Maserati Ghibli 2018

Annuel de l’Automobile 2018 – Maserati Ghibli

Titre : L’exception à la règle

Par Vincent Aubé

La catégorie des berlines de luxe intermédiaires est densément peuplée. Il y a les allemandes, les nippones, les américaines et même les coréennes. Ah oui, le penchant italien est assuré par Maserati. La marque de Modène est depuis fort longtemps associée à l’exception – on ne croise pas un bolide tatoué du trident tous les jours après tout – et quand Ferrari s’occupe de l’assemblage en plus, le consommateur est en droit de s’attendre à l’excellence. Le hic, c’est que la rareté, ce n’est pas très profitable, à moins de s’appeler Ferrari, Lamborghini ou même Porsche. Maserati a donc besoin de volume pour regarder en avant. C’est là qu’entre en jeu la berline Ghibli.

Tour du propriétaire 80 %

On la reconnaît au premier coup d’œil, cette dame italienne. Sa silhouette est unique et ses proportions lui confèrent une prestance que peu de voitures sur la route arrivent à reproduire. Au centre de la calandre, le trident est bel et bien présent, tandis que les trappes de ventilation latérales ajoutent au spectacle. La fenestration se fait elle aussi peu commune avec cette manière tragique de se terminer au niveau du pilier C. Que vous optiez pour une Ghibli de base ou pour la plus excitante S, la berline Maserati a tout ce qu’il faut pour impressionner, et ce, partout où elle passe. Sans être une catastrophe à l’extérieur, il est tout de même décevant de constater la qualité d’assemblage d’une si jolie voiture qui commande plus de 80 000 $ dans sa plus simple expression.

Vie à bord 70 %

Et c’est là que ça se corse encore plus. À première vue, la Ghibli semble inonder ses occupants d’un luxe réservé aux mieux nantis, mais en s’approchant un peu plus, la qualité de certains plastiques rappelle que la voiture fait partie de la même famille que les Dodge Grand Caravan et Chrysler 300 de ce monde. En effet, plusieurs commandes sont extirpées du catalogue du constructeur américain. Pour les non-initiés, ça passe, mais pour les connaisseurs qui s’attendent à rien de moins que le summum, devoir manipuler les phares, les fenêtres ou même l’écran du système de divertissement avec des boutons d’origine Chrysler, ce n’est pas aussi glamour. Le diamètre du volant mériterait aussi d’être rapetissé quelque peu, étant donné le caractère de la voiture, et un assemblage plus rigoureux serait souhaitable. La voiture prêtée pour l’essai a malheureusement déçu par des bruits de caisse et autres craquements qui ne devraient pas se retrouver à bord d’une voiture de ce calibre.

Technique 85 %

Que vous optiez pour l’une ou l’autre des versions de la Ghibli, la berline a droit à une mécanique V6 biturbo. L’une est plus pimentée que l’autre évidemment! Notez que l’édition S Q4, du haut de ses 404 chevaux-vapeur, est la seule à offrir une transmission intégrale, un détail intéressant pour les journées plus glacées de notre territoire. La livrée inférieure retranche 49 pur-sang pour un total de 345 chevaux-vapeur, une statistique peu inquiétante malgré le poids excessif de cette berline. Au cas où vous ne le sauriez pas, la plateforme est empruntée à une certaine Chrysler 300, une autre berline d’un certain gabarit qui, elle, doit son squelette à la Mercedes-Benz Classe E (nom de code W210) introduite au milieu des années 90. Finalement, mentionnons la présence d’une boîte de vitesses automatique comptant huit rapports.

Au volant 85 %

Au-delà des quelques défauts énumérés jusqu’ici, la Ghibli s’avère un choix musical de renommée. Dans un monde idéal, le bouton Sport serait enfoncé en permanence, mais bon, pour le bien-être du voisinage, il est également possible de rouler en mode normal, la tuyauterie se faisant plus discrète. C’est vraiment l’un des plaisirs de cette mécanique six cylindres. Malgré un poids important, la Ghibli S Q4 se déplace avec aisance. Il faut tout de même doser la pédale de droite, surtout dans les courbes, la voiture n’étant pas aussi agile qu’une Mazda MX-5! D’ailleurs, au risque de me répéter, ce volant est trop grand pour une authentique conduite sportive! Espérons que ce détail sera corrigé rapidement.

Conclusion 75 %

Force est d’admettre que la marque italienne aura besoin d’un peu plus que cette Ghibli pour conquérir le marché nord-américain. Comme berline de luxe sportive, elle se défend bien et offre une option peu banale aux ténors de la catégorie. Les perfectionnistes regarderont ailleurs, mais les excentriques tomberont sous le charme de cette voiture peu commune. Heureusement pour les stratèges de la marque, le VUS Levante devrait attirer encore plus de curieux.

Forces

Charisme – Sonorité de la mécanique – Agrément de conduite

Faiblesses

Sera-t-elle fiable? – Un intérieur décevant – Une diète lui ferait du bien