisée. L’affichage derrière le volant est, lui aussi, un témoignage du passé, idem pour le volant qui, malgré tout, est agréable à prendre en main à cause du bois verni. Bien entendu, l’espace ne manque pas à bord du Navigator, tandis que le confort de la sellerie est l’un des points forts du véhicule.

Mécanique

Le Navigator est vieux à l’extérieur, vieux à l’intérieur, et c’est la même histoire sous le capot. Le V8 de 5,4 litres d’une puissance de 310 chevaux n’est même plus utilisé au sein de la gamme des camionnettes de Série F, imaginez ! Heureusement, la boîte de vitesses automatique compte 6 rapports, ce qui réduit quelque peu la consommation qui oscille tout de même au-delà des 18 litres aux 100 kilomètres. Remarquez, cet engin convient parfaitement au caractère du véhicule. Le Navigator n’a rien d’un hot rod, alors pourquoi lui insuffler une mécanique plus dynamique ? Le V8 est capable de tirer de lourde charge sans trop forcer, et la boîte automatique travaille de manière transparente. C’est une rumeur qui dure depuis un certain temps, mais il serait intéressant de voir le V6 biturbo EcoBoost dans le prochain Navigator.

Comportement

Il n’y a pas à dire, le Navigator est le VUS le plus « guimauve » de son segment. Les suspensions molles au possible contribuent au confort des occupants, mais en matière de tenue de route, il se fait beaucoup mieux ailleurs. Le roulis est important, surtout en situation de courbe prononcée, et le freinage pourrait être plus mordant. Avec tout ce poids, c’est difficile à gérer ! La direction est également floue, mais au moins, elle demeure légère, ce qui est parfait pour sortir des stationnements. Les accélérations n’ont rien d’explosif, mais en revanche, il faut mentionner que ce bon vieux V8 émet une sonorité typiquement américaine, et ce, malgré le simple petit pot d’échappement à l’arrière.

Conclusion

Dans le segment, il y a encore plusieurs options intéressantes pour ceux qui veulent conduire une telle presqu’île sur la route. Le Navigator est certainement l’une des plus anciennes, ce qui explique la diminution des ventes depuis un certain temps au pays. L’an dernier, il s’est écoulé moins de 600 Navigator au Canada, contre un peu plus de 1 300 aux États-Unis. À titre de comparaison, il s’est vendu 20 fois plus de Cadillac Escalade au sud de la frontière. À eux seuls, ces chiffres démontrent à quel point il est temps de revoir le Navigator.

Forces

Confort à l’américaine

Châssis robuste

Capacité de remorquage

Faiblesses

Consommation de carburant exagérée

Mécanique dépassée

Planche de bord d’une autre époque