Lincoln Navigator 2022

Lincoln Navigator

Comme un bateau de croisière

Daniel Rufiange

On compare souvent les VUS de luxe pleine grandeur à des paquebots de luxe. Une autre analogie peut être faite avec les navires, cette fois destinée aux croisiéristes : le renouvellement de l’un, qui en fait la coqueluche de l’industrie, est rapidement éclipsé par celui du concurrent qui propose encore plus de luxe. Ce qui est vrai pour Royal Caribbean, la référence sur la mer, l’est aussi pour Lincoln, une des références dans le segment qui nous intéresse.

Quatre longues années

Jadis, un constructeur pouvait se permettre de laisser un modèle plus longtemps sur le marché. Aujourd’hui, la rapidité avec laquelle évolue la technologie lui fait vite perdre le fil. Le cas du Navigator est intéressant. En 2018, il a redéfini les standards dans le créneau. Avec la refonte du Cadillac Escalade l’an passé, la domination du Navigator est soudainement devenue moins nette. Heureusement, on avait fait un travail extraordinaire chez Lincoln lors du dernier renouvellement, si bien que le produit est toujours dans le coup. Il ne faudra pas trop procrastiner, cependant.

Tout

Il est difficile de ne pas trouver son compte avec le Navigator. C’est notamment attribuable au fait qu’une seule variante, un tout-inclus, est proposée, comme lors d’une croisière. Que sert-elle? Il est inutile de parler des sièges et du volant chauffants ou d’autres banalités du genre. Ici, l’inclusion prend la forme d’un éclairage d’accueil, d’une caméra à 360 degrés avec essuie-glace pour l’avant et l’arrière et d’un toit panoramique Vista avec pare-soleil à déploiement électrique. Ça comprend aussi un système de climatisation à trois zones, un pédalier réglable, des prises multiples (USB, 110 volts), un pavé de recharge (sans fil) pour cellulaires, le système Co-Pilot 360 ainsi qu’une chaîne audio Revel.

Et comme avec un bateau, on peut choisir le petit navire de croisière ou le plus grand. Avec le Navigator, on parle des modèles Ultra et Ultra L à empattement allongé. Ensuite, on a le loisir de lui greffer quelques options comme le groupe Select, qui ajoute des roues de 22 pouces, une calandre et des rétroviseurs assortis à la couleur de la carrosserie ainsi qu’un logo Lincoln monochrome. À bord, l’option Grand Luxe livre des fauteuils à l’avant, littéralement, avec assise ajustable, fonction de massage et tout le bataclan. Sérieux, ce sont peut-être les plus confortables de l’industrie; vous allez vous endormir dans le trafic.

L’appétit d’un navire?

Non, le Navigator ne brûle pas du carburant au même rythme que l’Oasis of the Sea de la flotte Royal Caribbean, mais il réclame son dû un peu trop souvent. Très souvent si vous circulez en ville. Parce que sa masse se situe entre 2600 et 2800 kilos selon la version, il est difficile de faire des miracles sans une aide électrifiée quelconque, ce qui devra être sur la table pour la prochaine génération. Ford tente de faire avaler la pilule en vantant la consommation « raisonnable » de son V6 EcoBoost de 3,5 litres, mais la vérité est que lorsque le turbo est sollicité, c’est à la consommation d’un V8 qu’on a droit. Sur l’autoroute et à vitesse stable, c’est beaucoup plus raisonnable. Remarquez que l’acheteur type du Navigator s’en balance, car en déboursant plus de 100 000 $ pour un véhicule, il a les moyens de le rouler. N’empêche, une meilleure efficacité à ce chapitre sera la bienvenue. Heureusement, on ne peut se plaindre de la puissance et de la capacité de remorquage, au poil dans les deux cas.

Quant à l’expérience de conduite, elle est bien sûr marquée par la grande douceur. On s’en trouve même déconnecté un moment donné. Là aussi, c’est perfectible, d’autant plus quand on a pris le volant de la dernière version du Cadillac Escalade.

Conclusion

Le Lincoln Navigator n’a aucun complexe et s’assume pleinement. Voilà pourquoi il a du succès. L’image qu’il projette est forte et c’est exactement ce que l’acheteur désire dans ce segment. On ne peut que lui souhaiter une évolution rapide pour tenir le rythme ainsi qu’un groupe motopropulseur plus « vert ». Idem pour les navires de croisière. Le reste fonctionne pas mal.

Forces

Les sièges avant : divins!

Très forte image de prestige

Puissance et aisance à se déplacer

Système d’aide au remorquage

Faiblesses

Consommation lorsqu’on circule un peu trop en ville

Déjà certains retards vis-à-vis de ses rivaux

Comportement routier mollasson