Mazda 6 2020

Mazda 6

Le mystère 6

Pour paraphraser un vieux tube de 1992 (les assoiffés de savoir liront sur la Toile la pas toujours drôle histoire de Jordy l’enfant-star), c’est dur dur d’être une intermédiaire aujourd’hui. Pourtant, malgré des ventes toujours loin derrière les leaders que sont la Camry et l’Accord, non seulement Mazda persiste et signe avec sa 6, elle insiste également pour l’améliorer, notamment avec la version haut de gamme Signature. Mais, au final, qu’est-ce qui peut bien clocher pour qu’une aussi bonne voiture occupe la cale de sa catégorie?

Tour du propriétaire 85 %

Ça ne peut être la faute de sa silhouette. Sans être spectaculaire, il faut être un grognon patenté pour la dénigrer. Ses formes tout en douceur dégagent un irrésistible élan. Le pavillon est racé. Les flancs qui ne souffrent d’aucun embonpoint, tel un sexagénaire sans une once de gras, sont liés par une calandre et un coffre dont les traits cisèlent une expression de finesse. Quand on a devant les yeux une 6 vêtue d’un « rouge vibrant cristal métallisé », on ne se contente pas de la regarder, on s’autorise à l’admirer.

Vie à bord 84 %

À moins que ça ne soit la faute de l’habitacle. Pourtant, sa finition est irréprochable et son équipement, exemplaire, que l’on détaille le modèle de base ou le plus huppé. Ce dernier, justement l’édition Signature, ajoute à la variante GT, laquelle n’est déjà pas piquée des vers (chaîne audio Bose, sièges avant ventilés, affichage tête haute, navigation, etc.), des joliesses telles que du cuir nappa, des garnitures en bois de sen (vous savez, le kalopanax pictus cultivé au Japon) et en ultra-suède, de sorte que vous avez carrément envie de caresser l’intérieur de votre 6, cette dernière étant maintenant rendue à 40 000 $, ce qui n’est finalement pas si mal quand on compare ce que contient une allemande de ce prix. Mais au jeu des comparaisons, les satanées Camry et Accord sont plus spacieuses. C’est d’ailleurs un problème récurrent chez Mazda, comme si les formes aguichantes et les cabines séduisantes interdisaient les habitabilités généreuses, sans oublier le châssis, dont la robustesse doit empiéter dans le cocon.

Technique 88 %

Sous tous les capots de 6 sommeille un 4-cylindres de 2,5 litres. Celui des GS et GS-L bénéficie de la désactivation des cylindres qui met au repos la moitié des pistons quand l’auto vogue en mode croisière, améliorant ainsi la consommation de carburant. Les GT et Signature ont en sus un turbo dont le principal exploit est de fournir un impressionnant couple de 310 lb-pi. Ce 2,5-litres accepte l’essence ordinaire, mais nourri avec un indice d’octane supérieur (93), sa puissance passe de 227 à 250 chevaux.

Comme en plus la fiche technique inclut de série une boîte automatique à six rapports (bonne mais des rapports supplémentaires ne nuiraient pas et ne cherchez plus la manuelle), le contrôle vectoriel G Plus (qui en influençant le couple et le freinage améliore notre dextérité) et l’habituelle kyrielle d’aides électroniques, on peine à croire que ce sont ces honnêtes spécifications qui entament la popularité de l’intermédiaire.

Au volant 88 %

Et ce n’est certainement pas son excellent coup de volant qui peut ternir sa réputation puisqu’il s’agit ici, au contraire, de l’une des principales raisons pour lesquelles la 6 est régulièrement portée aux nues par la critique automobile. La fougue est plus que jamais au rendez-vous depuis l’addition du turbo et la vivacité de la direction rime avec la souplesse de la suspension. Ressentirez-vous les subtils changements que le système GVC Plus induit dans les virages attaqués avec enthousiasme? Pas sûr, mais ils sont là. À moins que ça ne soit la catégorie elle-même qui nuise aux qualités intrinsèques de la 6? Car si les plus conservatrices Honda et Toyota sont championnes des ventes, les beaux efforts de Mazda pour aiguiser le comportement de sa berline ressembleraient alors à des coups d’épée dans l’eau.

Conclusion 86 %

On peut donc reprocher à la 6 son habitacle légèrement étriqué, ses accélérations bruyantes et, tant qu’à faire, ses manières possiblement trop pointues pour la majorité des amateurs d’intermédiaires (du moins ceux qui restent). Bref, l’espace et la tranquillité étant compromis, les clients sages regardent ailleurs, tandis que les pilotes dans l’âme misent plutôt sur le « made in Germany », ce qui laisse la 6 assise entre deux chaises. Dommage.

Forces

Comportement routier stimulant

Consommation bien maîtrisée

Réseau de concessionnaires fiable

Faiblesses

Espace de l’habitacle

Commandes pas toujours évidentes

Mise en marché déficiente